Cette voiture a une histoire peu banale. (Index en page 1)

[Invité §vav358Ba]

pour ceux qui veulent une histoire peu banale d'une famille avec des voitures

http://www.actupus.com/ce-coup [...] ur-grange/

[breizhman44]

posté à la page précédente blondasse

[jensen]

 

 

 

 

 

CADILLAC ALLANTE : Raté…

 

 

 

 

 

 

 

 

Début des années 80...

 

Cadillac, marque de prestige de la puissante General Motors, n'est plus que l'ombre d'elle-même.

 

Alors que 20 ans auparavant n'importe quel Gringo sur cette planète rêvait d'en posséder une (de préférence avec une couleur criarde et de gros ailerons ! ) pour montrer sa réussite, la place a dorénavant été chipée par les constructeurs Allemands !

 

Il faut dire que la marque perdait des parts de marchés depuis la fin des années 60.

 

A force de faire dans le Rococo/baroque les Cadillac devenaient au fil des années de véritables caricatures d'elles-mêmes.

 

 

Une Seville d'avant 1985.

A mi-chemin entre ancien et moderne, baroque et tarabiscoté…

 

 

 

Mal finies, vendues chères à l'exportation, gloutonnes et en fin de compte bien peu performantes compte-tenu des mécaniques cachées sous leur capot la clientèle "aisée" avait finie par bouder une marque à connotation "matuvuesque"...

 

 

C'est pourquoi la nouvelle équipe de direction qui s'installe aux commandes de la firme en 1981 décide de réagir.

 

Le marché du roadster de prestige est verrouillé aux States par les Mercedes SL et autres Jaguar XJS.

 

Ce créneau étant un bon vecteur d'image de marque (et de marges bénéficiaires…) il est décidé de s'y attaquer avec de gros moyens, le but étant de montrer au monde entier que "Cadillac était de retour" !

 

Pour ce faire on fait appel à ce qui se fait de mieux en matière de Design.

Exit les lignes balourdes et surchargées de chromes du centre de style local pour un coup de crayon plus consensuel et surtout plus moderne.

Pininfarina est contacté et répond favorablement à l'appel d'offre.

 

 

Mais en plus du dessin de la voiture on décide à Detroit d'en remettre une grosse louche en accordant une touche d'exotisme chic et choc au futur roadster de la marque : Le faire en partie fabriquer en Italie !

 

Le projet est baptisé Callisto, il se trouve mis sur les rails en 1982 pour une commercialisation prévue initialement en 1985.

 

Concrètement de quoi s'agit-il ?

 

Côté mécanique les américains sont bien fournis et ont disons une "certaine image de marque" dans le monde, celle véhiculé par les fameux V8 US, et ce même s'ils ne sont pas des champions de la puissance au litre et de la sobriété…

 

C'est surtout au niveau du design que les italiens vont mettre au service de la filiale de General Motors leur savoir-faire.

 

Le projet Callisto

 

 

 

On va donc aussi mettre au point un truc assez incroyable : La plus longue chaîne de production de la planète !

 

Il est décidé que :

 

1) Les soubassements seront emboutis et soudés près de Detroit

2) Ensuite chargés dans des camions en direction de l'aéroport local

3) A leur arrivée ils doivent être déchargés et mis dans la carlingue d'un Boeing 747 Cargo en partance pour l'Italie

4) Atterrissage à Turin où ils sont de nouveau récupérés et mis sur des camions en direction de l'usine Pininfarina

5) Mise en place de la carrosserie (en acier galvanisé et aluminium) et pose de la sellerie ainsi que du faisceau électrique

6) Rechargement dans les mêmes camions en direction de l'aéroport

7) "Refourgage" dans le 747 direction Detroit…

😎 Fin de la construction de la voiture avec la mise en place de la mécanique et des trains roulants.

 

6 880km à l'aller et autant au retour…

 

Une chaîne de production de 13 660km, mieux que la grande muraille de Chine !

 

Inutile de vous dire que les coûts de production vont s'en ressentir…

 

 

Retour au bercail pour l'assemblage de la partie mécanique.

 

 

Pour effectuer un tel pont aérien deux compagnies vont être mises à contribution : Alitalia et Lufthansa.

