Invité §Mar842mo 15 mars 2006 Signaler 15 mars 2006 Superbe passage sur les guerres indiennes J'y ai beaucoup étudié, et j'avais jamais vu de photos de l'endroit (actuelle j'entends), donc c'est vraiment du bonheur Pour compléter, pour ceux que ça intéresse, son régiment et Custer lui-même a été massacré par sa faute: déjà il a désobéi au commandement lui ayant ordonné de ne pas chercher l'affrontement avec les Lakota/Cheyenne/Arapaho et surtout, les forces été très inégal dès le départ. Le ratio était suivant les considérations de 2 à 5 fois moins de soldats, d'où la victoire sans problème des Indiens. On appelle aussi cette bataille "Custer's Last Stand", toute une image ... Donc voilà, comme tu l'as dit, juste pour se venger, ils font un massacre à Wounded Knee, qui d'ailleurs met fin aux guerres indiennes totalement ainsi qu'à la vie des chefs guerriers restants (cf Sitting Bull). Je me rappelle d'une très belle photo, d'une très belle oeuvre commémorant le massacre à Little Big Horn. Je l'ai retrouvé: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/c/c3/Little-bighorn-memorial-sculpture.jpg Tu l'as pas aperçu ? Effectivement , et tout cela est mis en scène dans le très beau film "Little Big Man" , Custer ayant refusé d'écouter les conseils d'un indien Pawnee avant Little Big Horn...
Invité §A3t344Hd 15 mars 2006 Signaler 15 mars 2006 Quant on pense qu'on a massacré ces indiens et flingué tous les bisons....
Invité §Ove316RP 15 mars 2006 Signaler 15 mars 2006 Arrêt curieux pour observer de près des terriers de marmottes des plaines. Par ici, on les appelle des "prairie dogs". Quand elles se dressent sur leur derrière, c'est qu'elles sont attentives (pas au point de s'intéresser à l'électronique de la navette Challenger mais presque). http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/prairie_dog1.jpg De petits couinements aigus annoncent un danger ou une intrusion (ça doit revenir au même). Et justement, j'ai de drôles de couinements dans mon dos ! Assis par terre, je réalise que j'ai, sans aucune préméditation, dépassé une entrée de terrier affleurant à peine l'herbe très rase. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/prairie_dog2.jpg La piste requiert une certain prudence, car on peut considérer qu'elle offre une adhérence nulle, et j'ai l'impression pas toujours agréable de conduire une voiture aux pneus lisses sur une piste de bowling. Rapid City. Je commence à réaliser pourquoi on rencontre une telle quantité de motos, et uniquement des Harley de surcroît : il se prépare un grand week-end festif sur ce thème et plusieurs centaines se sont déjà rassemblées. La réalité ne m'apparaîtra que le lendemain en fait, lorsque j'aurais compris qu'il ne s'agit pas d'un week-end, mais d'une semaine entière, dans toute la région, et qu'on est donc en présence probable de plusieurs milliers de motards ! Après tout, Rapid City n'est qu'à un jet de caillou de Sturgis, le point de rassemblement incontournable de ces amateurs. Je n'avais pas fait le rapprochement. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_5.jpg En ville, ils sont partout ! Par deux, six ou huit, leurs borborygmes creux et trépidants rebondit en permanence dans les rues, à chaque carrefour, dans chaque station-service ! Et leur tenue vestimentaire se compose d'abord d'un pantalon de cuir noir, ensuite au choix, d'un t-shirt de la marque ou d'un blouson noir, avec ou sans manche, de préférence généreusement clouté. Les plus élégants possèdent même de longues franges en lacet de cuir. Et tous arborent un bandana autour du cou ou vissé sur le crâne, en tout cas pour ceux, nombreux, qui n'ont que la peau sur l'occiput. A se demander comment ils font pour aller bosser dans un bureau avec une telle dégaine ! Personne ne leur prête attention, passés les 100 premiers. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_4.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_3.jpg Au bout d'un moment, ça commence franchement à me titiller les nerfs (moi et les motos… sans compter le bruit…) et je grimpe dans les forêts de sapins à flanc de montagne pour rallier Keystone, dernière étape avant le Mont Rushmore. Keystone, c'est une seule rue, de 300 mètres de long environ, très commerçante puisque la proximité de leur Mont national sert évidemment de prétexte pour un grand nombre de boutiques de souvenirs. Eh bien, c'est dix fois pire ! Il y a tellement de motos qu'elles sont rangées en épi tout au long de la rue, de chaque côté ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/keystone.jpg Les quelques voitures qui arrivent là-dedans, au pas, sont gracieusement priées d'aller se parquer plus loin, sur une aire aménagée au-delà. D'ailleurs, ça n'empêche pas d'y retrouver une ou deux centaines de motos qui n'ont pas eu la place de se garer avec leurs copines ! Foudroyant ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/keystone2.jpg Quant aux touristes ou photographes, en bref des gens de mon style, c'est bien simple, il n'y en a pas. Les touristes américains ne font ici que passer, en direction du… mais je l'ai déjà dit. Et le reste des représentants du genre humain semble définitivement blasé ou passe son temps à discuter mécanique, effets de peintures psychédéliques ou autres points cruciaux. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_6.jpg J'ai donc toute la place qu'il faut pour "réaliser des instantanés" comme on disait, sans savoir qui saluer ou remercier parmi les 97,5% des badauds et flâneurs qui ont le look Harley. Tout le monde s'en fout.
friendly45 15 mars 2006 Signaler 15 mars 2006 Arrêt curieux pour observer de près des terriers de marmottes des plaines. Par ici, on les appelle des "prairie dogs". Et de ce coté ci de l'Atlantique, on appelle ça des chiens de prairie . C'est le nom générique de plusieurs familles de rongeurs des plaines et plateaux Nord Américains. Toujours aussi interessant ce post...
