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Après guerre (1945-1971)

[Topic officiel] Hino 4CV (1953-1963) : La Renault 4CV du Soleil Levant


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La 4cv... :lover:

 

 

Tout le monde en connait plus ou moins l'histoire. :oui:

 

Étudiée dès octobre 1940 par deux ingénieurs de Renault, Messieurs Picard et Serre qui avaient dès cette sinistre époque envisagés une petite auto bon marché pour l'après-guerre, elle sera mise au point au plus fort de l'occupation Allemande au nez et à la barbe des autorités de l'époque et, c'est du moins ce que l'histoire a retenue, à l'insu de Louis Renault lui-même qui ne croyait pas à l'automobile populaire (mais on est désormais à peu près certain que ce dernier était parfaitement au courant de ce qui se tramait dans son usine et que, contrairement à ce qui fut affirmé après son décès, il n'était pas du tout défavorable au projet :o ).

 

Présentée au Salon de Paris 1946 avec son quatre cylindres arrière de 760cm3 et 18cv, celle que l'on surnommera "la motte de beurre" du fait de sa couleur de présentation jaune (en fait un vieux stock de peinture pour engins de combat de la Wehrmacht laissé par l'occupant lors de son "départ précipité" et réutilisé pour cause de restrictions... :W ), va faire dès 1948 les beaux jours de centaines de milliers de Français qui vont grâce à elle découvrir les joies de l'automobile populaire.

 

 

 

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Plus nerveuse et "plus voiture" qu'une 2cv Citroën contemporaine la "Quatche" va connaître une fort belle carrière qui ne s'achèvera chez nous qu'en 1961 après la sortie de 1 105 547 exemplaires des chaînes de Billancourt et de Flins, elle sera d'ailleurs la première auto Française à franchir le cap du million d'unités produites. :jap:

 

 

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On sait moins, franchouillards que nous sommes, que cette petite bestiole connaîtra un débouché certain à l'export : L'Europe bien sur mais aussi les USA (vendue trop chère sur ce marché, moins de 6 000 exemplaires y trouveront preneurs), Le Proche-Orient ou l'Argentine par exemple. :oui:

 

Dès le tout début des années 50 la Régie tente de commercialiser sa petite auto au Japon mais les choses sont compliquées, pourquoi ? :??:

 

Tout simplement parce que le pays du soleil levant cumule alors les problèmes :

 

-Totalement anéanti à la fin de la guerre (et même irradié... :sic: )

 

-Sous la coupe des forces Américaines qui lui empêche d'avoir une armée voire même une diplomatie.

 

-Possédant un réseau routier de très mauvaise qualité, car en plus des dégâts du conflit il n'a jamais été autre chose qu'une succession de pistes étroites en dehors des grandes villes.

 

Pourtant présent depuis les années 20 sur l'archipel Renault n'y a guère vendu ses autos de prestige qu'au compte-gouttes, entre des droits de douane exorbitants et la pauvreté globale de la population de l'époque les marges de manœuvres y étaient inexistantes.

 

Les choses changent vers 1950, les responsables Nippons n'ayant guère à l'instar de l'Allemagne que "la fuite en avant technologique" pour s'en sortir ils décident de mettre le paquet sur l'industrialisation du pays afin de se sortir du marasme ambiant.

 

Des contacts sont pris entre les constructeurs automobiles occidentaux et les autorités Japonaises en vue de réaliser des joint-venture et de combler le retard technologique du pays voire, sur le long terme et de manière confidentielle, d'exporter massivement et de faire entrer un nombre conséquent de devises. :miam:

 

Pour l'instant l'essentiel pour les cadres locaux est "d'apprendre", ce qui explique le maintient de droits de douanes très élevés, et l'on fait vite comprendre à Renault que si les Français souhaitent y vendre leur 4cv, qui effectivement intéresse au plus haut point le pays, il va falloir la produire sur place ! :oui:

 

 

Des contacts sont pris avec un petit constructeur local : Hino.

 

Qui est-il ? :??:

 

Ses origines remontent au début du vingtième siècle avec la Tokyo Gas Company qui souhaite se diversifier et qui présente un petit camion en 1917 sous la marque TGE.

La firme périclite et fini par fusionner avec d'autres petites entreprises du secteur en 1937 pour devenir la Tokyo Automobile Industry Co. puis en 1941 la Diesel Motor Industry Co. et enfin la Hino Heavy Industry Co. dès l'année suivante. :bah:

 

Elle assemble quelques engins chenillés durant le conflit mais se spécialise surtout dans la fabrication de lourds moteurs Diesel marins pour la Marine Impériale.