 

Le contrat de transport est signé, chaque appareil devra être spécialement équipé pour un tel convoyage à raison de 56 soubassements ou voitures par rotation, les objectifs de vente étant d'au moins 7000 véhicules par an on table sur 4 avions nécessaires à raison de trois pour Alitalia et un pour Lufthansa qui ira donc jusqu'à commander un appareil tout neuf pour respecter les termes du contrat.

 

 

 

 

Les caisses quittent l'Italie pour Detroit : Serrez dans l'fond !

 

 

 

De retour à Detroit avec le 747 de Lufthansa.

 

 

 

Dès 1984 les ennuis s'accumulent…

En fait la GM ne souhaite pas trop divulguer ses secrets de fabrication (la nouvelle voiture devait étrenner un multiplexage partiel de son faisceau électrique) et on sait aux States les Italiens "sympathiques mais plutôt bavards".

 

Or Pininfarina ne peut pas installer sur les voitures des systèmes dont il n'est pas possible de comprendre le fonctionnement in fine.

 

 

 

Difficile de faire un montage de qualité si tout le monde se fait des cachotteries .  

 

 

 

On va palabrer des mois pour en fin de compte se mettre d'accord : Des ingénieurs US iront en Italie expliquer le fonctionnement du multiplexage aux ouvriers transalpins.

 

Mais Callisto a pris du retard, et une commercialisation pour l'été 1987 est plus réaliste désormais, de toute façon ce contretemps permettra au concept d'être finalisé dans ses moindres détails, il est hors de question à Detroit que la marque se trompe et essuie un nouvel échec commercial !

 

En 1985 on doit changer le nom de baptême de la voiture car Callisto est d'une perception très négative dans certaines langues.

Les ordinateurs crachent leurs nouvelles propositions et Allanté va être retenu.

 

Pourquoi "Allanté" ?

 

Parce que ça donne une consonance "latine" à la voiture (d'ailleurs l'accent sur le "e" est conservé même si les anglophones ne l'utilise jamais) et symbolise par là le côté italien de la nouvelle venue.

 

C'est surtout la carrosserie qui étonne.

 

En fait on passe d'une extrême à l'autre, à savoir l'abandon de lignes tourmentées et franchement lourdes pour un dessin sobre et fluide, presque "Germanique" d'ailleurs.

 

Si le concept passe assez mal lors des réunions à l'Etat-major, les essais cliniques réalisés sur la clientèle potentielle montre que la ligne est très plaisante. (en clair on invite des clients à un buffet dans un grand hôtel où on en profite pour leur montrer la nouvelle voiture dépourvue du moindre logo et entourée de ses concurrentes elles aussi démunies de signes distinctifs et ce pour avoir une idée de l'impact de la future voiture. Ce type de "réunion" est utilisé par tous les constructeurs de la planète)

 

Beaucoup n'arrivent d'ailleurs pas à imaginer qu'il puisse s'agir d'une voiture américaine, aux questions discrètement posées par des spécialistes on lui trouve une origine allemande, japonaise ou italienne !

 

Il faut dire que cette Cad' new look de 4,53 m de long, 1,86 m de large et 1,32 m de haut ne ressemble à aucune autre :

 

-Surface lisses

-pare-brise très incliné

-Calandre fine et discrète

-Équilibre remarquable des volumes

 

 

C'est propre, c'est net !

 

 

 

 

Ça change des Seville fabriquées jusque là !

 

En plus le V8 de 4 100 cm3 développant 170 ch à 4 300Trs entraîne les roues avant !

 

 

 

 

 

Une vraie européenne cette ricaine, et ce même si les productions concurrentes du vieux continent sont des propulsions !

 

Il y aura donc de quoi combler les riches amateurs d'exotisme Californiens qui pourront de nouveau acheter américain tout en cultivant leur différence…

 

 

Moteur transversal, traction avant…

Les USA à l'heure européenne !