Invité §cou800mt 16 mars 2006 Signaler 16 mars 2006 Je me permets de revenir un instant sur les indiens. Quand on visite Monument Valley et qu'on y arrive par la route venant du Grand Canyon NP, on se rend compte de la signification exacte du terme : réserve indienne. Il s'agit de vastes étendues, de préférence arides, entourées par des barbelés et peuplées de trailers (ces sortes de caravanes résidentielles) défraîchis et de vieux pick up rouillés. Les indiens bossent dans les stations-services, les supermarkets, etc ou vendent, pour survivre, de l'artisanat local le long des routes. Roulant par là, j'ai souvent repensé à cette phrase célèbre d'un chef indien, reprise dans le GDR, qui dit à peu près ceci : "Quand vous êtes arrivés (les blancs), nous avions la terre, vous aviez la bible. Vous nous avez dit : fermons les yeux, prions ensemble. Quand nous avons rouvert les yeux, nous avions la bible, vous aviez la terre ...". Très beau topic
friendly45 16 mars 2006 Signaler 16 mars 2006 Je me permets de revenir un instant sur les indiens. Quand on visite Monument Valley et qu'on y arrive par la route venant du Grand Canyon NP, on se rend compte de la signification exacte du terme : réserve indienne. Il s'agit de vastes étendues, de préférence arides, entourées par des barbelés et peuplées de trailers (ces sortes de caravanes résidentielles) défraîchis et de vieux pick up rouillés. Les indiens bossent dans les stations-services, les supermarkets, etc ou vendent, pour survivre, de l'artisanat local le long des routes. Très beau topic Petite parenthèse également : Pour mieux connaître le mode de vie des Navajos et retrouver l'ambiance décrite par Couplus, jetez un oeil à un roman de Tony Hillerman. Divertissant et instructif... http://www.tonyhillermanbooks.com/images/gallery/burgerking27.jpg
Invité §A3t344Hd 16 mars 2006 Signaler 16 mars 2006 C'est quand même un pays délirant les EU, plus je vois tes photos plus j'ai l'impression d'être sur une autre planète.
Invité §nic226zc 16 mars 2006 Signaler 16 mars 2006 C'est quand même un pays délirant les EU, plus je vois tes photos plus j'ai l'impression d'être sur une autre planète. Ah ça oui c'est pas uniquement un peuple de décérébrés comme un certain anti-Américanisme primaire en France veut bien le laisser croire
Invité §Ove316RP 16 mars 2006 Signaler 16 mars 2006 Un quart d'heure plus tard, une pente raide s'évase brusquement en accédant au péage du Mont Rushmore. Pas bête, ils l'ont placé juste avant le dernier piton rocheux qui permettrait de voir le monument de loin. Tout à fait un péage d'autoroute, en plus petit quand même : il n'y a que huit guérites, et ça défile. La Golden Eagle est refusée, tout comme ma carte de crédit que je m'obstine à leur présenter, juste histoire de les embêter : $8 pour considérer de loin un monument national, c'est un peu comme payer 60 francs (je devrais dire 10 euros !) pour approcher à 500 mètres de la Tour Eiffel ou de l'Etoile ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/rushmore_1.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/rushmore_2.jpg D'emblée, mais sans grosse surprise, le coin apparaît comme très-très mercantile. N'empêche, je suis content d'être venu voir cela en vrai, cette chaussée de granit, bordée de piliers avec le drapeau de chacun des Etats, menant tout droit face à la montagne. A vrai dire, le site n'est pas immense, ce qui rend peut-être encore plus sensible l'incessant piétinement des visiteurs. Et la boutique de souvenirs présente, elle, une superficie de galerie marchande ! Bien conçu, le parking souterrain sur deux niveaux, sans compter les emplacements extérieurs. Très bien pensée, l'idée d'une famille américaine de se prendre en photo au Mont Rushmore, sans flash, dans le parking souterrain… non loin d'une moto peinte comme Jennifer(*). http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/bike_checkered.jpg (*) L'auteur a longtemps possédé une Simca Aronde P60 jaune hurlant à toit en damier, affectueusement prénommée Jenny ou Jennifer http://www.paris.web66.com/toureiff/jenny.jpg Puisqu'on en parle beaucoup dans la région, et dûment mis en garde par le Guide du Routard, je vais ensuite à l'équivalent indien, Crazy Horse. C'est en 1948 qu'un gentil rêveur désargenté (on rappelle qu'il est arrivé là avec $175 en poche et beaucoup-beaucoup de persuasion) entreprend de sculpter la montagne à la gloire des indiens, en opposition à la prédominance de plus en plus manifeste des visage-pâles. Ca commence pas trop mal, et pendant quelques années, les travaux amènent un flux non négligeable de pionniers et de souscriptions. Quand même, on dirait que les héritiers d'aujourd'hui ne possèdent pas autant le feu sacré, car le rythme s'est considérablement amoindri… et pour distinguer dans le lointain la future sculpture, on a franchement intérêt à s'en faire préalablement une idée à l'aide la grande maquette exposée. