[Topic officiel] Chrysler PT Cruiser (2000-2010) : American Dream

jensen · 17 décembre 2021

Sujet issu du Topic "Cette voiture a une histoire peu banale".

Chrysler PT Cruiser : American Dream.

Chrysler est de retour chez nous en 1989 après son piteux départ de 1978 alors qu'il était en situation de faillite, la conséquence étant la vente de ses structures Européennes à Peugeot avec le succès que l'on sait…

Hormis le monospace Voyager et les Coupés/Cabriolets LeBaron la gamme est alors peu attractive avec des véhicules peu adaptés à notre marché.

En 1994 l'arrivée de la berline Neon redonne un peu d'espoir à la filiale Française, mais hélas cette énième "Voiture Mondiale" ne tiendra pas ses promesses initiales : Moteur essence de 133 ch atone, boite mécanique "accrocheuse", finition désinvolte et surtout un prix de vente alors largement supérieur à la barrière symbolique des "10 briques" qui suffiront pour en faire un bide commercial total dans l'hexagone.

La Chrysler Neon, une auto qui m'intéressait à l'époque mais un rapide essai m'a dissuadé de sauter le pas : "Finition à finir", commandes désagréables et surtout une absence totale d'insonorisation qui la rendait vite fatigante sur l'autoroute.

Dépositaire des marques Chrysler, Dodge, Jeep mais aussi Plymouth le groupe décide pour le Salon de Detroit 1993 de tenter une opération de "dépoussiérage" visant à redonner un peu de lustre à cette dernière avec le concept-car Prowler.

L'accueil est tel qu'une décision de le produire en petite série est prise et l'auto, modifiée pour satisfaire aux normes US, sera dans les vitrines des concessions locales dès 1997.

Franchement osé le Plymouth Prowler ne sauvera pourtant pas une marque qui finira par disparaitre en 2001.

Bref, entre une Neon échec commercial (du moins en Europe) et un Prowler difficile à exporter on constate chez les têtes pensantes du groupe qu'il serait bon de renouveler l'offre…

Le succès médiatique du ce dernier incite la firme à demander au très jeune designer Bryan Nesbitt (il est né en 1964) de reconsidérer complètement le design d'une éventuelle remplaçante de la Neon en réalisant un nouveau véhicule qui sortirait des sentiers battus.

De plus on est parfaitement conscient à Detroit de l'engouement des automobilistes occidentaux pour les monospaces à cette époque, donc une auto à vocation familiale "décalée" pourrait bien faire son petit chemin dans la production automobile mondiale.

1997 voit la présentation du Concept-Car Plymouth Pronto qui reprend certes l'avant du Prowler mais aussi le côté monospace compact que l'on retrouve alors sur le Renault Scenic ou le Toyota Picnic par exemple.

Les réactions sont alors contrastées : Les journalistes Européens sont très réceptifs mais leurs confrères d'outre-Atlantique restent sur leur faim, visiblement le Pronto n'est pas assez "Américain" pour eux, et comme les dirigeants du groupe sont alors dans l'optique de sauver Plymouth on préfère tout reprendre à zéro.

Le Pronto, il ne plaira pas à la presse spécialisée locale.

Chrysler jouera la prudence et reprendra le concept pratiquement de A à Z.

En accord avec le directoire de la firme Bryan Nesbitt ne va pas simplement revoir sa copie et proposer un engin plus classique qui ne se démarquera pas des autres car, en effet, ce dernier est convaincu que "l'esprit Américain" est une chance réelle pour doper les ventes au niveau mondial.

Donc comme la face avant typée "avant-guerre" semble plaire il va retourner sur sa planche à dessins et reprendre la philosophie des Hot-Rod des années 50, ces vieilles voitures des années 20/30 totalement modifiées par la jeunesse dorée d'après-guerre.

Le concept du Hot Rod ?

Récupérer un vieux Rogaton d'avant-guerre qui rouille dans une grange pour en faire un monstre : TOUT est permis !

Il a par contre une constante à intégrer à son projet : Les autorités fédérales de l'époque imposent aux constructeurs une limitation de la moyenne des consommations de carburant dans chaque segment où la marque est présente, en clair si par exemple pour la catégorie "petites cylindrées" la conso' ne doit pas dépasser 7 litres aux 100 et que la marque ne propose qu'un modèle qui en fait 8 il lui faudra présenter une nouveauté qui n'en consomme que 6 pour faire retomber la moyenne, cékon mais c'est comme ça !

Or dans la catégorie "petit camion" (entendez par là un engin au plancher arrière plat en jargon "Fonctionnaire US") Chrysler a un énorme problème de surconsommation…

La future nouveauté devra donc, en plus d'une soute horizontale pour la faire entrer dans la catégorie précitée, avoir une motorisation modeste afin d'être la plus sobre possible.

