50.000 km dans l'Ouest américain

[Overseas]

 

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Le Santa Fé historique est terriblement touristique, comme les américains savent si "bien" le faire : la plus vieille maison du continent (environs de 1200), en adobe, vend allégrement salades et ice creams.

A côté, bien préservée, la plus vieille église des Etats Unis, datant de 1610.

Belle déco mexicaine.

 

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La Plaza, avec le Palais des Gouverneurs, transformé en remarquable musée (J'y ai adoré une charrette en bois primitive, ainsi qu'une très pure chapelle blanche).

Beaucoup de grandes vitrines très claires avec des objets espagnols d'il y a deux ou trois siècles (l'Antiquité ici).

Dans le patio, un vrai chariot de la Conquête, qui, comme tous ses semblables, ne mesure pas plus d'un mètre de large pour 2,50 mètres de long.

Quatre hautes roues graciles, une bâche à la courbure inimitable sur des arceaux de guingois, un tonneau cerclé de chaque côté pour l'eau, et à la grâce de Dieu.

 

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Dehors, le préau abrite toute une foule d'indiennes marchandes de bijoux.

Une bourrasque soudaine jette à bas deux ou trois éventaires sur la place centrale.

Animation et mouvement de foule, égayé par les protestations désolées des marchands impliqués.

J'achète un collier de turquoises (que je porterai nuit et jour pendant trois semaines) et un bracelet pour Sylvia.

 

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Ici, la Police se compose soit de cavaliers (pittoresque), soit de cyclistes portant la mention de leur qualité dans le dos (encore plus pittoresque).

 

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Santa Fé fut la première capitale des Etats Unis, grâce aux Espagnols, en 1609.

N'oublions pas que le Mayflower ne parvint sur les côtes atlantiques qu'en 1620 !

Un peu décentrée, une cathédrale française, Saint Francis.

 

Visiblement, tout le monde n'apprécie pas les Plymouth 1956, à voir comme celle-ci, tristement esseulée sur son parking décentré, s'est proprement fait démolir ses surfaces vitrées...

 

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C'est une grave erreur et justement un modèle à préserver, car elle représente le prolongement naturel et réussi du "forward look" de l'année précédente, un peu trop sobre et à qui il manquait un léger supplément d'âme.

(A ce propos, Dodge avait été un peu plus subtil, j'en parle dans un autre voyage).

De plus, elle vient de passer en 12 volts et c'est une finition Savoy (plus de chromes que la Plaza).

Je sais bien qu'elle s'est vendue à 150.000 exemplaires (8 cyl. 4 portes Savoy) contre 69.000 en 1955, mais ce n'est pas une raison.

D'autant plus que c'est dû aussi à la disparition du 6 cylindre latéral (presque 94.000 ex. en 1955).

 

Route pour Taos, serpentant joliment dans les montagnes.

Panorama inimaginable, d'une vallée de plusieurs dizaines de kilomètres, clôturée par des montagnes couleur cacao dans un lointain qui ne le semble pas.

 

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[Invité §son752mC]

Merci beaucoup pour ce topic de reference tant par qualité ds photos que par la narration des tres haut niveau et tout ces infos fournis.

 

Chapeau bas

[Overseas]

Juste avant d'arriver à Taos, par un éclairage de toute beauté, le rêve !

Un cimetière d'environ 200 voitures américaines, dont pas mal de vieilles !

 

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Vieux demi tour acrobatique et je m'introduis malgré la fermeture apparente.

Bien vite, je suis surpris par un chien sauvage mais qui l'ignore et à qui je prodigue mes amitiés.

Quelques pas en retrait, un jeune indien appelle sa mère, avec qui je palabre pour arracher finalement l'autorisation de prendre toutes les photos que je désire.

 

Cela me donne en particulier l'occasion d'un comparatif tordant, entre AVANT...

Chevrolet 1957

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et APRES !

Et en plus de la même couleur et exactement le même modèle !

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Je dois promettre de ne pas subtiliser de pièces détachées (je me vois partir avec un pare-choc de Cadillac Eldorado à la traîne !).

 

Celle-là est plus ancienne, un très chouette millésime, aisément reconnaissable au fait que c'est la dernière année avant les vrais obus de parechoc.

Cadillac 1950

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Le collier porterait il vraiment chance, comme l'affirment les indiens à propos des turquoises ?

A chaque pas, je dérange des dizaines de sauterelles dans un concert de protestations.

Je bondis de place en place, ne prenant que le temps de recharger l'appareil.

Heureusement que je n'imagine même pas ce que je réaliserais avec un simple reflex, sinon, quelle déception et quelle frustration !

En dix minutes, j'ai du sauver la mémoire d'une bonne quarantaine de modèles absolument authentiques !

Ouf ! C'est fait...

500 mètres plus loin, une splendide Ford Fairlane état neuf est à vendre $15.000.

Quelle soirée !

 

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Je parviens enfin à Taos, petite ville de boutiques en adobe.

La chaleur s'apaise, le soleil baisse insensiblement, caramélisant l'atmosphère, mettant en valeur la terre cuite des habitations de plain pied.

La voiture à peine garée sur une aire de gravillons, une jeune fille blonde en t-shirt blanc et casquette de base ball m'interpelle.

Tout sourire, je lui rends son "Hello !", mais il me faut vite déchanter lorsqu'elle requiert une dîme de $2 pour garder le parking.

Heureusement, bonne fille, devant ma surprise (volontairement outrée), elle m'indique où garer à l'oeil, soit... cent mètres plus loin le long du trottoir, comme tout le monde.

[Invité §Eri128zy]

Moi qui connait L'Est et L'Ouest des USA, je trouve ce pays fabuleux!!