 

Interdite de production à l'issue du conflit la firme devient la Hino Diesel Industry Co. en 1948 et se remet à fabriquer des camions de petits tonnage qui participent à la reconstruction du pays.

 

Pressentant l'explosion des ventes automobiles dans l'archipel à moyen terme les dirigeants de la marque souhaitent signer avec un grand constructeur occidental afin de combler leur inexpérience en la matière.

 

C'est donc notre Régie Nationale qui se présente avec un produit très adapté à la situation locale :

 

-Quatre portes

 

-Petite et légère pour circuler partout et passer des ponts ne supportant pas les tonnages "occidentaux"

 

-Maniable pour circuler dans les petites ruelles des villes locales (les Américains font rire tout le monde sur place avec leurs paquebots... :ddr: )

 

-Très simple de conception et aisée à fabriquer même par des ouvriers sans grande expérience.

 

Bref la 4cv semble l'idéal pour le Japon des années 50 ! :bien:

 

Accessoirement les femmes étaient aussi visées par la voiture, de nombreuses publicités locales les installent au volant. :oui:

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Un contrat est signé et il comporte de nombreuses clauses :

 

 

-Début de production pour 1953, avec des pièces provenant de France pour un montage local en CKD concernant 2 000 exemplaires.

 

 

 

Modèle du début de production, avec la calandre à trois barrettes.

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-2 400 voitures à produire pour 1954 avec au moins 25% de pièces fabriquées localement et 3 600 exemplaires annuels à partir de 1955.

 

Chacun constatera que nous sommes encore très loin des cadences infernales ! :p

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-Passé le cap des 12 000 autos construites 75% des pièces devront être de facture locale.

 

Le succès sera au rendez-vous, même si les chiffres de production nous paraissent bien modestes de nos jours...

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A l'intérieur peu de différences hormis une finition irréprochable et un volant à droite, Japon oblige !

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Au début les voitures sont strictement identiques aux 4cv Françaises mais très vite Hino va modifier sa production pour l'adapter aux habitudes locales et surtout aux désirs de sa clientèle, notamment celle des chauffeurs de Taxis très vite emballés par la petite auto ! ;)

 

 

La 4cv Hino sera la favorite des compagnies de Taxis locales, et ce durant de longues années.

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Les trains roulant sont totalement revus et corrigés, améliorant le comportement routier d'une voiture "réputée" pour sa tenue de route disons... Spéciale ! :roll:

 

 

 

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Les pare-chocs d'origine bien trop fragiles sont renforcés, la lunette arrière agrandie, l'orifice de remplissage du carburant situé sous le capot migre à l'extérieur, les clignotants passent à la taille XXL et surtout la calandre devient assez rapidement spécifique aux modèles assemblés au Japon.

La lunette arrière sera rapidement agrandie sur la version Japonaise, et ce ne sera pas plus mal !

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Le bouchon de remplissage de carburant, sans doute plus voyant que sur les versions hexagonales où il était sous le capot, mais au moins le pompiste novice ne risquait-il pas de "faire le plein" en dévissant le bouchon du radiateur situé au centre du motif ailé !

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Mais c'est la qualité globale de fabrication qui fait la différence et il n'y a pas photo : Lors des comparatifs la version Française fait camelote en comparaison de la Hino ! :lol:

 

On pourrait se dire que les Français vont pouvoir bénéficier de la désormais compétence Japonaise mais pourtant il n'en sera rien car en fait le torchon brûle depuis un petit moment entre les deux constructeurs... :o

 

Dès 1955 les Japonais vont montrer qu'ils ont une conception "assez personnelle" des accords signés, modifiant la voiture sans en informer la Régie, limitant le versement des Royalties au prorata des pièces expédiées depuis la France puis décidant unilatéralement d'exporter "leur" 4cv sur tous les marchés asiatiques qui leur ouvriront la porte, ce à quoi les Français rétorquent qu'ils sont parfaitement capables d'y distribuer leur auto là-bas et qu'ils n'autorisent donc pas Hino à le faire.

 

 

Je ne sais pas pourquoi, mais le poing levé et les yeux rieurs de cette mignonne Nippone me fait imaginer qu'elle pense que... "Aujourd'hui on conduit vos voitures mais bientôt on va vous la mettre, et bien profond en plus !" :D

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Afin d'adoucir la situation ils proposent à leur remuant partenaire la fabrication locale de la future Dauphine à la condition qu'ils respectent les termes du contrat initial, ce que les Nippons semblent accepter.