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/crazy.jpg Sachant cela, je râle ouvertement en mauvais anglais quand on me refuse (évidemment !) la Golden Eagle. Comme il y a moins de files qu'au Mont Rushmore, mes protestations créent vite un petit bouchon. Levier de vitesse verrouillé sur la position parking, j'entreprends d'expliquer et d'argumenter les clowneries qui me passent par la tête : • on m'a dit, au Mont Rushmore… • ah non ! permettez-moi d'affirmer que pour une fois, c'est moi qui ai raison… vous ne pouvez pas dire le contraire ! (il n'a pas encore ouvert la bouche) • c'est dans mon guide… une seconde, je cherche la bonne page… • oups ! c'est pas dans celui-là, mais là je vais vous trouver ça vous allez voir… Le pauvre ranger prend tristement conscience du déploiement abondant de ma documentation et que, à proche échéance, je vais vouloir étayer mes affirmations en tentant de joindre son propre sénateur au téléphone. Avec beaucoup de bon sens, il se résout à me laisser passer à l'œil. Cool ! Très belle galerie-musée en bois de pin, clair et chaleureux. Des tas d'objets indiens exposés aux murs et sous vitrines, dans de grandes salles qui se commandent mutuellement et où il fait bon flâner. Un peu comme un immense living-room multiple et sans tapis dans un chalet de montagne pour milliardaire. Les touristes sont bêtement agglutinés dans la cafeteria, ce qui m'arrange bien en fin de compte. A part ça, on va peut-être attendre 50 ans ou plus avant de revenir, voir où ça en est… Custer, pour m'évacuer au Wyoming et dormir tranquille, à l'écart de ces flux populaires. Mais la rue principale est pleine de Harley, là encore ! Affolant. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/bike_2.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_7.jpg Tant pis, j'en profite pour faire un break et dîner, d'une excellente pizza (j'ai choisi la plus petite, j'ai bien les standards américains en tête) que je fais garnir d'ananas, de cœurs d'artichauts et de saucisson italien. Pour mouiller la gorge, fait rare puisque je conduis pratiquement en permanence, je m'autorise une Red Dog. Instant savoureux de totale décontraction devant un bon repas. L'autre côté de la médaille, c'est que je me retrouve avec un soleil ultra-éblouissant une demi-heure plus tard : je n'arrive pas à distinguer l'accotement herbu de la chaussée à cinq mètres et c'est une route rapide limitée seulement à 110 (65 miles) ! Je finis, des cercles violacés et roses me dansant devant le visage, par échouer dans un petit motel de bois branlant à Upton, dont je vais vite me rendre compte qu'il présente des caractéristiques pas banales : • il est cher (et encore, j'ai négocié la taxe, faut pas pousser) bien que loin de tout trafic, hors de tout axe majeur de circulation, • il n'est pas climatisé, ce qui devrait lui valoir une entrée privilégiée au Guinness des motels américains, • le ventilateur en plastique, presque neuf pourtant, produit un ronflement d'hélicoptère effectuant son point fixe avant de décoller, • la chambre est équipée d'un gros Frigidaire – General Motors des années 50 qui n'a jamais dû être dégivré depuis ses origines. Le givre vaseux et moisi occupe facilement 60% du volume, le reste exhale des miasmes tièdes pas du tout rassurants (!), • on n'y fournit pas de glace (c'est logique, à partir du moment où l'on considère que vous disposez d'un réfrigérateur…), • il est gardé par des escadrilles de moustiques silencieux et pratiquement indolores : j'en descends trois avant de me coucher, • il n'y a qu'une ampoule qui marche entre la chambre et la salle de douche, et moi, lire ou écrire dans le noir… j'opère un rapide échange. Probablement ma pire étape en rapport qualité – prix !
Invité §Nom051Ze 16 mars 2006 Signaler 16 mars 2006 Arrêt curieux pour observer de près des terriers de marmottes des plaines. Par ici, on les appelle des "prairie dogs". Quand elles se dressent sur leur derrière, c'est qu'elles sont attentives (pas au point de s'intéresser à l'électronique de la navette Challenger mais presque). http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/prairie_dog1.jpg On les appelle aussi Gophers, le Golden Gopher est la mascotte de l'universite du Minnesota par exemple ou tu les trouves en quantites tout comme les affreux ecureuils gris. As tu prix le temps de visiter le Custer State Park? C'est un endroit que j'aime beaucoup. Bravo pour ton reci.