J'ADORE

[Invité §ker554xR]

 

Salut m'sieur,Albuquerke, ca me rapelle un très bon film de 78 avec ce mack:

 

" CONVOY " (le convoi)

 

 

 

Petite question, es ce tu aurais vu dans des boutiques des truck au 1/32e de marque "first gear", si tu t'interesse aux miniatures!

 

 

 

 

Et celui-là avec la pub d'un garrage d'Albuquerke!

 

[Overseas]

Petite question, es ce tu aurais vu dans des boutiques des truck au 1/32e de marque "first gear"

 

 

Non, cela ne me dit rien, désolé.

Attention, l'une de tes images a un lien incorrect

 

[Overseas]

Ma promenade m'amène à découvrir la maison de Kit Carson, fermée vu l'heure.

 

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Une heure plus tard, je passe au Colorado sans m'en apercevoir, sur un haut plateau où la température fraîchit, mais avec un coucher de soleil magnifique à ma gauche.

 

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Achat d'une carte routière à San Luis, premier village du Colorado, me dit un descendant de souche espagnole.

Comme il y a l'air d'avoir là aussi quelques belles épaves, je décide de dormir dans les collines avoisinantes.

Mais il y fait froid !

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Réveil entouré de six jeunes vaches fauves, fringantes et agiles.

Il fait très frais de l'autre côté de la portière (sûrement pas plus de 12 ou 13°C).

Troublées d'une buée ruisselante, les vitres étincellent d'une multitude de gouttelettes de diamant.

J'ai donc traversé tout le Nouveau Mexique en une journée (environ 750 km, visites comprises) !

 

Effectivement, à la sortie de San Luis, sur les pentes de quelques dizaines d'acres d'herbes folles tapissées d'un grand nombre de carcasses de voitures, quelques belles photos à faire...

 

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Le soleil rase encore, chatouillant les feuilles d'arbre par en dessous.

Mes bonds de cabri font fuir une espèce de chien jaune mal défini.

Dans ma position d'allumé des voitures anciennes, il faut tenir compte de quatre risques principaux :

• l'attitude du propriétaire, surtout si le champ est clos de barbelés,

• les serpents et drôles de bêtes vivant habituellement dans les hautes herbes, et que bien sûr je préfère ignorer (d'ailleurs, comment tondre dans un terrain envahi de carcasses et de ferrailles enchevêtrées ?),

• les excroissances de métal tordu, pouvant occasionner des blessures profondes et infectées,

• le verre cassé enfin, omniprésent par terre, mais parfois frôlé de justesse à cause d'un pare-brise abandonné en équilibre dans un angle mort.

Je n'ose même pas parler des flaques et dégoulinades huileuses, avec lesquelles toute intimité reste rigoureusement prohibée !

 

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Woff Creek Pass, en pleine montagne.

Ca monte dur, mais c'est une quatre voies !

Ligne de partage des eaux du continent (Continental Divide).

Cela veut dire qu'à un mètre près, un torrent, qui aurait sa source en ces lieux, finirait par se jeter dans le Pacifique ou vers l'Est.

Bien entendu, je retrouverai plusieurs fois cette ligne, qui court sur toute la hauteur des States.

 

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Durango, sans m'arrêter (en principe j'y repasserai... tu parles, faudra juste compter 6 ans et 10 jours !), à part pour une collation.

Après être redescendu dans la vallée juste assez vite pour me payer d'insistants bourdonnements d'oreille, voilà que ça devient désertique et chaud.

Je contourne Mesa Verde par l'ouest, sans m'arrêter (je suis trop impatient pour faire 70 kilomètres de piste !).

A la sortie de Cortez, tout à fait par hasard, je rattrape et double deux adorables vieilles dames en Ford Model A.

 

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Je me dépêche alors de les distancer, pour avoir le temps de me ranger sur le bas côté et être capable de les prendre en photo.

Et c'est là que je fais la plus grosse bourde de tout mon voyage...

 

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Sortant de la voiture, appareil chargé, je me rend compte immédiatement que même à 80, un véhicule d'il y a soixante-dix ans, ça se rapproche aussi vite qu'un autre à la même vitesse !

Je claque alors la portière dans mon dos, ayant trop tard conscience que le moteur tourne, que la radio émet toujours un country régional... et que les clefs sont donc sur le contact !

Il faut savoir que sur les voitures américaines, sans clef, rien ne s'ouvre, et tout se "locke" automatiquement.

Je suis mal !

Photo prise, au son d'une trompe d'un autre âge, je me retourne...

et libère le verrouillage électromagnétique avec deux doigts : mon carreau était resté ouvert.

 

[Invité §El 835Gx]

Pas mal l'anecdote de la photo de la Ford A !

 

Je tenais à souligner également, outre l'excellence des photos et du récit, la présence d'un magnifique t-shirt... Hélène !!!!!

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hé hé hé

[Overseas]

Oui... on m'a demandé une fois ou deux si c'étais ma petite amie... (les américains ne la connaissent pas)

Avec son air glamour, ses cheveux longs et ses grands yeux de biche, c'était flatteur !

 

Bon week-end prolongé, à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures.

[Invité §typ362jb]

Un topic de haut niveau, un des plus beaux du forum...

[Invité §cli528NE]

Je dirais meme plus ! cher dupont , c'est un des meilleurs , et encore merci overseas

[Invité §le 426Kc]

L'amérique, mon rêve

[Invité §cal027GQ]

L'amérique, mon rêve

 

Vas-y cher Stéphanois! Fais comme nous, casse ta tirelire et let's go!

Remarque, j'ai attendu 24 ans avant de le faire! Si tu attends de trop, tu dois emmener toute la famille

et alors ça chiffre un max! Overseas avait l'air de l'avoir fait en solo?