 

En 1957 la totalité des pièces composant la 4cv sont fabriquées sur place et Hino estime toujours unilatéralement ne plus rien devoir à Renault et décrète la cessation du versement des Royalties... :pfff:

 

Chez nous Pierre Dreyfus, qui a succédé à Pierre Lefaucheux après son décès accidentel en février 1955, en prend acte et préfère déchirer le contrat.

 

Cela n'empêchera nullement Hino de continuer la production de la 4cv jusqu'en 1963, année où le dernier des 34 853 exemplaires sort des chaînes de montage.

 

 

Contrairement à "notre" 4cv, la Hino conservera jusqu'au bout ses jantes démontables en étoile.

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L'aventure ne s'arrête d'ailleurs pas là puisque Hino remplace son modèle initial par la Contessa, une fort jolie voiture dessinée par l'Italien Michelotti et qui sera déclinée en plusieurs versions toutes dotées de la base mécanique de la 4cv !

 

 

 

La Contessa, une sorte de "Super 4cv" dessinée par Michelotti.

La version Coupé touchera même un 1300cm3 de 70cv à la fin de sa carrière.

Quand on pense que la base mécanique restait celle de la 4cv d'origine... :siffle:

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En 1967 le PDG de la marque décède et Toyota fait alors une OPA hostile sur Hino qui passe dans l'escarcelle du géant en quelques jours.

 

Dès 1968 la firme est réorganisée, elle cesse définitivement la fabrication des automobiles particulières pour devenir le label Poids-Lourd de Toyota, chose qu'elle est encore de nos jours. :jap:

 

 

Les camions Hino, très répandus dans le monde entier.

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Les 4cv Hino ont laissées un excellent souvenir aux Japonais (un peu moins aux dirigeants Français...), qui en gardent l'image d'une petite auto increvable et fort bien étudiée.

 

La "Tortue" (son sympathique surnom là-bas) est désormais une auto très prisée en collection sur l'archipel. :sol:

 

 

 

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Et Renault alors ? :o

 

Notre firme restera présente sur le sol Nippon sans interruption depuis lors, mais avec des voitures fabriquées chez nous et qui devront donc s'accorder avec les importants droits de douane locaux et des postures plus ou moins protectionnistes...

Inutile donc de dire que rarement plus de quelques centaines d'autos y seront immatriculées annuellement, sauf depuis quelques temps ou notre Kangoo semble avoir trouvé la voie du succès, les Bobos Tokyoïtes ne jurant que par lui à priori. :D

 

Quand à Hino la maison-mère a tenté au début des années 70 de commercialiser ses poids-lourds en Europe, en particulier en Hollande mais aussi en France ! :jap:

 

 

 

On verra quelques dizaines de moyens-tonnages "Hino" en France, par contre les Maxi-Codes comme celui-ci resteront exceptionnels, pas plus d'une trentaine d'exemplaires seront importés.

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Tout cela se soldera par un échec assez cuisant sauf en République d'Irlande qui d'ailleurs autorisera avec succès la construction sur place d'une usine de montage dès 1968.

 

Les camions Hino sont donc toujours très répandus de nos jours dans ce pays et plus globalement au Royaume-Uni.

 

 

On en croise parfois chez nous en semi-frigorifique avec des plaques Irlandaises. :oui:

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La 4cv Hino restera emblématique d'une Nation à terre à la fin des années 40 et qui, à force de volonté (et de quelques coups tordus...), a réussi à devenir en moins d'un demi-siècle l'une des plus grandes puissance économique de la planète.

 

A l'heure de la Toyota Prius 4 et de la Nissan GT-R il n'est peut être pas idiot de songer que presque tout a commencé au Japon par... La 4cv !

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Mise en route :

 

 

Le bruit est le même mais le paysage plutôt différent... :

 

 

 

 

:coucou:

 

NB : Cette histoire est issue du topic suivant : Cette voiture a une histoire peu banale. (Index en page 1)

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Article très intéressant Jensen. J'ai adoré le lire.

 

De mémoire, il y avait un article sur cette 4cv nipponne (qui s'appelait la Yan Tsé Vi je crois) dans Gazoline il y a … vingt ans, et un exemplaire était présent au Mondial de l'Automobile (2010?)

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