jensen 27 août 2023 Signaler Partager 27 août 2023 RELIANT SCIMITAR : La passion d'une princesse. Cette firme, typiquement Britannique, débute ses activités en 1935 après la décision de Tom Williams de claquer la porte de l'entreprise Raleigh où il était employé comme directeur d'usine. Cette vénérable entreprise, fondée en 1887, fabriquait avec succès des vélos puis se tourna rapidement vers les motos et les Rickshaws (des tricycles motorisés dont l'Italien Piaggio deviendra le chantre après-guerre). Un des nombreux produits de la firme Raleigh. Intéressée par les avantages fiscaux d'une automobile à trois roues en Grande-Bretagne la société décide d'investir ce marché mais cela restera un succès en demi-teinte et Raleigh décide, en 1934, de cesser la fabrication de toute la gamme des véhicules à trois roues. L'incursion de la vénérable firme dans la sphère automobile ne sera pas un succès… Ce n'est pas du goût de Tom, convaincu du bien-fondé de la formule, qui décide de quitter Raleigh et de développer lui-même un nouveau Rickshaw sous le label Reliant. La guerre arrive, sa société en est réduite à fabriquer des pièces détachées pour tous types de véhicules de l'armée Britannique. Elle reprend ses activités civiles en 1946 avec le tricycle Regent et ce n'est qu'en 1955 qu'elle peut enfin avoir les moyens de se diversifier en s'attaquant au marché de l'automobile avec la Regal, dotée "bien entendu" de… Trois roues ! Reliant Regal. Les anglais sont des gens bizarres, n'est-il pas ? Devant le succès pour le moins mitigé de ses productions à trois pattes le directoire de la firme décide de se joindre en 1960 à l'entreprise Israélienne Autocars afin de mettre au point pour cette dernière un petit roadster qui pourrait concurrencer MG et Triumph tant sur les marchés européens qu'américains. L'auto est étudiée en moins d'un an et sera produite sous le nom de Sabre chez Reliant ainsi qu'à Haïfa où elle prendra le vocable d'Autocars Sabra. C'est une première pour le Britannique qui entre ici sur le marché très concurrentiel des autos à quatre roues, mais cela ne sera pas une réussite avec ce petit engin mu par un modeste quatre cylindres Ford de 1 700 cm3 de 59 ch seulement… Même déclinée en Coupé et dotée d'un moteur de Ford Zephyr à six cylindres en ligne de 2 566 cm3 avec 110 ch sous le capot la petite Sabre sera un échec commercial. L'aventure s'arrête en 1968 après la production de 379 exemplaires en Grande-Bretagne (dont 77 à six cylindres) et 171 en Israël, nation qui réussira tout de même à en écouler 68 en Belgique, 22 en Suisse et… 10 en France ! Reliant ne s'avoue pas vaincu et, malgré les difficultés générées par un contrat au demeurant mal rédigé avec un constructeur Israélien sans la moindre expérience, décide de poursuivre dès 1963 l'aventure sur quatre roues en repartant du châssis de la Sabre afin de concevoir une "vraie" voiture à tendance sportive. La firme de Tamsworth n'est pas restée insensible au prototype en fibre de verre SX 250 réalisé en 1962 par David Ogle sur la base d'une Daimler SP250. Ce carrossier ayant été victime d'un accident de la route juste après la présentation du prototype Reliant décide d'en racheter les droits aux héritiers et présente en 1964 la Scimitar GT. Scimitar ? Cela se traduit par "Cimeterre" en Français, l'épée à lame courbe utilisée par les guerriers Arabes. Tout comme le prototype Ogle la carrosserie est en fibre de verre posée sur un châssis séparé. Une finition largement au niveau des "concurrents établis", ce qui contribuera aussi au succès du modèle outre-Manche. C'est une jolie voiture propulsée ici aussi par le six en ligne Ford de 2 566 cm3 mais ce dernier, avec son arbre à cames latéral, n'est pas de la toute première jeunesse… Lors du Salon de Londres 1965 Reliant se paye le luxe de présenter une Scimitar GTS réalisée en collaboration avec le verrier Britannique Triplex dotée de vitrages latéraux courbes et d'un toit athermique, ce véhicule intéressera beaucoup les visiteurs et autres journalistes durant l'évènement. Comme ce Coupé rencontre tout de même un certain succès on lui pose sous le capot dès 1966 un V6 Ford Essex de 2 994 cm3 et 138 ch à 4 750 tours ce qui lui donne un supplément d'âme bienvenu. Bien né et sans gros défaut hormis une habitabilité mesurée pour deux personnes (il y a un petit espace à l'arrière ou un contorsionniste-nain peut essayer de se glisser… ) et un freinage "modeste" Reliant décide d'en décliner une gamme cohérente et propose la même année au catalogue un V6 avec une cylindrée réduite à 2,5 litres pour 119 ch. L'espace intérieur n'était pas la première qualité de la Scimitar, mais cela va changer… Au même moment on songe à remplacer rapidement ce modèle avec