Pour être clair le V8 on oublie !

Idem pour la taille, réaliser une voiture trop grande avec un petit moteur en fera un veau, et les Européens ne sont pas franchement amateurs d'autos de plus de 4,60 mètres.

C'est lors de Salon de Genève 1998 qu'est présenté un nouveau concept bien decidé à tester le plus précisément possible la réaction du public : Le Pronto Cruizer (avec un Z comme Zemmour hein ! )

Ailes et bas de caisses apparents, toit arrondi : Nous sommes de retour "au bon vieux temps" !

Bien évidemment on est conscient que l'aspect du véhicule ne fera pas dans la demi mesure : Soit la clientèle est séduite soit elle part à toutes jambes, c'est ce que les premiers tests cliniques font d'ailleurs apparaître.

Mais Chrysler décide de commercialiser l'auto au plus vite et le mariage avec la puissante Daimler-Benz la même année font que les versions proposées en Europe pourraient même être dotées d'une motorisation Diesel performante directement issue de la gamme du constructeur à l'étoile.

C'est en janvier 1999 au Salon de Detroit que le PT Cruiser est officiellement présenté.

Et d'abord pourquoi "PT" (à prononcer "Piti") ?

Il y a plusieurs hypothèses…

La plus logique étant que PT soit l'abréviation de Personnal Transportation mais d'autres penchent pour le terme de Plymouth Truck en fin de compte plus logique, mais comme l'acte de décès de la marque avait déjà été acté le groupe Daimler-Chrysler décidera logiquement de commercialiser le véhicule sous le label Chrysler.

La production démarre dans l'usine Mexicaine de Toluca en mars 2000 et les premières autos sont disponibles dans l'hexagone en fin d'année.

Il faudra attendre 2002 pour que l'usine Autrichienne Eurostar Automobilwerk située à Graz vienne épauler cette dernière en assurant la production des véhicules destinés à l'Europe, mais aussi à l'Afrique du Sud et même au Japon.

La gamme se compose de trois versions alors toutes dotées d'un quatre cylindres à essence de 1 996 cm3 à 16 soupapes et double arbre à cames en tête développant 141 ch Din à 5 700 tours, assisté d'une boite mécanique à cinq rapports ou automatique à quatre vitesses (sur demande) qui transmettent la puissance sur les roues avant :

-Classic : Version d'entrée de gamme à l'équipement déjà convenable, on y trouve un poste de radio AM/FM/K7 à six haut-parleurs, des rétroviseurs électriques, une direction assistée et l'ABS.

La banquette arrière est rabattable et le dossier du siège passager peut passer à l'horizontale pour permettre d'y engouffrer une planche de surf !

Ce n'est pas le Pérou mais l'essentiel s'y trouve.

On remarquera la "boule de billard" faisant office de levier de vitesses.

-Touring : Elle se pare entre autre d'une climatisation, de jantes en alliage, d'une condamnation centralisée des ouvrants, d'un lecteur CD et d'antibrouillards.

-Limited : Version luxueuse qui inclut les jantes en alliage chromées, l'intérieur en cuir, les vitres arrière surteintées et le toit ouvrant.

Bon d'accord, les jantes chromées ça pique un peu les yeux !

Tout à fait dans la "norme" Européenne le PT Cruiser ne mesure que 4,29 m de long, 1,75 m de large et sa hauteur ne dépasse pas 1,60 m.

La suspension fait appel à l'avant à une pseudo McPherson assistée d'une barre antiroulis, un essieu arrière rigide avec des bras tirés et une autre barre antiroulis assurent l'essentiel à l'arrière.

Les freins sont à quatre disques, ventilés à l'avant.

Par contre le poids est assez élevé (1 530 kilos) et les tarifs à l'affiche en France ne sont pas spécialement attractifs car compris entre 124 000 et 160 000 Francs !

Pourtant l'année 2001 se soldera par la vente de 2 914 exemplaires chez nous, pour une voiture uniquement disponible en une seule carrosserie et un seul moteur à essence le chiffre est encourageant et montre qu'il existe bel et bien une clientèle pour ce type d'engin.

Les premiers essais de la presse spécialisée font état d'un véhicule original et d'une présentation qui est de très loin son point fort, le moteur est par contre considéré comme "peu agréable à l'usage" mais avec une vitesse de pointe de 185 km/h et un 0 à 100 effectué en 10,3 secondes.

On notera aussi au chapitre des doléances une qualité des matériaux intérieurs qui n'est pas franchement aux standards Européens avec des plastiques bas de gamme et mal ajustés, une consommation qui ne descend que rarement sous la barre des 10 litres, des places avant étriquées et une banquette arrière très inconfortable !

Cinq places et pas une de plus !

Qui a dit que les Américains étaient gros ?