 

 

Pour définitivement enfoncer le clou la voiture sera livrée toute équipée :

 

-Boite automatique à 4 rapports

-ABS Bosch à 4 capteurs

-Garantie de 7 ans (dans la limite de 100 000 milles)

-Chaîne Hi-Fi

-Intérieur cuir

-Climatisation

-Tableau de bord digital

-Peinture métallisée

-Jantes alu

-Hard top amovible en aluminium en plus de la capote manuelle en toile

-Sièges Recaro à réglages multiples...etc...etc...

 

La seule option étant le téléphone intégré dans l'accoudoir central.

 

 

Le tableau de bord digital, pas vraiment une réussite !

 

 

 

La voiture est commercialisée dès l'été 1987 au prix de 54 700$ !!!!

 

Pour être clair c'est plus du double par rapport à la Cadillac la plus chère alors au catalogue… (et pour info cela représente grosso-modo 130 000$ "2013" )

 

A ce prix la clientèle a le droit d'être exigeante, et hélas l'Allanté possède quelques défauts :

 

-Un moteur peu puissant générant des performances quelconques

-Un sous-virage prononcé (surtout pour des conducteurs US habitués aux propulsions)

-Une capote manuelle, à ce prix c'est mesquin !

-Un hard-top trop "hard" avec ses 27 kg sur la balance ce qui demande d'être au moins deux pour pouvoir le manipuler sans risques…

-Un tableau de bord façon Star Wars pas toujours lisible selon les conditions de luminosité.

 

 

Le Hard-Top était élégant, mais lourd à manipuler…

 

 

A la fin de l'année (soit 6 mois de commercialisation) 3 363 voitures sont sorties des différentes chaînes de production, c'est un score honorable et conforme aux prévisions mais on oublie de dire qu'il fallait garnir les Show-rooms et fournir des véhicules d'essais tant à la presse qu'à la clientèle.

 

Car en 1988 la direction de la General Motors commence à blêmir.

 

2 569 exemplaires entre le 1er janvier et le 31 décembre…

 

C'est 3 fois moins que prévu, et ce malgré quelques modifications (nouveaux appui-têtes, tableau de bord analogique sur demande et sans supplément).

Devant les engagements pris vis à vis de Pininfarina ou des transporteurs aériens dont les avions spécifiques sont sous-employés il est urgent de réagir.

 

 

L'intérieur avec le tableau de bord analogique.

 

 

En 1989 le V8 est changé par un bloc identique de 4,5 litres développant 200 ch, il permet à la voiture d'approcher les 200 km/h en pointe.

On en profite pour installer à bord une direction à assistance variable et une suspension à réglage électrique.

 

 

Le moteur 4,5 litres.

 

 

Les ventes font un bond à... 3 296 voitures !

 

 

On ne peut pas dire que les chaînes de production seront submergées…

Ici à Detroit pour l'assemblage final.

 

 

 

1990 voit l'installation d'un antipatinage électronique en plus des lave-phares.

3 101 Allanté vendues, pas bézef'...

 

1991 est l'année de Desert Storm, on pardonnera donc au citoyen US d'avoir oublié d'acheter une Cadillac Allanté : Les ventes plongent à 2 500 exemplaires…

 

Le fait que le Hard-Top soit désormais une option rendant la voiture plus abordable "clés en main" ne change rien à l'affaire.

 

 

 

 

1992 sonne le début de la fin du commencement, car avec des ventes qui tombent sous la barre des 2 000 exemplaires (1 931 plus précisément) la messe est dite !

 

La voiture va même bénéficier d'un enterrement de première classe pour 1993 avec l'installation sous le capot du fameux V8 Northstar en avant-première, un bloc de 4,6 litres de 295ch à 4 400Trs qui propulse ce roadster à 225 km/h désormais !

 

 

Sa majesté le Northstar.

 

 

La presse mondiale se fourvoiera en annonçant "la renaissance" de l'Allanté, en fait la GM avait choisie ce modèle déjà condamné au cas où il aurait fallu "essuyer des plâtres" avec une mécanique à la fiabilité éventuellement perfectible (ce qui ne sera pas le cas).

 

Malgré la mise au point d'une capote électrique pour le millésime 1994 par certains ingénieurs de la firme qui croyaient encore au produit le couperet tombe officiellement : 1993 sera le septième et dernier millésime pour l'Allanté...