Invité §Ove316RP 17 mars 2006 Signaler 17 mars 2006 06:00, c'est tout juste l'aurore. Une fois de plus, quelle sensible différence en se déplaçant de quatre ou cinq cent kilomètres seulement vers l'ouest ! J'y assiste du pas de ma chambre, bien orientée, et récolte immédiatement quatre nouvelles piqûres de moustiques. Il est grand temps de décamper. Ma dérive d’hier soir m’ayant décalé un peu trop à l’ouest, je décide d’emprunter 20 km de sentier-piste de campagne pour couper court et revenir en South Dakota. Pour commencer, à la fraîche dans la rosée, je découvre une biche absolument charmante, accompagnée de deux petits faons dont je croise le regard innocent, à quelques mètres à peine. Mais la prudence naturelle de la maman-biche lui impose de garder ses distances et le trio traversera de biais et au petit trot toute une vaste prairie grasse et mouillée pour gagner le sous-bois. Plus loin, ce seront de gentils chevaux bruns, très réveillés, qui viendront d’eux-mêmes humer la voiture. De près comme ça, assis sur mon siège, ils ont l’air beaucoup plus grands qu’en réalité ! Ayant stoppé, j’en ai vite huit ou dix qui ont l’air de se demander si j’ai apporté des croissants. Roulant posément plein est au soleil levant, je peux comparer avec hier soir et une efficacité inégalable l’aveuglement total avec lequel je dois composer pour conduire : il m’arrive de devoir sortir la tête par la portière pour suivre le bord herbu du sentier tant les éclats lumineux sont à la longue insoutenables. La route goudronnée rattrapée, enfin, me voilà arrivé à Deadwood, où je me retrouve illico englué dans des formations serrées de Harley-Davidson roulant au pas. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_8.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_9.jpg Le carrousel "infernal" a aussi colonisé sauvagement cette paisible bourgade restaurée "comme c'était à l'époque". Il est vrai que nous ne sommes qu'à douze miles de Sturgis, point central de ce jamboree étalé sur toute la semaine. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_10.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_11.jpg En revenant vers la voiture, prudemment garée aux limites de la ville, je manque marcher sur un moineau tellement immobile qu'il en est risible, chichement campé au bord du trottoir. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/moineau.jpg Je crois un bon moment qu'il s'agit d'un faux, dont la vocation est d'amuser le passant et de faciliter la prise de contact avec une vendeuse ou serveuse de la boutique la plus proche. Je ne suis d'ailleurs pas loin de la vérité, puisqu'une jeune fille en t-shirt de coton blanc vient s'accroupir à côté de moi, expliquant qu'elle a eu bien du mal à le faire sortir de son bazar. Je règle posément mes objectifs pour ne pas l'effaroucher (l'oiseau, pas la jeune fille). C'est à peine s'il lui coulera un regard atone tandis que j'immortalise l'instant, son doigt lui tapotant le poitrail ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/deadwood.jpg Quelques instant plus tard, le moineau prend brusquement son essor, me double par la gauche à hauteur de l'épaule (je me suis relevé entre temps) et vient littéralement se scotcher sur un mur plus lisse qu'un flanc de baignoire ! Et là (impossible d'imaginer qu'il considère ça comme un perchoir !), il entre positivement en hibernation, me surveillant d'un air faussement endormi.
Invité §Ove316RP 17 mars 2006 Signaler 17 mars 2006 As tu pris le temps de visiter le Custer State Park? C'est un endroit que j'aime beaucoup. Non... quand je roule, je trace...
Invité §GS-484pO 17 mars 2006 Signaler 17 mars 2006 Overseas - superbe! Photos remarquables! Je me souviens un tour des Etats-Unis que nous avons fait en 1998, traversant l’Ouest comme toi. Notre but était un peu différent - utilisant une belle ancienne Salmson français de 1925 nous avons traversé l’USA de Newark, New Jersey à Californie, retournant à New York 37 jours plus tards et roulant 14750 kilomètres. Passant par 22 états de l’USA plus une petite tranche de Canadie nous avons visité nombreuse endroits de tourisme, musées d’automobile et les événements automobile de Pebble Beach, Laguna Seca et Bonneville Salt Flats. Malgré l’age de la petite bolide on a eu aucune problème mécanique. On peut dire que le tourisme est façile aux Etats-Unis, on peut trouver des bons chemins non autoroutes, les Motels son tres practique, mais la nourriture - Macdennies Diner - c’est une autre chose!! A ce moment sous la neige de mars j’ai envie de retourner au chaleur d’Ouest! Je n'arrive pas a mettre une image mais voila un lien - photo du Salmson sur Bonnevile Salt Flats - Utah http://static.flickr.com/39/113483214_198f4c6dc5.jpg
Invité §Ove316RP 17 mars 2006 Signaler 17 mars 2006 utilisant une belle ancienne Salmson français de 1925 Formidable ! une vraie Salmson ! (d'où le "GS" du pseudo bien sûr...) En revanche, vu les distances conséquentes que je fais d'habitude, un minimum de confort et la clim' ne sont pas négociables...