[Invité §-Bo370Va]

Vraiment sympa ce sujet de discussion.

 

J'ai souvent l'occasion d'aller à New-York city car je vais à 6 heures de route mais je préferais presque habiter à 6h de la côte ouest.

 

Cette écriture donne un coté Amicalement vôtre.

 

Bonne continuation !

[Invité §wre363nj]

Pourquoi on n'a pas de casses comme ca en France... ...

 

génial comme d'hab ce topic...

merci man ...

[Tex Mex]

Pourquoi on n'a pas de casses comme ca en France... ...

 

génial comme d'hab ce topic...

merci man ...

 

 

Parce qu'on a pas de voitures comme ça en France

 

Il y en a plein des casses en France, les voitures ne sont pas les mêmes, c'est tout

Il faut aimer les vieilles Renault, Peugeot, Simca, Panhard etc...

 

Il y a d'ailleurs un topic sur les chasseurs d'épaves dans la section "Anciennes" il me semble

[Invité §wre363nj]

Y en a eu... mais tout a été bazardé malheureusement....

[Invité §spa230PR]

Je viens de me faire le topic en entier et bein je tiens à remercier Overseas pour nous raconter son super périple qui est passionnant. Merci beaucoup et continue à nous faire rêver.

[Overseas]

Merci pour vos avis et encouragements ! ...et désolé pour le délai, mais il y a des moments où je suis hyper-claquos...

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De très envoûtantes lignes droites, sans une ombre, mais où le décor semble craquelé, tourmenté de fissures et pour tout dire, meurt de soif !

Soudain, à un carrefour, un drôle de poteau indicateur.

 

Je vais voir, pour lire, en toutes lettres : "Not responsible for accidents, you are entering the Ute MT. Tribal Park, all non tribal members must have a permit or be accompanied by a tribal park tour guide" (Aucune responsabilité en cas d'accident. Vous pénétrez dans le Parc National de la tribu des Ute MT. Tous les visiteurs non affiliés doivent posséder un permis ou être accompagnés par un guide du parc, membre de la tribu).

Rassurant.

 

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On va donc éviter de tourner à gauche en direction de cette piste, n'est ce pas ?

Je m'approche des Four Corners, point unique aux States où quatre Etats se touchent (Utah, Arizona, Colorado et New Mexico).

Il faut payer pour avoir le doit de parvenir au centre de la petite place touristique, tenue par des indiens.

Sans surprise, on y trouve, en plein milieu et ridiculement écartelé, un américain hilare qui se fait photographier avec une main ou un pied dans chacun des 4 Etats.

 

Plein d'essence à Cortez (pas fou), et j'aborde bravement les Rocheuses.

La terre devient vite rouge, les sommets s'enneigent.

Je tombe, par le plus grand des hasards, sur un pick-up Ford Falcon qui présente deux caractéristiques peu banales :

d'abord il n'y a personne autour (et de loin), deuxio il a un trou de munition de petit calibre en bas du parebrise.

J'ai beau regarder à l'intérieur tout en assurant mes arrières si jamais un assassin ou un vampire d'outre-tombe venait à se matérialiser par inadvertance, nulle trace de sang.

Le moteur est froid, mais... depuis combien de temps ?

 

Ford Falcon 1963 (les modèles 61 et 62, plus caractéristiques, ont un parechoc avant qui "rebique" un peu en forme de moustache)

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En plein milieu de cette nature, à 3.000 mètres, j'ai un peu de mal à dénicher un village où dormir.

Je parviens donc à Telluride, mais... rien n'est à moins de $100 !

Dommage, car c'est une jolie et pimpante station de ski à la mode, avec de surcroît un golf extra 200 ou 300 mètres encore plus haut.

Le "Méribel" du coin, quoi !

 

Enfin une Packard comme on les aime... un Club-coupe de 1950, totalement authentique ni trop baroque ni trop envahissant :

la calandre sert juste à bien marquer la différence d'avec les marques concurrentes, mais le reste est tout ce qu'il y a de plus classique.

 

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Et me voila obligé de faire 100 bornes de montagne (lacets, soleil dans les yeux, freinages incessants, camions...) pour trouver à la nuit tombée un motel à Montrose.

Il faut avoir la foi !

Distrait et fatigué, je manque causer une embardée mémorable à ma monture lorsque je crois me faire doubler par un avion à réaction d'il y a 35 ans. Qui plus est dans le plus grand silence !

 

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Mes esprits collationnés et retriés dans le bon ordre, je m'aperçois avec soulagement qu'il ne s'agit que de la mascotte de l'aérodrome local...

 

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J'ai peur d'en rêver cette nuit !

[Overseas]

Petite grasse matinée jusqu'à 7:30, pour évacuer les fatigues de la veille.

Dès mon départ, à Ouray, je tombe sur la "reconstitution" d'un "faux" "décor" de western (baraques et tipis).

Qui cela peut il bien intéresser, à part moi ?

 

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Passage des Red Mountains vers le Sud, à plus de 3.350 mètres d'altitude, en convoi avec trois Jeeps, dans un soleil éclatant et une euphorie peut-être due aussi à l'insensible raréfaction d'oxygène.

Silverton, super petite ville bigarrée et animée d'un train de 1880, fumant et sifflant à souhait.

J'ai le pot d'arriver juste à temps pour le prendre en photo.

 

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Beaucoup de maisons sont en bois, peintes de couleurs vives, et conservées comme des monuments nationaux.

 

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Cette ambiance un peu kitch mais très attirante va jusqu'à équiper le facteur d'un véhicule pour le moins cocasse : une caisse de Ford T woody des années 20, motorisée avec une boîte automatique et un moteur actuel !

(je me demande encore quel moteur américain ils ont bien pu trouver pour que ça tienne !).