Accessoirement la plage arrière peut faire office de table de pique-nique.

Le plancher devient totalement plat une fois la banquette retirée.

On passe ainsi de 538 à 1 812 litres de capacité.

En 2002 la fameuse agence privée Euroncap sacrifie un PT Cruiser et ne lui octroie que trois étoiles au crash-test frontal, par contre les chocs latéraux sont nettement meilleurs.

Malgré ses Airbags la protection des occupants aux chocs n'était pas extraordinaire…

Il valait mieux ne pas avoir affaire non plus à ce véhicule en tant que piéton.

La même année les autos fabriquées en Autriche auront droit à une motorisation Diesel, en l'occurrence le CRD 2,2 litres directement issu de la gamme Mercedes (utilitaires ! ) : Quatre cylindres 16 soupapes de 2 148 cm3 Common Rail avec un turbocompresseur à géométrie variable pour 121 ch Din à 4 200 tours.

L'auto y gagne en souplesse, elle est aussi nettement plus sobre mais le poids plus élevé (1 600 kilos désormais) ne lui permet pas de dépasser les 175 km/h.

L'année se terminera sur un satisfecit pour l'équipe hexagonale du constructeur avec 3 294 exemplaires vendus.

2003 sera la meilleure année pour les ventes en France avec 3 468 PT Cruiser qui trouveront preneurs (et même "preneuses" dans plus de 30% des cas ! ).

Alors que les ventes sont déjà en baisse de près de 20% Chrysler commercialise chez nous une variante cabriolet en 2004.

La capote reste classique avec sa toile, mais la manœuvre est électrique et les passagers sont très bien protégés des turbulences.

Un moteur à essence de 2 429 cm3 16S à double ACT d'une puissance de 143 ch à 5 200 tours se trouve désormais disponible sur la berline ou le cabriolet et remplace le très moyen deux litres des origines dont on liquide les derniers exemplaires encore en stock.

Le plus important sera aussi l'apparition d'une version "GT" dotée non seulement de jantes de 17" et d'une suspension au tarage plus sportif mais surtout du même moteur dopé par un turbocompresseur qui lui fait atteindre 223 ch Din à 5 100 tours, cette fois-ci la barrière des 200 km/h est dépassée.

La boite, toujours à cinq rapports, est une Getrag Allemande.

Capable de 28,8 secondes aux 1000 mètres cet opus au caractère nettement plus affirmé disponible en berline ou en cabriolet pêche par quelques pertes de motricité mais surtout par une consommation moyenne qui dépasse les 12 litres !

Les ventes en France plongent encore en 2005 avec 2 437 exemplaires seulement, force est de constater que l'effet de surprise s'émousse et que, véhicule atypique, le PT Cruiser a fait le plein de ses clients lors des premières années et ne trouve plus guère d'amateurs à cette époque…

Ce véhicule subira les désagréments de toutes les autos originales de la production mondiale : Une désaffection rapide de la clientèle.

Il est temps de relooker une gamme qui vieillit vite et le restyling de novembre 2005 qui préfigure l'année 2006 devra braquer de nouveau les projecteurs sur elle, c'est du moins ce que l'on pense à Detroit mais on pense mal !

En fait plus personne n'est dupe : La fusion Daimler-Chrysler est un échec absolu et des bruits circulent déjà sur un possible divorce entre les deux constructeurs, les ingénieurs US n'ayant entre autre pas du tout appréciés l'arrogance et la superbe de leurs collègues Allemands.

C'est donc dans un climat sinistre que la seconde génération de PT Cruiser est présentée :

-Calandre simplifiée

-Pare-chocs mieux intégrés

-Nouveaux phares et feux arrière

-Planche de bord revue avec autoradio positionné plus haut sur la console, présence d'une horloge à aiguilles.

-Sellerie modifiée

-Becquet sur le hayon

La calandre ne déborde plus sous le pare-chocs et le becquet fait baisser un peu le Cx.

Les feux arrière perdent leur couleur ambrée.

La principale modification se trouve sur la console avec une radio AU-DESSUS du combiné de climatisation et non plus EN-DESSOUS.

Le moteur Turbo-Diesel est revu et, avec la même cylindrée, passe de 121 à 150 ch Din (toujours au même régime) et assure bien entendu l'essentiel des ventes Françaises.

La diffusion passe chez nous sous la barre des 2 000 unités cette année-là et continuera sa plongée pour arriver à 1 024 exemplaires en 2007 (-43% !).