Invité §Ove316RP 19 mars 2006 Signaler 19 mars 2006 http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/west90.jpg Les nombreuses barrières métalliques laissant présager une animation conséquentes dans les heures qui viennent, je quitte définitivement le South Dakota en direction de Devil's Tower, cette gigantesque poussée de magma en forme de pain de sucre de plus de 250 mètres de haut. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/devil_1.jpg La légende indienne raconte que sept petites filles, poursuivies par un ours, se sont réfugiées sur une souche d'arbre et prié pour qu'elle les sauve. Aussitôt, celle-ci a commencé à sortir de terre, hissant les petites filles jusqu'au ciel. Ne pouvant redescendre, elles sont devenues les sept étoiles de la Grande Ourse. C'est pas poétique, ça ? Quant à l'ours (justement), dans sa hâte d'attraper ses proies, il aurait griffé les flancs de la montagne, y causant toutes ces rainures rocheuses. On retrouve ce site dans le film "Rencontre du 3° type" où il se rend bien utile pour servir de borne d'amarrage au vaisseau spatial (ne pas confondre avec E.T.). http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/devil_2.jpg Ca donne tout à fait l'impression d'un bon gros flan au caramel vitrifié ou pétrifié, ce qu'il est d'ailleurs. Jolie balade autour du socle, dans une pinède aérée évoquant la Bretagne en bord de mer (c'est pourtant pas le coin). http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/devil_3.jpg J'apprécie beaucoup l'américaine qui prend consciencieusement en photo l'illustration de l'explication touristique, alors qu'elle a la vraie montagne en plein devant les yeux… http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/bike_3.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/harley_12.jpg Après cela, c'est sud pour traverser tout le Wyoming, ici genre toundra à l'herbe rase et âpre. Finalement, dans mon esprit, l'immensité russe doit avoir quelque chose de cette apparence-là. Longue route rectiligne jusqu'à Rawlins où, à ma grande surprise, bien qu'il y ait profusion de petits motels raisonnables, aucun n'ose évoquer la présence d'une piscine : ici l'été ne doit pas durer beaucoup plus longtemps qu'au Dakota ! Comme il fait pourtant un temps éclatant, je sors carrément la table ronde et un bon fauteuil dehors, directement sur le parking, histoire de siroter agréablement mon drink frais du soir, en plein soleil. -------------------------- Aujourd'hui, c'est sûrement beaucoup de route avec un dilemme : Boise (Idaho) ou Salt Lake City ? L'Idaho (Aïe-de-Heuo) me rallonge plein ouest, mais évite à coup sûr la dépression qui recouvre présentement les quatre Etats centraux de l'Ouest. Salt Lake me fournit probablement plus de choses à voir, mais j'en connais déjà quelques-unes, et me rapproche évidemment de sites incontournables et peut-être bien d'une route pour San Francisco. En attendant de finaliser mon choix, je frôle l'Idaho par en dessous, pour finir par pénétrer en Utah, après avoir bien failli terminer à Cokeville dans un cul-de-sac où j'espérais au moins un bout de piste. Chrysler 1961 http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/chrysler_61.jpg Je calcule que je suis donc, au moins une fois dans ma vie, allé dans quatorze Etats différents de l'Ouest américain.
Invité §cli528NE 19 mars 2006 Signaler 19 mars 2006 Nous ne sommes toujours pas rassasiés ! Vite , la suite !
Invité §Ove316RP 19 mars 2006 Signaler 19 mars 2006 La route contourne joliment le Bear Lake, par le sud-ouest. C'est là, sur la corniche le surplombant, que je casse la branche gauche de mes lunettes de soleil en m'asseyant dessus. Déjà légères, mes Giorgio Armani deviennent pas loin de diaphanes, une fois amputées ! Mais la cassure, très nette et juste au niveau de l'articulation, ne présente aucun danger. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/bear_lake.jpg Après avoir franchi les derniers zigzags, assez durs à la montée, la route devient progressivement plus facile pour se transformer en rapide nationale en vue de Ogden, haut lieu de conception des Browning, armes de poing bien sûr, mais aussi et surtout fusils de chasse. Temple Mormon d'Ogden, on n'est plus très loin de Salt Lake City et ça se sent... http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/mormon_temple.jpg On ne visite plus l'usine, sur les hauteurs de la ville (donc demi-tour, on repart pour le centre-ville d'où on venait justement, désolé pour le dérangement), il faut se rendre à l'Ogden Union Station transformée en trois musées distincts, tout au bout de la 25th rue. Je dois reconnaître qu'elle garde encore un cachet assez authentique du début du siècle, et que quelques chariots ne dépareraient pas au milieu de cette large rue qui n'a pas toujours connu le goudron. Ce qui lui vaut le qualificatif d'"historique". Comme tous les magasins de la rue vont fermer d'une minute à l'autre (il est six heures moins deux), j'entre un peu au hasard dans une boutique au fronton "à l'ancienne", que je sache au moins comment l'intérieur d'une "vraie boutique authentique de l'Ouest" se présente. Je ne suis pas déçu, me retrouvant en plein milieu d'une vaste armurerie, avec des dizaines de fusils, rifles et autres diverses carabines scotchées contre les murs ! Murs qui, soit dit en passant, laissent amplement de quoi bomber le torse sans se cogner la tête au plafond. Un peu saisi, je parcours rapidement le magasin des yeux, notant le parquet de solide bois brut, les meuble-vitrines offrant des dizaines de pistolets et de revolvers à la curiosité du client, les accessoires épinglés eux aussi aux parois lambrissées de pin plus ou moins équarri. Une très chouette odeur de munition, de graisse et de bois habille la pièce. Le plus jeune des employés se fait rapidement supplanter dans la conversation par une sorte d'exubérant pot-à-tabac à la longue barbe blanche. Je lui confirme que je n'ai absolument pas le droit de transporter des armes à feu dans l'avion à mon retour (les douanes sont assez pointilleuses sur ce détail) bien qu'il m'assure que c'est tout à fait normal, dans la région, de se promener avec de quoi se sentir bien en sécurité. En revanche, je serais heureux de savoir s'il y a des voitures anciennes, dans la région justement. Il me dit "oui, la mienne". Il ne met pas plus de deux phrases à m'apprendre qu'il s'agit d'un convertible Ford V8 1936. - Et on pourrait le prendre en photo ? Ca tombe bien, justement, on ferme le magasin, c'est l'heure. Trois minutes plus tard, son pick-up vert et son stetson blanc m'ouvrent la marche. Petite maison basse avec pelouse et vue déprimante sur des champs tristement quelconques. Mais dans le garage, la bête. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/ford_365.jpg Heureusement, de lui-même, il propose de la sortir, car je n'aurais pu réaliser le moindre cliché dans l'ombre. Une fois à la lumière, le voilà-t-il pas qu'il envisage de la faire tourner un peu… et nous voilà partis pour un tour, juste séparés par le long levier métallique, la banquette de tissu gris étant assez chiche en regard des standards actuels. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/ford_366.jpg Bien sûr, la mécanique est récente, mais la carrosserie a conservé tout son charme et c'est quelque chose d'émouvant, ce petit convertible rouge cerise foncé, reprenant à 20 à l'heure en troisième, dans un chuintement pas trop nerveux, le bourdonnement du 8-cylindre se rappelant de temps en temps qu'il est là pour tracter. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/ford_367.jpg La voiture est parfaitement entretenue, le tableau de bord luit doucement, peint comme la coque, enrichi de jolis cadrans et boutons ivoire, et nous osons quelques comparaisons avec la Citroën Traction. Mon hôte connaît, il est Allemand d'origine. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/ford_368.jpg Nosu nous arrêtons quelques instants, il descend (!) et je me vois courtoisement proposer le volant, avec des incitations non déguisées à rouler un peu. Aubaine ! J'ai la fugace visualisation d'un démarrage "sport" qui laisserait mon naïf compagnon les deux pieds dans la poussière du bas-côté ! Je tripote la boule ivoire du long levier de la boîte, la tire est d'une docilité et d'un moelleux surprenants. Avec une telle bagnole, quelle virée pour continuer mon périple ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/ford_364.jpg Au retour, je suis même convié à conduire son tracteur, Ford lui aussi, des années soixante. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/tracteur_ford.jpg Cependant, je décline poliment lorsqu'il me propose de visiter sa caravane, que j'estimais ingénument bâtie pour quatre personnes, "pour deux aussi" m'a-t-il précisé sans rire. Sans rire non plus, j'estime que ça commence à être le bon moment pour tirer ma révérence, je n'ai pas l'habitude d'être l'objet de ces constantes prévenances. Encore sous le charme de la balade, je reste à Ogden pour le soir (d'autant plus que je dois visiter Browning demain) bien qu'ayant affirmé le contraire à mon nouvel ami. Mais j'ai pris son adresse pour lui envoyer les photos, c'est bien le moins que je puisse faire pour le remercier.
Invité §piw343TJ 20 mars 2006 Signaler 20 mars 2006 Salut! Ton topic est excellent, tant au niveau des commentaires qu'au niveau des images! Une question : quel a été ton budget carburant? Le prix n'est pas au litre mais au gallon il me semble?
Invité §Ove316RP 20 mars 2006 Signaler 20 mars 2006 quel a été ton budget carburant? Le prix n'est pas au litre mais au gallon il me semble? En effet, je comptais entre $1,38 et $1,50 le gallon, soit... 2F/litre (30 cents d'Euros) Pour mémo, le gallon fait 3,785 litres, et le réservoir de la voiture en faisait 13,25, soit 50 litres. Avec un plein rituel par jour, le budget était de $19/jour pour le carburant.
Invité §com500XS 20 mars 2006 Signaler 20 mars 2006 Budget à multiplié par deux ou prèsque maintenant
Invité §Ove316RP 20 mars 2006 Signaler 20 mars 2006 Visite de l'Air Force Museum, après avoir involontairement bien failli pénétrer dans la base militaire même : au contrôle, il a suffi que je sois assez affirmatif et que je montre mon passeport pour que le jeune garde me fasse signe de passer. Ce n'est que lorsque je me suis suavement enquis de l'endroit exact du musée sur l'aire, ayant déjà franchi la grille, qu'il a repris ses esprits et n'a été que trop content que je fasse demi-tour ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/ogden_air2.jpg Très (presque trop !) belles restaurations : Forteresse Volante B17, B25 Mitchell du raid Doolittle sur Tokyo, P40… Le B17 est suffisamment bien exposé pour que l'on puisse aisément venir sous son ventre et voir par en dessous les soutes à bombes et une partie du couloir, au centre du fuselage. Mais les proportions des gigantesques moteurs et l'immense pelle à gâteau qui sert de dérive laissent rêveur ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/ogden_air1.jpg Retour downtown pour l'ouverture du petit musée de huit ou dix précieuses voitures, où je me vois adjoindre un gardien collant autant qu'attentif, me moulinant l'historique de chacun de ces modèles, sobrement préservés dans une pénombre qui empêche toute prise de photo. Avec ce traitement, les peintures, les accessoires et les caoutchoucs semblent neufs, sortis d'usine la semaine dernière ! On monte alors d'un étage pour la pièce consacrée aux Browning, remplie dans tous les sens de vitrines transparentes genre aquarium, où sont suspendues plus de rifles et de fusils que d'armes de poing. Néanmoins, ces dernières présentent une diversité et une sobriété extrêmement intéressantes. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/browning_1.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/browning_2.jpg Sur certaines culasses, on remarque l'inscription gravée "Fabrique Nationale – Herstal – Liège – Belgique – Browning's patent's", évidemment libellée en français. Sympa. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/browning_3.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/browning_4.jpg Enfin, petit musée du train miniature dans des décors évoquant successivement tous les Etats traversés lors de la conquête du rail. Evidemment les Grandes Plaines sont planes, le Colorado est "rocheux", l'Arizona sablonneux et jaune vanille, etc. Par endroits, de petits villages de bois avec leur Main Street sont reconstitués, et il y a même des personnages de place en place, comme ces très réalistes indiens menés par leur chef à coiffure caractéristique, levant la main en signe de salut accueillant et amical. Intuitivement, je m'autorise à penser que le tomahawk et les flèches ont peu à peu supplantés les pétales d'orchidée… je me comprends.