 

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Cartes postales et déjeuner, accoudé à un magnifique bar anglais ancien.

Après cela, l'aventure commence...

Je vais tenter de rallier une route de l'autre côté de la montagne, par une piste de mulet de quarante kilomètres environ.

Cinnamon Pass, où la carte précise bien que la piste de rocaille n'est pas bonne.

Très vite, je ne suis escorté que de 4x4, d'une extrême courtoisie mais un rien narquois devant ma modeste berline standard franchissant au centimètre des rigoles de torrent ou des pierrailles meurtrières.

Par prudence, je remplis ma gourde militaire à un torrent glacé.

Si je devais tomber en panne, je tiens à survivre deux minutes !

 

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Quelques maisons de bois, abandonnées, entre caillasse gris souris et forte pente.

C'est Animas Forks, à vocation minière (or), où le tout premier logis en bois a été édifié en 1873.

Trois ans plus tard, il y en avait trente, ainsi qu'un hôtel, une poste, un bazar et l'inévitable saloon.

Dix ans plus tard, 450 personnes disposaient de leur propre journal, "The Animas Forks Pioneer", le journal édité le plus haut des U.S.A, à plus de 3.200 mètres d'altitude, entre juin 1882 et octobre 1886.

On envisagea même sérieusement d'y amener le rail !

 

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Mais comme souvent, quand le filon aurifère cessa d'être rentable, la bourgade s'étiola progressivement et devint une ghost-town dans les années 20.

On dit même que certains habitants n'étaient pas mécontents de regagner Silverton, considéré comme "warmer", littéralement "au climat plus doux et tempéré"… mais c'est quand même l'équivalent de Val-Thorens !

 

Cent mètres plus loin, le gymkhana reprend : je tape plusieurs fois du carter, je zigzague désespérément entre les roches empiétant sur la piste étroite, mais je progresse avec opiniâtreté, voulant prouver que l'habileté de conduite européenne peut valoir la possession d'une Jeep conçue pour ce genre de sport.

Pourtant, je suis conscient que le mauvais temps gagne, et que si la moindre goutte de pluie survient, la Dodge sera incapable de redescendre...

 

La Jeep suivante me confirme que les dix kilomètres suivants sont pires...

je ne peinais déjà plus qu'à 1 ou 2 à l'heure...

Raisonnablement (on est quand même en pleine montagne), j'admets qu'il me faut faire demi tour et regagner Silverton.

Le demi tour n'est pas mal non plus, dans l'unique élargissement de la piste, prévu pour un croisement de véhicules, soit à peu près 4 mètres...

L'empattement de la voiture est de combien (distance entre la verticale des moyeux de roues) ?

Sincèrement, je n'en sais rien, mais je ne l'évalue pas à plus de 3,50 mètres.

 

Après mûre réflexion, je me dis qu'il y a moins de "dépassement" à l'arrière qu'à l'avant, et qu'il est donc plus sûr de reculer vers le vide que le contraire.

Inconvénient : l'arrière, tronqué en queue de canard, occulte complètement la visibilité.

Pas d'autre solution que de me pencher sous la voiture par la portière ouverte, pour surveiller la progression des roues arrières vers l'à pic...

Si une seule en franchit la limite et c'est la catastrophe, bien entendu.

 

Heu... je n'ai pas réussi à effectuer cette manoeuvre en "deux-temps-trois-mouvements", mais la circulation n'est pas très intense, alors...

En comparaison, la descente m'a vraiment paru dérisoire !

Et il n'a pas plu !

Pour me remettre, je m'offre une belle glace bleu ciel.

De toute façon, la dépanneuse aurait-elle pu d'abord démarrer, ensuite aller me chercher 1000 mètres plus haut ?

 

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[Overseas]

Black Canyon, à l'est de Montrose.

Points de vue sur des gouffres de 800 mètres, assez sombres, avec torrent tout au fond.

Soudain, grosse pluie de cinq minutes et fantastique arc en ciel !

Ici, même les arcs-en-ciel sont grands !

Beaucoup de mal à retrouver une chambre à Montrose...

finalement, j'échoue dans un motel mexicain où ils ne parlent qu'espagnol et n'ont pas la clim' dans toutes les chambres.

Bon, ce n'est pas encore trop grave.

Plus surprenant, la chambre se trouve sur le toit, carrément bâtie par dessus le revêtement goudronné !

Pour la rejoindre, on grimpe à une simple échelle et on suit la gouttière (le toit n'est pas très en pente) jusqu'à une porte étroite qui a certainement remplacée la fenêtre idoine.

C'est le principe de la chambre de bonne mais sans accès intérieur !

Etonnant.

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Je retrouve ma gourde entièrement vidée de son litre virgule trois d'eau fraîche dans le coffre...

apparemment, pas de dommage, sauf $5 de timbres.

Une rapide analyse conclut que le caoutchouc du bouchon, fondu à la chaleur de l'Arizona et que j'ai dû jeter, doit se révéler indispensable pour préserver l'étanchéité du récipient...

 

Rambler 1959, qui, comme l'appellation de son modèle l'indique clairement, vous hisse au niveau des... ambassadeurs !

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Gunnisson, où, en voulant m'engager derrière une DeSoto '58 allant se garer à son motel, je manque de très peu immobiliser durablement la voiture sur une traîtresse plaque de béton masquant un fossé de terre sèche.

 

DeSoto 1958

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J'en suis quitte pour blêmir rétrospectivement une fois que le carter a bruyamment rebondi sur le béton, l'inertie de la voiture lui ayant fait franchir l'obstacle avant que j'ai pu même sursauter.

Verni je suis, aucun doute.

 

Excellent petit déjeuner d'oeufs et de pancakes, arrosés de sirop d'érable.