 

 

Millésime 93 pour l'Allanté, on le reconnait à l'absence de déflecteurs sur les portières.

 

 

Le 28 juillet 1993 le dernier avion est chargé, les Italiens n'arrivant pas encore à réaliser que le beau rêve est fini...

 

Production totale : 21 430 voitures (dont 4 670 avec le V8 Northstar qui a fini par franchement doper les ventes, Mais trop tard…)

 

A aucun moment les objectifs de ventes ne furent approchés, sauf en 1987 mais pour des motifs faciles à comprendre.

 

Je passerais un voile pudique sur les commentaires, tant en Allemand qu'en Italien concernant la virilité douteuse des américains et les manquements à la morale puritaine de leurs mères respectives, et ce au sein des conseils d'administration des deux compagnies aériennes impliquées dans le fiasco.

 

Car quatre Boeing 747 Cargo spécifiquement modifiés que l'on devra transformer de nouveau pour une utilisation plus classique cela se chiffre en millions de Dollars…

Alitalia-Cargo ne s'en remettra d'ailleurs jamais vraiment et cessera toute activité en 2008.

 

La capacité d'emport de 56 voitures imposait des appareils spécialement étudiés pour ce transport, vous imaginez le montant de l'investissement ?

 

 

A l'export la carrière de l'Allanté sera encore plus symbolique :

 

- 98 au Canada, avec feux diurnes et système de démarrage "grands froids".

- 11 au Japon

- 6 en Suisse

- 2 en Autriche

- 5 en Belgique

- 6 en Allemagne

- 1 en Italie (qui retourne sur ses terres en bateau cette fois-ci… )

- 1 à Porto-Rico

- 1 en France

 

Total : 131 voitures, no comment…

 

On cherche encore à comprendre presque trois décennies plus tard comment la GM a pu imaginer rendre rentable une telle "usine à gaz" avec la construction d'une voiture de prestige sur deux continents à la fois !

 

Tour du propriétaire : 

 

 

 

 

 

 

 

Jensen.

 

 

Modifié 17 novembre 2022 par jensen

[noho]

Toujours aussi agréable à lire !

 

Merci encore Jensen

[voltfan]

Vraiment excellent !

Et jolie voiture

[breizhman44]

très sympa

[daniel762]

Toujours aussi intéressant et plaisant à lire !

[Invité §kra162VZ]

j'adore merci Jensen!!

[Invité §MAX512Tj]

Petite correction, Jensen:

Un small block est un v8 de 5.7l et un big block est un v8 de 6.0 ou 6.1l.

[Pierre99]

Avec Sylvester Stallone dans Tango & Cash.

 

http://pics.imcdb.org/13592/snapshot20130502200353.2.jpg

[jensen]

Petite correction, Jensen:

Un small block est un v8 de 5.7l et un big block est un v8 de 6.0 ou 6.1l.

 

 

 

La nuance m'a échappée...

 

Milexcuzes.

[Invité §kra162VZ]

de profil on dirait une Maserati ghibli mais cab

[Invité §san841IB]

 

 

 

 

 

 

 

le mec a mal fermé sa porte

[Invité §Den518ps]

Pensé pareil

[Invité §kra162VZ]

dans la collection il y a une alpine A310 grise en V6 visible , ultra rare au USA car voiture jamais vendu officiellement au USA, surement un sacré collectionneur avec un bon gros porte feuille

[jensen]

Tu parles de la voiture gris clair que l'on voit au second plan à 0,46 ?

 

Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une A310...

 

Elle me parait trop longue.

[Invité §kra162VZ]

tu as raison apres avoir bien regardé, la longueur de la porte et manque la custode sur la porte, par contre l'avant, le style des jante et la couleur, me faisait pensé à l'A310 V6 boite 4 de première génération

[Mouss-35]

c'est resté à l'abandon ici 0_0

[Invité §Gui750kr]

c'est resté à l'abandon ici 0_0

C ce que je me disais aussi

 

Jensen et associés sont en vacances???

[Invité §MR886lJ]

Je suis impatient de lire le prochain épisode.