Invité §le 814nU 20 mars 2006 Signaler 20 mars 2006 Je trouve ce topic superbe (j'ai d'ailleur pris l'une des photos en fonds d'ecran et j'espere que tu ne m'en voudra pas),et je voulais dire un grand koukou a tous les participants au forum.
Invité §cou800mt 20 mars 2006 Signaler 20 mars 2006 En effet, la FN de Herstal (près de Liège) a une longue tradition de fabrique d'armes. Elle a aussi fabriqué des voitures et des motos, avant la 2e guerre mondiale Marrant de voir ça là-bas
Invité §Ove316RP 20 mars 2006 Signaler 20 mars 2006 j'ai d'ailleur pris l'une des photos en fond d'ecran et j'espere que tu ne m'en voudra pas Pour info, quelle illustration as-tu ainsi pris ?
Invité §le 814nU 21 mars 2006 Signaler 21 mars 2006 [citation]j'ai prise celle avec la trés grande route qui part a l'horizon (ça me fait rever
Invité §le 814nU 21 mars 2006 Signaler 21 mars 2006 [citation]j'ai prise celle avec la trés grande route qui part a l'horizon (ça me fait rever
Invité §Ove316RP 21 mars 2006 Signaler 21 mars 2006 Oldsmobile 1953 http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/oldsmobile_531.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/oldsmobile_532.jpg Salt Lake City. Enfin, je mets la main sur la micro-brasserie recommandée par "Le Routard" ! Bonne stout au goût de chocolat au lait. C'est ce qui est annoncé, et c'est effectivement très bon. J'ai bien tort de quitter cet agréable et convivial endroit, car il se met à pleuvoir pendant cinq minutes, de grosses gouttes tièdes qui obligent quand même à user des essuie-glaces. Balade rapide au Plaza, toujours surplombé par cet immense building abritant les bureaux officiels de l'église mormone (mais il me revient qu'il serait plus judicieux de parler de secte) qui, visiblement, n'a pas souhaité faire vœu de pauvreté. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_lake_4.jpg Incroyable aussi d'imaginer qu'il a plu ici il y a moins de deux minutes : j'ai à peine eu le temps de traverser la rue qu'il me faut déjà user de lunettes de soleil ! Gaiement fleuri et planté d'épis de blé, le bassin d'agrément et sa fontaine bruissante donne un cachet coloré et industrieux aux bronzes magnifiant le rôle maternel et soumis d'une bonne épouse. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_lake_1.jpg Grimpette au Capitol, avec toujours, sur la hauteur, le bon air et la vue imprenable vers le sud… qui se trouve être à l'ouest en définitive. J'ai d'ailleurs enfin compris que la pente n'était pas orientée au nord mais à l'est, instinctivement trompé par le fait de "monter" vers le nord… ce qui m'a causé des détours plus d'une fois. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_lake_2.jpg http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_lake_3.jpg
Invité §Ove316RP 21 mars 2006 Signaler 21 mars 2006 Et c'est parti vers l'ouest, en direction de mes si bons souvenirs de Wendover et Bonneville. Il va d'ailleurs falloir que je fasse de l'essence avant de passer au Nevada car je crois me rappeler que les pompes sont rares sur cette portion. D'ailleurs, à chaque bretelle de sortie, on vous annonce complaisamment "No Services", ce qui évite il est vrai de sortir gaspiller sa gasoline pour rien, mais qui ne renseigne pas vraiment sur la distance nous séparant de la prochaine aire de ravitaillement. Je passe Rowley Junction, puis Delle… j'ai quitté Salt Lake depuis plus de 80 km, et ma nervosité croît proportionnellement à l'engourdissement de l'aiguille de la jauge, déjà très horizontale. Je sais heureusement qu'il y a comme une petite bourgade à Knolls, dans 50 km tout au plus. Tout de même, je laisse filer la Cadillac grise que je venais de dépasser, altièrement conduite par une sémillante bourgeoise, réduisant de 20% ma vitesse pour optimiser le rapport tours/minutes – progression dans l'espace. Le 6-cylindre devient ainsi presque inaudible, effleurant à peine les deux mille tours. Knolls, tout de même… 300 mètres avant la bretelle, il y a comme un panneau vert avec des lettres blanches… "No Services". J'ai beau n'avoir pas touché à la clim' je me sens comme des bouffées de chaleur. Là, ça va être très dur… 65 km avec le voyant clignotant "c'est moi, ta jauge de pétrole, regarde-moi !" qui vient d'entamer sa sarabande dans le coin gauche de la planche de bord, c'est presque une mission impossible ! http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_1.jpg Les miles passent de plus en plus lentement à mon gré, j'ai tous les sens tendus vers l'improbable capacité de la voiture à rallier Wendover. Encore un mile, l'immuable ligne droite ne semble pas avoir d'extrémité, ce qui n'est pas philosophiquement déplaisant, mais dans un autre contexte. Les gros porteurs Mack ou Peterbilt me doublent dans des grondements gavés de carburant. Je louche misérablement et avec envie sur leurs réservoirs extérieurs où j'imagine clapoter des dizaines de litres. Juste après avoir franchi le petit panonceau portant le chiffre 14, le moteur s'étouffe tout seul, semble s'endormir sous le coup d'un somnifère inéluctable. Boîte automatique sur Neutre, je fais mordre la Chevrolet sur le bas-côté et branche les feux de détresse. Par chance, la très légère déclivité me permet de conserver longtemps une vitesse résiduelle de déplacement non négligeable et c'est finalement exactement un mile complet que je parcourrai en roue libre, moteur coupé. 