C'est déjà une bourgade presque moyenne, puisque deux routes se croisent en son centre, avec un feu rouge pour réguler trois véhicules à chaque fois.

 

Quelques voitures intéressantes à vendre, dont un Ford station-wagon 1958 pour $900, soit un peu plus de 5.000 F (750 Euros).

Comment ça se fait qu'on hésite encore ?

 

Ford 1958

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Hudson 1951

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Taylor Lake, très joli, très "Montana" si j'ose dire (bien entendu, j'ignore complètement et je n'imagine même pas que j'aurai la chance d'y faire un tour dans pas si longtemps !).

C'est à dire qu'une vaste étendue d'eau immobile, bleu foncé, vient lécher des collines verdoyantes agrémentée de nombreux conifères.

Le tout en plein soleil, coupé d'une jolie brise.

 

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Ensuite, 15 km de tôle ondulée blanche et poussiéreuse.

A 60 mph (soit 95 km/h), la Dodge ne vibre presque plus, mais flotte largement dans les courbes.

Amusant, mais le contrôle de la chasse se révèle souvent comme un dérapage inavoué.

La moindre erreur provoque un écart de deux ou trois mètres, au ras des sapins, et en ligne droite, le flou de la direction est permanent.

 

Si l'on n'a pas donné un demi-tour de volant en sens inverse de la glissade avant de se prendre la gifle des branches chargées d'aiguilles sur les vitres latérales, ben… c'est qu'il ne reste plus que deux secondes avant d'escalader la talus et de se retrouver sur le toit.

Naturellement, le sens de la correction est à inverser si le capot de la voiture est déjà bien orienté, sans quoi c'est le tête-à-queue !

 

Pas calmé pour un sou, voilà, à l'horizon, où je destine de pointer le capot de la voiture, parsemé d'aiguille de pin.

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Codonwood Pass.

Col avec glaciers.

J'en profite pour effectuer une petite balade revigorante, en basket et parka, dans un fort vent plutôt frisquet.

Théorème physique : les baskets, ce n'est pas fait du tout pour marcher sur la glace !

a) ça s'humidifie plutôt rapidement

b) ça n'accroche absolument pas

c) mais du coup on peut simuler du patinage... dans le sens de la pente !

 

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Ca fait tout drôle de crapahuter à pince sur un glacier monstrueux, posé sur des roches d'une brune austérité un jour, de s'immerger dans une petite ville de campagne la veille, et de s'extraire tout brûlé d'un brasero de 5.000 kilomètres carrés le lendemain !

Descente des lacets "sur les pneus" pour m'amuser (les pneumatiques américains crissent pour un rien, j'ai bien la voiture en mains et la chaussée convient parfaitement à cette innocente distraction).

 

[Invité §chr686Hf]

Salut Overseas, quel merveilleux voyages tu nous fait vivre, tout simplement splendide autant les photos que les textes!! Chapeau!!

 

J'ai une question : Qu'à tu ressenti lors des évènements du 11 Septembre ? Ca a du te faire quelque chose après ce que tu as aussi vécu en allant visiter le WTC?

 

Vivement la suite de ton récit, j'en trépigne d'impatience!!!

[Overseas]

J'ai une question : Qu'à tu ressenti lors des évènements du 11 Septembre ? Ca a du te faire quelque chose après ce que tu as aussi vécu en allant visiter le WTC?

 

 

Merci christilo pour tes encouragements, j'apprécie !

 

Lors du 11 Sept., j'ai ressenti, dans l'ordre :

- de l'incrédulité devant une telle bêtise, folie criminelle d'un seul homme manipulant de pauvres illuminés :

comment croire que la première puissance du monde, vitrine de la liberté d'entreprendre, se laisserait "impressionner" et se soumettrait aux délires suicidaires de quelques tristes coquins !

En se basant sur l'histoire de l'Amérique, sa première façon de négocier depuis... 250 ans (l'an zéro pour elle), c'est d'envoyer les chars et la cavalerie... avec un tenace sentiment de faire justice et un renforcement de l'esprit WASP (White Anglo-Saxon Protestant).

Si les "intéressés" n'ont même pas compris ça...

Pour approfondir le sujet, lire l'excellent ouvrage "Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours" par Howward Zinn (Ed. Agone - 2002), 800 pages écrit petit, mais qui montrent très bien l'esprit de domination mondiale et de réussite qui prévaut aux USA.

 

- le sentiment de la fin d'une époque : ce sera dorénavant encore plus difficile d'entrer là-bas quelle qu'en soit la raison et tout étranger, même européen, sera a priori suspect.

Détestable du point de vue du brassage culturel et de la liberté de circulation, mais comment leur en vouloir ?

 

- la nécessité de faire ce que l'on veut lorsqu'on le peut.

Circonstances fortuites ou délire de quelques assassins (pas présumés, j'insiste), un voyage peut vite devenir infaisable ou gâché.

A cause d'eux, je ne pourrais jamais plus prendre de photos de là-haut avec mon télé-300mm.

Dommage non ?

 

 

 

 

[Overseas]

Juste avant Buena Vista, constatant que je me suis arrêté tout spécialement pour shooter son mini-schoolbus ancien, je suis invité par son propriétaire à partager la vue de son garage, climatisé et moquetté : 5 voitures de collection en état irréprochable, dont une Ford T, une Chevrolet Coupe '39 par exemple.

 

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/school_bus.jpg

 

Ca s'entasse un peu, le tout rangé de guingois au centimètre près mais... ça tient !

Nous discutons avec enthousiasme pendant un bon quart d'heure, même si j'ai l'impression de l'avoir un peu distrait dans son déjeuner.

Dehors, celles qui ne tiennent pas et qui sont quand même beaucoup plus communes...