C'est à ce moment que Mercedes annonce clairement vouloir se séparer de sa filiale US et, le 14 mai, le fond d'investissement Cerberus annonce l'acquisition de plus de 80% des actions de Chrysler pour la somme de 5,5 milliards d'Euros (Le groupe Daimler-Benz avait acquis l'Américain neuf ans plus tôt pour… 36 milliards ! )

Notre PT Cruiser, plus franchement à la page tant d'un point de vue mécanique que dynamique face à ses concurrents de 2008, n'est plus disponible qu'en berline Turbo-D chez nous (les motorisations essence et le cabriolet ayant été discrètement retirés du catalogue), on ne s'étonnera donc pas de constater que les ventes deviennent anecdotiques cette année-là : 296 immatriculations !

La fameuse crise dite des Subprimes qui frappe les USA à cette époque envoie définitivement un Chrysler au tapis qui n'a d'autre solution que de se mettre sous la protection du Chapitre 11 de la loi Américaine sur les faillites.

Le 21 janvier 2009 Cerberus annonce officiellement l'arrivée du groupe Fiat à hauteur de 35% du capital, vous connaissez tous la suite…

218 PT Cruiser seront encore discrètement bradés en France en 2009 et 2010, le volume de ventes total s'établissant à 19 622 exemplaires sur dix ans pour l'hexagone.

La production totale serait de 1 350 000 PT Cruiser dont 1 030 000 pour le marché US, sur une décennie ce n'est pas énorme.

Sans doute pourra t-on reprocher à Chrysler de ne pas avoir assez mis en avant l'originalité du concept dès le début des années 2000 et d'avoir ainsi laissé péricliter son PT Cruiser malgré de nombreuses séries spéciales (notamment aux USA) mais ce serait oublier un peu vite la situation délicate dans laquelle se trouvait la marque à cette époque.

La clientèle US aura même droit à cet opus rappelant les fameuses "Woodies" des années 50.

En tout cas une chose est certaine l'aspect pour le moins exotique de l'auto n'est pas passé inaperçu des officines de divers préparateurs plus ou moins doués et autres bricoleurs de génie des quatre coins de la planète, en voici quelques exemples (certains sont excellents, d'autres beaucoup moins…)

La calandre fait plutôt penser à celle d'une Lancia, mais bon !

Directement inspiré par la Chrysler Airflow qui défraya la chronique en son temps.

Comment s'appelait le magazine préféré de notre jeunesse déjà ?

Ah oui : "Chromes et Flammes" !

Sobre et de bon goût.

Je vous laisse juge.

Cet exemplaire "Alienisé" ne vient pas d'outre-Atlantique mais… D'Allemagne !

Ne cotant plus grand-chose de nos jours il serait peut-être temps de redécouvrir ce morceau d'Amérique : Ne comptez guère plus de 2 200€ pour une 2 litres en bon état et 5 000€ pour une version turbo, ajoutez 2 000€ pour un rare et beau cabriolet.

On n'en a pas vu beaucoup sur nos routes, pensez-y si vous recherchez un cabriolet apachaire !

Les prix devraient monter assez rapidement à mon avis.

Très (et même trop !) vite oublié le PT Cruiser commence depuis peu à intéresser la jeune génération, des sites web tentent de recenser les exemplaires survivants et proposent déjà des adresses pour la fourniture de pièces détachées.

C'est tant mieux car il serait dommage d'oublier cet avatar des premières années du 21ème siècle, bien sur perclus de défauts mais qui avait pour lui un gros avantage : l'Originalité !

Un domaine qui ne paie pas les constructeurs en retour, Hyundai avec son Veloster ou Renault avec la très controversée Vel Satis ne me contrediront pas !

L'automobiliste moyen veut bien croiser sur la route une auto qui sort de l'ordinaire mais SURTOUT pas l'acheter !

Pas étonnant que les Sans Utilité Véritable noirs ou gris métallisé pullulent dans nos rues…

On ne refera pas le monde, trois fois hélas !

Essai très récent en Français :

Présentation d'un cabriolet aux USA (en Français aussi) :

Jensen.

Modifié 17 décembre 2021 par jensen

NyvetDuPiC · 17 décembre 2021

Le Chrysler PT Cruiser a été l'une de mes premières victimes, dans le cadre de mon premier Salon de l'Auto armé d'un appareil photo numérique. C'était lors du Salon de Bruxelles, en 2004.

Bon, pour la qualité photo, ce n'était pas encore ça à l'époque.

NyvetDuPiC · 19 décembre 2021

Toujours un PT Cruiser Cabriolet, dans le cadre du Salon de Genève 2005 ce coup-ci.

NyvetDuPiC · 22 décembre 2021

Troisième et dernière prise d'un Chrysler PT Cruiser dans le cadre d'un salon, en 2008 à Bruxelles.

NyvetDuPiC · 4 mars 2022

American Dream... C'est plutôt les rêves brisés pour ce Chrysler PT Cruiser, vendu en son temps par le concessionnaire Grand Nord Automobiles, qui finira sa vie à la casse le jour venu.