1600 mètres dans le chuintement désolé des pneus, 3 minutes et 15 secondes à tout tenter pour prolonger au-delà du possible ce roulage inhabituel et silencieux. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_2.jpg Il ne me reste plus qu'à lever le capot, enlever mes lunettes de soleil et espérer qu'on me prenne en stop, bien que la première patrouille de police ne pourrait que se faire une joie de stopper à ma hauteur. Les camions s'écartent bien en avance de "l'épave", pas franchement pour m'éviter le souffle, mais pour ne pas causer d'accident (gravillons…) dont ils seraient responsables. Vu de tout près (vraiment tout près), les billes de sel légèrement poisseux qui constituent cette surface inimitable. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_4.jpg En 30 minutes à peine, j'ai la surprise de voir s'arrêter une fourgonnette. Toujours pas de police de la route. Là où je manque m'asseoir par terre, c'est quand le jeune chauffeur m'interpelle en français au bout de deux phrases : "alors t'es Français, comme moi !". Philippe travaille dans la région depuis trois ans, et nous avons le temps de bavarder le temps qu'il m'amène à la station qui annonce Wendover, à seulement neuf miles de mon point de chute. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/salt_3.jpg Je réalise à haute voix que, comme dans "Mad Max", si l'eau reste primordiale, c'est quand même l'essence qui prime ! Mes petites bouteilles de Gatorade se révélant insuffisantes, j'emprunte un bidon de 1,5 gallon contre une caution de $5 (qui me seront restitués le plus honnêtement du monde) et nous voilà repartis, Philippe ayant affirmé qu'il avait une heure à perdre… eh bien, perdons-là ensemble ! Vraiment chic ! Comme la Cavalerie, l'Interstate Police arrive au moment précis où je verse la dernière goutte de carburant de secours dans le réservoir. Il me suffit de redémarrer pour prouver que tout va bien, ce qui n'empêche pas le représentant de l'ordre de relever soigneusement ma plaque d'immatriculation. Nous nous quittons tous bons amis (le flic un peu renfrogné quand même). Je laisse les autres partir devant. J'ai à peine parcouru deux miles qu'une petite Oldsmobile bleue arrive à ma hauteur, met les warnings et vient empiéter sur la bande d'urgence. Diable… voilà qui ressemble fort à ce que je viens de vivre ! A mon tour de porter secours ! Je viens devant elle et, par brefs ralentissements successifs, l'oblige à stopper. C'est une jeune fille rousse aux cheveux longs, en débardeur de coton à fines bretelles, bras nus. Elle accepte avec reconnaissance que je la convoie jusqu'à la pompe tant elle sent la sécheresse de son injection (je traduis sa pensée). Une fois notre destination ralliée sans encombre, à vitesse réduite, je prends le temps de m'occuper des deux chiens du truck-stop, dont un jaloux des attentions que je peux prodiguer à son compagnon. http://www.paris.web66.com/toureiff/usa/pompe.jpg L'après-midi a vite passé avec tout cela, et je décide donc de faire relâche à Wendover même, au Wester Motel. Mais pour la glace ou la piscine, on est prié d'aller chercher tout ça chez le concurrent d'à côté, le Day Inn autrement plus luxueux et insipide ! Point particulièrement positif : j'apprends que d'ici deux ou trois jours commence une semaine de manifestation de hot-rods sur les pistes de Bonneville (ça conditionne une augmentation du tarif des chambres de 100% au minimum, soit dit en passant). Bien compris, je n'ai plus qu'à planifier une gentille petite boucle quelque part, disons San Francisco, et m'arranger pour revenir juste quand il faut… et puis comme cela, je retiendrai qu'il n'y a aucune pompe sur les 160 km qui séparent Wendover de Salt Lake !
Invité §ROU284Gl 21 mars 2006 Signaler 21 mars 2006 Que de superbes paysages et quel récit !! Ces étendues immenses et salines de Bonneville sont remarquables ! J' attends la suite avec impatience !!! Pour les fans de ce coin mythique et des records de vitesse, demain sort le film "Burt Monro", qui se déroule en partie sur le Bonneville Salt Flats, histoire de battre un record de vitesse en moto dans les 60's...
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