 

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/chevrolet_pick3.jpg

 

Chevrolet 1956

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/chevrolet_561.jpg

 

Chevrolet 1956

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Montée à Aspen, incluant une pause au col le plus haut du Colorado.

Une Lincoln extérieurement impeccable et rutilante comme une pièce de $5 toute neuve, me confirme que, dans les voitures américaines, la banquette arrière tient le rôle de la poubelle.

Sans quitter la route des yeux, on a ainsi la place d'y jeter (le mot est juste) les emballages de frites et beignets, les pots en carton de Diet Pepsi, les étuis et bâtonnets des glaces…

je suppose qu'on procède à un rangement sommaire durant le week-end, mais ce n'est même pas certain.

 

Voici donc Aspen… conduite fastidieuse.

Presque des embouteillages.

Evidemment, c'est la station plutôt "well off", aux jeunes filles en Buick ou Chrysler, garçons désinvoltes style Tom Cruise, en jeep vanille...

Temps gris, pas très en faveur d'un panorama sans doute remarquable.

 

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/aspen.jpg

 

Oldsmobile 1959

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/oldsmobile_59.jpg

 

Je me dis qu'il est plus indiqué d'aller se loger à Glenwood Springs.

Erreur!

Sur toute la route plein Est jusqu'à Denver, c'est la ribambelle des stations de ski touristiques !

La moindre chambre minable à $75 !

 

Bon.

Eh bien, on va s'appliquer les 270 km d'ici à Denver, n'est ce pas ?

Je tente.

Pour comparaison, c'est comme si, pour trouver un hypothétique hôtel, un Français se rendait de Calais à Paris... et attention, nous avons déjà conduit pendant 420 kilomètres de montagne !

Je me suis à peine engagé sur la highway qu'un énorme panneau clignotant m'avertit que j'ai été contrôlé à 75 miles (120 km/h), et que la vitesse est ici limitée à 65 (105).

C'est imparable !

On se demande vraiment où était embusqué le radar, mais on ralentit tout de suite !

 

Au début, je sinusoïde pas mal entre deux très hautes parois de roche melon laiteux.

De l'autre côté du torrent, une voie ferrée en contourne courageusement les moindres aspérités.

Sans le faire exprès, je rattrape doucement une locomotive Diesel de la Southern Pacific, et je m'amuse à prendre la photo la plus dangereuse de tout mon voyage : j'attends d'être bien à la hauteur de la loco, puis, deux ou trois fois, j'ajuste trois secondes dans le viseur (en tournant la tête à 90°, priant pour que mon propre véhicule ne s'écarte pas trop de sa trajectoire).

A cent à l'heure, ce n'est pas très rassurant !

Les amateurs auront déjà calculé qu'en trois secondes, je parcours plus de 80 mètres en aveugle total...

pour finalement avoir une photo un peu floue d'une loco vue de profil.

 

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Route très agréable grâce au soleil revenu et qui m'éclaire parfaitement.

Quelques côtes pénibles toutefois, très longues et plutôt ardues, où la voiture plafonne à 50 miles (80 km/h).

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Visite rapide de deux petites villes minières (or) transformées grâce à de mini casinos.

En fait, je ne m'arrêterai ni à Black Hawk ni à Central City, les parkings étant obligatoirement avec "valets", c'est-à-dire employés chargés de vous garer la voiture et d'aller vous la ramener... contre robustes dollars américains on l'a bien compris !

 

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/central_city.jpg

 

J'ajouterai que les nombreux parkings sont absolument déserts à cette heure, et que je sais encore effectuer une marche arrière sans le secours d'un quelconque serviteur à la gomme !

Mon petit jeu consistera donc à circuler à petite vitesse, sauter de voiture en la laissant tourner pour évaluer un angle de photo, éventuellement prendre ladite, et repartir bon train avant de me faire interpeller !

Remarque : hissé au niveau d'un sport, je me suis toujours débrouillé pour ne jamais payer un cent de parking, quelle que soit la situation...

 

[Invité §kus232wG]

Super TOPIC merci ..

[Invité §oma354Bx]

Hello Overseas,

 

Je profite de ma lecture du jour pour te remercier de nous faire partager toutes ces photos et ce passionnant récit.

Je suis le topic depuis le début et je te lis avec toujours autant de plaisir et d'admiration...

Bravo !

[Overseas]

Montée au "Buffalo Bill's Grave", la tombe du célèbre Bill (non, pas le "Gates").

Aucun intérêt.

Je pousse à 50 kilomètres de là, à Boulder, où le Guide du Routard localise la brasserie Coors, la plus grande du monde paraît-il.

Introuvable, et les autochtones paraissent aussi déroutés que moi.

Bizarre.

Une usine de cette taille doit quand même se voir de loin, non ?

 

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/coors.jpg

 

En attendant, je cherche à tirer du liquide sur ma carte de crédit dans une banque.

Ca ne marche pas !

Quelle arnaque !

Je suis blanc de rage contre les banquiers.

Ils me couperaient les vivres sans raison et sans explication !

Mais il me reste $750 de travellers, et dorénavant je payerai le maximum de trucs par la carte.

Ca devrait aller.

 

J'abandonne Boulder et retourne à Denver pour visiter l'US Mint (fabrication des pièces de monnaie).

Aucune place avant demain matin 9:00, peut-être.

Ce "peut être" à peine poli augmente notoirement ma mauvaise humeur.

Grâce au Visitor Center, j'apprends que la brasserie est en fait à Golden, soit... exactement là où j'étais ce matin !

 

Un grand coup de chapeau au Guide du Routard !

Note : ils se prendront d'ailleurs un petit mot détaillé à mon retour, à ce jour toujours sans réponse

Je suis de plus en plus furieux, mais y vais (les brasseurs n'y sont pour rien, eux !).