une déclinaison de la "GTS-Triplex" afin de mettre sur le marché une voiture à quatre places. On va pour ce faire rallonger l'empattement de 18 cm afin d'en améliorer l'habitabilité pour quatre personnes ainsi que la tenue de route. On conserve sur cette version le châssis séparé et l'essieu arrière rigide, Reliant reste un "petit" constructeur qui ne peut faire des investissements colossaux. La nouvelle Scimitar GTE (pour Grand Touring Estate) est présentée en 1968 au Salon de Londres. Elle aura même droit aux honneurs de la patrouille des "Red Arrows" de la RAF qui volait à l'époque sur Folland Gnat. Immédiatement le public est conquis par cette carrosserie "break de chasse" aussi originale qu'esthétique dont le dessin est signé Tom Karen de la société Ogle Design Ltd. La production de cette Scimitar baptisée en interne SE5 (le Coupé étant désigné SE4) débute en octobre 1968. Les premiers essais de la presse spécialisée sont assez élogieux, en effet la GTE est la première auto Britannique à atteindre 195 km/h avec son V6 trois litres Ford Essex tout en emmenant confortablement quatre personnes et leurs bagages, le tout pour un prix "convenable" (même si la Scimitar n'est effectivement pas donnée on reste tout de même très loin des tarifs d'une Aston-Martin par exemple… ). On notera le bouchon de remplissage du réservoir au milieu du panneau arrière car seule la lunette en verre se soulève. Une boite automatique à trois rapports Borg-Warner sera vite disponible sur demande. Les deux sièges étaient rabattables de même que l'accoudoir était articulé, ce qui permettait d'obtenir une impressionnante surface de chargement totalement plate une fois l'opération effectuée ! Côté mécanique je ne reviendrais pas sur le V6 que j'ai déjà évoqué pour indiquer plutôt une boite de vitesses mécanique avec overdrive Laycock de Normanville, une suspension indépendante à l'avant avec ressorts hélicoïdaux et triangles inférieurs, un essieu rigide avec bras oscillants et parallélogramme De Watt à l'arrière. Le V6 était placé de manière très reculée sous le capot afin d'obtenir un meilleur centrage des masses. La direction est à crémaillère et les freins sont des Girling assistés avec disques à l'avant et tambours à l'arrière, ces derniers étant d'après les essayeurs et les premiers clients le plus gros défaut de l'auto à égalité avec une lunette arrière tellement salissante sous la pluie que Reliant devra vite y installer un essuie-glace afin de faire taire les critiques. Comme sur le Coupé la carrosserie est en fibre de verre boulonnée sur le châssis. La GTE est une telle réussite commerciale que la GT SE4 n'ira pas plus loin que 1970 année où elle disparaît du catalogue après la production 1 004 exemplaires. Fin de parcours pour un Coupé à la carrière en fin de compte honorable. Reliant va alors bénéficier cette même année d'une inespérée campagne publicitaire puisque la Couronne Britannique décide d'offrir à la jeune Princesse Anne une GTE pour ses 20 ans. Cavalière accomplie (et reconnue ! ) elle trouvera dans cette auto l'engin idéal pour se rendre à ses cours d'équitation avec tout "le barda" que nécessite cette activité. La jeune sœur de Charles III sera la meilleure ambassadrice de la Reliant GTE puisqu'elle en possédera huit ! On notera la posture toujours élégante de la Dame, même lorsqu'elle se livre au délicat exercice de l'accès à une automobile. La Princesse fera aussi la une de plusieurs tabloïds Britanniques en se faisant intercepter au moins une fois (mais sans doutes plusieurs… ) par la Police locale à la suite d'un "confortable" excès de vitesse au volant de sa GTE… Mais où va t-on si même une Princesse ne peut plus se faire plaisir hein ? En octobre 1971 et après la production de 4 311 autos Reliant décide d'améliorer sa GTE et présente une SE5a mécaniquement identique mais à la cosmétique discrètement améliorée, le plus visible étant l'intégration des feux de recul avec les feux arrières et non plus aux côtés de la plaque minéralogique. L'intérieur sera aussi retouché avec l'apparition de vitres électriques, d'un tableau de bord enrichi et la possibilité d'obtenir une tablette arrière cache-bagages en option. Mécaniquement la voiture est un peu plus puissante (145 ch) grâce à un nouveau collecteur d'admission. 