[Mouss-35]

[h2] Lamborghini: 3ème partie sur 4 [/h2] [h2]

[/h2] [h2] Lamborghini Flying Star [/h2]

http://www.motorlegend.com/images-voiture/edito/editorial-editorial-18739.jpg

http://www.motorlegend.com/images-voiture/edito/editorial-editorial-18740.jpgLa Flying Star constitue le chant du cygne de la carrosserie Touring. Fondée en 1926 par Felice Bianchi Anderloni et Gaetano Ponzoni, cette grande maison habillera de l'immense talent de ses designers nombre de chefs-d'œuvre : Alfa Romeo, Lancia,

Pegaso, Ferrari et Aston Martin. Mais Touring n'est pas uniquement synonyme d'un style à l'élégance suprême. La firme s'est

également rendu célèbre par sa technique Superleggera.

 

Présentée au salon de Turin de 1966, la Flying Star est construite sur la base d'une 400 GT - numéro de châssis 0904 -, dont

l'empattement a été ramené à 2,45 mètres (comme la 3500 GTZ de Zagato). L'originalité de la voiture tient à sa carrosserie bicorps

et à son concept de break de chasse à deux places. L'espace arrière est entièrement dévolu aux bagages, tandis que le hayon

intègre la lunette. Mais le poste de pilotage est traité de manière très sport. D'une grande pureté, le design de la Flying Star fait

appel à des surfaces lisses dépourvues de fioritures - une constante de l'art de Touring.

 

C'est avec la Flying Star, qui reprend une appellation de la carrosserie Touring célèbre dans les années trente, que s'éteint l'un

des plus grands carrossiers de l'histoire de l'automobile.

 

 

http://www.motorlegend.com/images-voiture/edito/editorial-editorial-18741.jpg

http://www.motorlegend.com/images-voiture/edito/editorial-editorial-18742.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mouss'

 

PS: Je sais y en à certains, ils vont me dire "c'est pas vraiment le sujet du topic" et bah tant pis.

[jensen]

 

 

 

ARBEL SYMETRIC : LA BONNE BLAGUE !  

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est au printemps 1951 qu'un engin bizarroïde est présenté à la presse par Mr Casimir Loubières.

 

Cette voiture, baptisée Symétric et mise au point par La Compagnie Normande d'Etudes, paraît vraiment sortir des sentiers battus et semble préfigurer un nouvel avenir pour l'automobile des années 50 et 60.

 

 

Assez inattendu à l'époque des Hotchkiss et autres Traction Citroën…

 

 

En effet, son allure de "tonneau sur roues" semble lui garantir une habitabilité exceptionnelle.

 

Elle doit son nom à la parfaite symétrie de ces éléments de carrosserie d'ailleurs interchangeables (hormis les faces avant et arrière).

 

 

 

 

L'architecture de cette auto lui permet de disposer de portières qui se séparent verticalement en deux à l'ouverture et qui glissent chacune dans la carrosserie au moyen de ressorts de rappel et de roulements à billes (la partie vitrée glisse vers le toit et la partie inférieure disparaît dans le plancher).

 

Très novatrice, cette voiture avait tout du "délire d'ingénieur"...

 

 

Mais ce n'est pas tout !

 

L'attrait supplémentaire de ce prototype réside aussi dans son mode de propulsion.

 

Adieu le couple moteur-boite de vitesses et leurs lots de cardans et autre différentiel pour un simple moteur 1 100 cm3 de Simca 8 tournant à régime constant entraînant une dynamo de forte puissance distribuant son électricité à quatre moteurs installés dans les roues !

 

 

La Simca 8, qui donnera son moteur à "la chose"... 

 

 

En fait ce système (appelé de nos jours "moteurs-roues" ) n'est pas une nouveauté même en 1951...

 

Dès la fin du XIXème siècle un certain Ferdinand Porsche avait déjà constaté qu'une voiture 100% électrique n'avait que peu de chance d'avoir un débouché commercial sérieux compte-tenu de sa faible autonomie et du poids des batteries embarquées.

 

Il sera donc à l'origine de la Lohner-Porsche, première voiture hybride pétroléo-électrique de l'histoire avec ses deux moteurs électriques installés dans les roues avant.