En chemin, je m'arrête pour visiter un musée ultra déprimant de vieilles guimbardes poussiéreuses et mal entretenues...

La rouille et l'humidité les corrodent de toute part, et il faut payer pour ça !

 

Pontiac 1952

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Dans le "jardin" extérieur, quelques locomotives déglinguées ne valent pas tellement mieux, offertes aux intempéries de surcroît.

L'horreur...

 

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/loco.jpg

 

Petit bus navette Coors jusqu'à la brasserie.

Visite sympathique, gratuite, et bières au lounge à la fin.

On ne voit pas beaucoup de l'ensemble de la production, mais pour le vulgum, il y a déjà la bonne odeur de fermentation.

Note : j'ai travaillé 4 ans dans le milieu des brasseurs, d'où mon "référentiel"

Ils poussent l'humour jusqu'à me demander une pièce d'identité !

Moi, j'entendais "Vacation ?" ("En vacances ?"), et je répondais "Yes, I am !" ("Oui, en effet !'), alors que le barman me demandait avec insistance "Identification ?"...

Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi le fait d'être en vacances pouvait l'intéresser à ce point !

Mais je dois vraiment faire plus jeune que mon âge !!!

 

Pour finir la journée, petit tour à pied en centre ville (Denver), sur le Mall.

Pas mal, pas trop d'originalité, mais un certain nombre de désoeuvrés guettant le pigeon de passage.

Pour une fois, fait rare, je dois en avoir l'apparence, puisqu'un petit vieux me tanne en réglant son pas sur le mien, bredouillant des essoufflements incompréhensibles.

Je l'emmène dans un snack (c'est l'heure de dîner pour tout le monde) et je lui paye un hamburger.

 

--------------------------------

Attention, respect, photo unique et super-rare : je me suis arrêté en pleine courbe de rocade surélevée, simulant une panne, pour la prendre.

Le moindre flic en goguette m'aurait aligné aussi sec vu l'occupation très illégale de la demi-bande d'urgence !

 

Denver : finalement, un gros quartier d'affaires et le plus gros aéroport à 2000km à la ronde, et puis autour... dem****ez-vous, y'a plus rien à voir !

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/denver.jpg

 

Je quitte Denver par le Nord, vers Cheyenne (Wyoming), bien que nous ne soyons pas à la période des rodéos annuels.

Par contre, c'est la meilleure route en direction de Yellowstone, et cela va m'éloigner de ce temps maussade et de ma mauvaise humeur.

 

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Le Wyoming, tel qu'il m'apparaît sur 450 km, est constitué d'un grand ciel bleu clair et d'herbe à perte de vue, vert clair ou légèrement desséchée.

En fait, je mettrai quelques années à m'en apercevoir, c'est tout le Wyoming (sauf à l'ouest, montagneux), qui présente cette riante et festive apparence.

Je précise quand même que cet Etat est donné pour mesurer 444km sur 603...

et quasiment partout, où que vous y soyez, vous vous retrouvez avec... "ça" derrière le parebrise.

 

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Ambiance !

Ca devient aussi rigolo que le Nouveau-Mexique !

Certaines personnes, vivant depuis trop longtemps dans cette immense plaine, seraient sujettes à des vertiges et des peurs irrationnelles : il n'y a aucun point de repère, aucune élévation de terrain.

 

Pour passer le temps, je shoote les bikers en Harley que je rattrape :

 

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http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/bikers2.jpg

 

Pause à Hiland (Pop 10, ou : population = 10 habitants).

Oui, dix... la fête quoi !

Ses résidents doivent apparemment se partager entre la Sinclair gas station (dont l'emblème est un dinosaure vert !), le vaste bazar plus vide qu'autre chose et la vente (très) épisodique de crèmes glacées.

J'y achète une carte routière de l'état, pour m'apercevoir que j'aurais pu en bénéficier gratuitement (For free distribution only - Interdit à la vente).

Bah ! Elle est belle, donne les reliefs, et j'en avais besoin à cet instant en ce lieu.

Si en plus, pour 1,75 dollar, elle peut permettre de faire vivre le jeune chevelu désabusé pour qui je représente l'attraction de la semaine...

 

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/hiland_.jpg

 

A partir de Shoshoni, la route pénètre des collines pourtant, mais reste plane tandis que deux falaises s'élèvent très sensiblement de chaque côté des portières.

Elles oscillent fréquemment entre le gris, le melon et le rouge sombre, avant de pratiquement disparaître aux abords de Thermopolis.

 

[Overseas]

A Thermopolis justement, on essaye pour la énième fois de me vendre une voiture ancienne que je prends en photo, dans un vent tourbillonnant qui me plaque les cheveux en travers des yeux.

Pour une fois, je suis vraiment tenté : une Oldsmobile '52 couleur crème anglaise, ivoire plutôt, pour $3.000, train neuf de pneus compris.

Avec un rien de rêverie anticipative, je me vois glissant à son volant, écumant silencieusement les embarras de la Porte Maillot, contournant avec grâce et finesse les grumeaux de tristes berlines grisâtres dont la seule avantageuse supériorité ne serait plus que de consommer... moins de 20 litres aux cent.

Avec un rien de mauvaise foi, il me faut bien admettre que les voitures actuelles ne freinent pas comme des enclumes lâchées sur une banquise huileuse, alors que celle-là...

 

Oldsmobile 1952

http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/oldsmobile_521.jpg

 

En France, une telle voiture, en état moyen mais considérée comme roulante, se négocierait aux alentours de 75.000 Francs...