 

 

Une Lohner-Porsche 1901, exposée lors du Salon de Francfort 2011.

 

 

Plusieurs modèles seront produits avec cette technologie mais cette dernière, trop chère et surtout beaucoup trop lourde, ne connaîtra pas le succès.

 

Pour Camille Loubières par contre les choses vont encore plus loin, car en plus de cette technologie hybride de propulsion il s'attaque également au freinage avec un système faisant des moteurs électriques des générateurs-ralentisseurs dès le lever de pied (la Symétric n'a qu'une pédale en fait) et ce jusqu'à la vitesse de 15 km/h, après quoi un système classique de freins à tambours installés sur les roues arrières intervient automatiquement.

 

On a donc devant nous un véhicule que l'on peut qualifier de novateur, même si tout n'est pas parfait loin de là !

 

On s'interroge à juste titre sur l'efficacité du freinage à grande vitesse, sur la suspension à base de blocs de caoutchouc sans amortisseurs plus originale qu'efficace, sur l'accessibilité en fin de compte médiocre car si les portes escamotables permettent de s'installer à bord coiffé de son chapeau (argument massue à l'époque !) la place pour y glisser les jambes est trop faible (les portières n'ont ici aucun décrochement sous le tableau de bord)…

On ne peut non plus passer sous silence la complexité du système de leur ouverture et ses chances de fonctionner après un choc.

 

Des contacts sont pris pour une production en série de la Symétric mais, sans doute trop novatrice, les débouchés éventuels sont tous marqués du sceau de l'échec…

 

Il faudra attendre sept ans et donc l'année 1958 pour voir revenir la voiture sur le devant de la scène.

 

 

Mars 1958, la Symétric modernisée avec un look très américain, le must de l'époque !

 

 

En mars de cette année la Symétric se trouve en passe d'être officiellement commercialisée par la société Parisienne ARBEL.

 

Visiblement ses dirigeants veulent frapper un grand coup et secouer le petit monde "de l'automobile à Papa" puisqu'ils ne reculent devant rien lors de leurs déclarations à la presse :

 

-Installation d'une usine à proximité de Nice

-Acquisition imminente d'une compagnie de taxis parisiens pour donner une vitrine internationale aux voitures produites.

-Divers modes de propulsion : Moteurs classiques de 50 à 75 ch à essence, générateur statique Génestagaz voire Génestatom à base de déchets nucléaires assurant à la voiture une autonomie d'au moins 5 ans !

 

Le châssis-poutre et son moteur… Atomique !

 

 

N'étant plus à une énormité près les dirigeants de l'entreprise assurent même qu'une Symétric participera aux 24 heures du Mans 1959.

 

Vous aurez compris ici mes chers neveux que nous vivons maintenant en pleine science-fiction et que la société ARBEL tient plus du repaire de farfelus (si ce n'est d'escrocs) qu'autre chose…

 

 

Les prospectus faisaient rêver, il faut dire qu'ARBEL a tout fait pour…

 

 

 

La voiture de l'an 2000, au moins !

 

 

 

D'ailleurs la voiture exposée dans la foulée au Salon de Genève 1958 est décrite comme disposant d'une carrosserie en Polystic, d'une suspension Thermogum, d'une transmission Electric-Drive en plus bien entendu de son générateur atomique !

 

Bref, heureusement, il paraît que le ridicule ne tue pas.

 

Il y avait pourtant du bon dans cette voiture, et même si tout cela était englué dans des noms tous plus ronflants et ridicules les uns que les autres il est utile de les mentionner ici komme même :

 

-Châssis à poutre centrale tubulaire faisant fonction de réservoir de combustible

-Compteur de vitesse transparent disposé au centre du tableau de bord

-Lave-glace se remplissant avec l'écoulement de l'eau de pluie

-Entourage fluorescent des serrures de portières

-Eclairage latéral de la voiture s'allumant au passage des croisements (ne me demandez pas comment… )

-Cric automatique

 

 

La version taxi avait droit à des pare-chocs de locomotive pour circuler dans la jungle urbaine…

On voit très bien ici le compteur de vitesse sur le tableau de bord, préfigurant les systèmes HUD actuels dérivés de l'aéronautique.