C'est tellement sympa que je reste discuter un peu, malgré l'impossibilité de faire rapatrier l'Olds sur New-York pour la faire charger à destination du Havre dans des conditions décentes de prix et de moyens.

Je ne parle même pas des difficultés prévisibles d'homologation que les fonctionnaires zélés que le monde entier nous envie ne manqueront pas de soulever, trop heureux de, enfin, trouver un prétexte tangible autant que fallacieux pour justifier leur stérile existence liberticide.

 

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Et c'est seulement au développement des photos que je remarquerai qu'il manque une banane de parechoc arrière !

 

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Cody, enfin.

Petite bourgade entièrement dévolue à la mémoire de Buffalo Bill, où ce dernier passe pour un héros national, avec musées au pluriel, route à son nom, lac de même, etc.

N'oublions pas que cet ancien éclaireur très controversé, devenu acteur de l'autobiographique Wild West Show, a quand même réussi l'exploit d'abattre 4.280 bisons en dix-sept mois, nourrissant les constructeurs de voies ferrées, mais affamant tout aussi délibérément l'ensemble des tribus indiennes avoisinantes !

Et après cet exploit vaguement douteux, il s'est payé le luxe de faire "jouer" Sitting Bull dans son cirque !

 

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Je crois avoir battu un record : 9 heures et 8 minutes pour couvrir 525 miles, soit 845 kilomètres, correspondant à une moyenne de 92,5 km/h tout de même, avec refueling et milk-shake super dans un truck-stop plus kitch qu'imaginable.

Vous savez, ces immenses comptoirs, devant lesquels s'alignent des tabourets pivotants en skaï, et desservies par un trio de jeunes femmes du "pays" en blouse de vichy rose et tablier blanc...

Eh bien ça existe en vrai et pas uniquement dans les films des années 50 !

Mon voisin de droite, un vieil homme maigre sirotant sa crème glacée, nanti d'un chapeau de cow-boy noir et d'une chemise en chambray, ne m'aurait pas étonné outre mesure si son cheval l'avait attendu devant la porte !

 

Inusable et récurrente Plymouth 1947

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http://www.paris.web66.com/toureiff/w95/plymouth_472.jpg

 

J'achète $10 un billet pour le rodéo de ce soir (à ce prix-là, j'ai droit à la tribune centrale, les "vulgaires" spectateurs ne payant que $8) à 20:30, et vais réserver une chambre à Powell (18 miles à l'Est).

 

Pizza Hut en face du motel, car il faut bien y être allé une fois.

Je ne suis pas déçu !

Pour une "small" commandée, on m'apporte six parts d'une très bonne pizza savoureuse à ravir (dont j'ai choisi l'épaisseur), qui doit bien faire dans les vingt-cinq centimètres de diamètre.

Et il existe Medium et Large ...!

 

"Cody Nite Rodeo" donc, placé juste au dessus des box d'où partent les concurrents.

Emouvant et inattendu : l'hymne national, tout le monde debout (évidemment!), pendant qu'une cow-girl montée sur un cheval blanc brandit le drapeau américain.

Et la majorité chante, la main sur le coeur !

Je me fait discret, ne connaissant pas par coeur l'ensemble des paroles, mais à cette communion patriotique, même dans un contexte festif et régional, on ne peut opposer que le plus admiratif des respects.

Juste après, des cow-boys surgissent des coulisses avec des bannières publicitaires pour Pizza Hut, Levis' et Jeep !

Ça détend l'atmosphère...

 

Compétition de temps passé sur un vachette ou un bronco, de prise au lasso de taurillons, même pour de jeunes filles ou des garçons d'une dizaine d'années, très applaudis.

Enfin, temps passé sur un taureau, accroché à une simple corde cerclant l'énorme bête, ce qui représente certainement le clou du spectacle...

On évacue un blessé sous les applaudissements nourris du public saluant le risque encouru et la sportivité du concurrent malheureux.

 

[Invité §asp448Qh]

CE topic est une pure merveille, je pense que tu ecris decri bien, pense à un livre illustré ! Ca ferai merveille !

[Invité §cal027GQ]

Vivement Yellowstone ! (où on a passé 3 jours suite à un périple dans l'Ouest américain en juillet 2005)

As-tu vu comme nous bull elks grizzlis bisons etc?

 

[Invité §cal027GQ]

C'était notre voiture à Yellowstone: 15 litres, on se rapproche des consommations des fifties!

[Invité §Mar180bI]

CE topic est une pure merveille, je pense que tu ecris decri bien, pense à un livre illustré ! Ca ferai merveille !

 

Editeur !!! = $$$

[Invité §asp448Qh]

Editeur !!! = $$$

 

 

 

 

Faut payer ! je croyais que tu présentais ton projet à un editeur, et que soit il publie ou pas, et qu'il se paye avec une partie des ventes !

 

Mais je crois que je suis à coté de la plaque ca existe pas le monde des bisournous

 

[Overseas]

[Mode HS On]

c'est simple, il n'y a que deux cas possibles :

1 - tu es connu, on te propose un contrat sur le nombre d'exemplaires vendus défalqué du coût des invendus

2 - tu n'es pas connu, tu peux publier, mais à... compte d'auteur : tu prends tous les risques, tu décides combien d'exemplaires et tu engages tous les frais d'avance.

[Mode HS Off]

[Invité §asp448Qh]

[Mode HS On]

c'est simple, il n'y a que deux cas possibles :

1 - tu es connu, on te propose un contrat sur le nombre d'exemplaires vendus défalqué du coût des invendus

2 - tu n'es pas connu, tu peux publier, mais à... compte d'auteur : tu prends tous les risques, tu décides combien d'exemplaires et tu engages tous les frais d'avance.

[Mode HS Off]

 

 

 

OK, tu envisages quelque chose ou non au niveau de la publication ?