 

 

Concernant la conduite les choses semblent plus claires avec la présence d'une pédale de freins "classique" qui met en service l'inversion du sens d'alimentation des moteurs de chaque roues, les freins à tambours arrières n'entrant toujours en action que pour immobiliser la voiture à petite vitesse.

 

Dès la fin du Salon et de son battage médiatique les choses reviennent à la normale, la société ARBEL se bornant à assurer qu'une centaine de voitures à moteur classique seraient produites durant l'année.

 

Pourtant tout ne reposait que sur du vent…

 

Cette entreprise n'avait ni les finances ni les locaux nécessaires pour assurer ne serait-ce que la production d'une dizaine de voitures, et encore !

 

Très vite l'ARBEL Symétric disparaîtra corps et âme du paysage, tout comme d'ailleurs les arrhes versés par les quelque naïfs convaincus par un somptueux catalogue édité en Français et en Anglais vantant les qualités incroyables d'une voiture à propulsion… Nucléaire !

 

 

Adieu l'ARBEL, trop novatrice pour être honnête !

 

 

Et le pire c'est que personne ne doutait de la possibilité de rouler avec un tel véhicule sur nos routes, or il aurait déjà fallu une autorisation des autorités gouvernementales.

 

C'était une autre époque où les gens, moins cultivés et surtout bien moins informés que de nos jours, étaient prêts à tout croire…

 

"On n'arrête pas l'progrès" comme on disait à l'époque !

 

 

 

Jensen

 

 

 

Modifié 15 novembre 2022 par jensen

[Mouss-35]

c'est surtout très moche

 

ravi de te revoir Jensen, toujours aussi bon.

[Invité §sti325cL]

S'il y a eu un scandale "ARBEL" (un grand procès en escroquerie, c'est vraiment le nom qu'il faut employer dans ce cas-là), eh bien sa notoriété n'est pas parvenue jusqu'à nous.

 

Et puis à l'époque "combustible nucléaire" (même un sous-produit) ne semblait pas être lié dans la culture commune à "radioactivité mortelle..."

[jensen]

Ouais et puis il n'y avait pas BFMTV et I-télé pour faire tourner l'info en boucle 24/7.

[Invité §Ext357ch]

Le truc qui m'a le plus "choqué" c'est la différence de proportionnalité du toit dans les dessins puis dans les photos !!!

[jensen]

C'était nécessaire pour y loger les demi-portières je pense.

[Invité §sti325cL]

Je parie qu'on ne sait pas ce que c'est devenu par la suite ARBEL après leur malversation...

[jensen]

Je n'ai rien du tout les concernant...

 

Une telle histoire n'était pas une première pourtant, il y avait déjà eu "Dolo" en 1946/47, un "entrepreneur" qui avait fait fortune en encaissant les acomptes des clients avant de disparaître...

 

Il faut comprendre qu'à l'époque les gens étaient plus crédules que de nos jours, les délais de livraisons des constructeurs "établis" se comptaient en mois si ce n'est en années (il y avait 5 ans de délais pour les premières 2cv) et le besoin en voitures énorme (nous sommes dans l'après-guerre et les véhicules survivants sont dans un état souvent lamentable)...

 

Il suffisait qu'un type se pointe avec un bagout de camelot de foire pour que pas mal de gens prennent le risque de lui faire confiance.

[Invité §Ark214QU]

'tin on nage en plein FALLOUT avec l'ARBEL

[Terisonen]

La SNCF s'était même posée la question de la propulsion nucléaire. Mais ca avait très vite avorté...

[Invité §kra162VZ]

hallucinant, merci Jensen je ne connaissais pas cette histoire

[Invité §s2d370qs]

Moi je dis faut se méfier des constructeurs automobiles proposant des trucs tres novateurs et basés à proximité de Nice...

 

 

Merci pour cette histoire, je n'en avait jamais entendu parler.

[daniel762]

J'avais déjà entendu parler de le chose, mais cette histoire me plaît toujours autant. Surtout quand elle est si bien racontée et illustrée...

[Invité §8ur000Xm]

Merci Jensen