5 105 Scimitar GTE SE5a sortiront de l'usine de Tamsworth jusqu'en octobre 1975. C'est une "nouvelle" voiture baptisée SE6 qui est alors présentée à cette époque car, en effet, le constructeur a pris en compte les doléances de certains clients concernant un habitacle pour le moins étroit qui ne correspond plus vraiment à l'époque et au "standing" de la Scimitar. On reprend donc totalement la carrosserie dont l'empattement est encore allongé de 10 cm au profit des occupants des places arrières. Au même moment la largeur de la caisse gagne aussi 5 cm. La face avant est totalement revue, les pare-chocs plus imposants sont désormais garnis de bandes de caoutchouc et les poignées de portes sont désormais encastrées. "Voiture d'artisan" on remarquera que l'essuie-vitre de la Scimitar gène énormément l'accès au coffre à bagages… Une erreur qu'un grand constructeur aurait vite corrigée. Suspensions et réglages de châssis sont légèrement modifiés afin d'offrir un plus grand confort aux occupants sur longues distances et les freins, point faible de la voiture, sont enfin renforcés. L'intérieur, désormais un peu plus vaste, bénéficie aussi de quelques améliorations et d'une direction assistée qui fait son apparition au tarif des options. La SE6 ne connaitra qu'une courte carrière puisque fin 1976 apparait une SE6a qui abandonne les freins Girling au profit de ceux de l'équipementier Lockheed (mais toujours avec des tambours à l'arrière), on en profite pour rigidifier un peu le châssis. En 1978 Ford annonce renoncer à la production du V6 Essex ce qui impose à Reliant de trouver un nouveau groupe pour sa Scimitar : Ce sera le V6 "Cologne" qui équipe alors les Granada et Capri avec ses 2 792 cm3, son arbre à cames en tête (enfin ! ), son carburateur à double-corps et ses 135 ch à 5 200 tours. Afin de conserver le même niveau de performances Reliant va raccourcir la démultiplication du pont arrière de celle qui devient de fait la Scimitar SE6b avec une boite automatique Ford C3 désormais imposée. Au passage la SE6b gagnera des baguettes de protection latérales et une calandre modifiée. Le modèle n'évoluera plus désormais qu'à la marge, il faut dire que la présentation fin 1974 d'une Lancia Beta HPE bien moins onéreuse et un peu plus tôt de la Volvo P1800 ES a considérablement freiné l'attrait de la Scimitar auprès de la clientèle Britannique (il y a bien eu quelques tentatives d'exportation vers le Bénélux et la Suisse mais cela ne concernera qu'une trentaine de SE5) et les ventes commencent à chuter dramatiquement depuis quelques années… Raison pour laquelle Reliant travaille à la conception d'un cabriolet Scimitar qui voit le jour en 1980 sous le vocable de GTC. Une sympathique tentative de diversification de la part d'une enseigne qui s'aperçoit que l'ère des constructeurs marginaux est en train de disparaître… On ne peut lui reprocher un manque d'esthétisme, même si la présence d'un arceau de sécurité en T alourdit l'ensemble. Un Hard-Top avec lunette arrière dégivrante était aussi disponible. A partir de cette époque tous les châssis Reliant sont en acier galvanisé. Bien pensé avec ses dossiers de sièges arrières rabattables permettant, comme sur la GTE, une bonne surface de chargement ce Cabriolet GTC mécaniquement identique au Coupé ne connaitra qu'un succès d'estime qui ne permettra pas à Reliant d'espérer une quelconque relance de son activité (les autos à trois roues, spécialité de la firme et qui sont toujours au catalogue, périclitent aussi dangereusement). La production des GTE et GTC cesse en 1986 au profit du roadster Scimitar SS1 (qui n'a strictement rien à voir avec les GTE/GTC ) après la production de 14 716 exemplaires. GTE SE5 : 4 311 GTE SE5a : 5 105 GTE SE6 : 543 GTE SE6a : 3 877 GTE SE6b : 437 GTC : 443 Un des derniers modèles de 1986. Laissant "un grand vide" dans l'esprit des passionnés de l'automobile Britannique il n'est pas étonnant que deux amis ayant réussi dans les affaires, Peter Boam et John McCauley, décident de racheter l'outillage de la Scimitar à Reliant afin d'en continuer la production en s'associant avec un gros collectionneur japonais alors propriétaire du groupe de génie civil Middlebridge et de l'écurie de F1 Brabham : Kohji Nakauchi. Leur but est de relancer la production de la Scimitar GTE à raison de 300 exemplaires annuels afin de proposer sur le marché une "ancienne neuve" à la manière de Morgan mais en bien plus moderne puisque près de 450 modifications seront remarquées par rapport à la dernière "vraie" GTE produite, allant de la simple aiguille de compteur au moteur V6 2,9 litres de 145 ch désormais issu de la gamme Ford Scorpio. Le client aura aussi de nouveau le choix de la boite de vitesses avec une Ford T9 manuelle à cinq rapports ou une Ford A4LD automatique à quatre vitesses. Les droits de fabrication des Scimitar GTE et GTC sont acquis en juin 1987 et la production est effective dès l'année suivante, l'usine étant inaugurée par la Princesse Anne marraine de l'évènement (et qui achètera la cinquième Middlebridge Scimitar produite ). Très luxueuses et parfaitement finies les "Middlebridge" distribuées en Grande-Bretagne par un réseau de 24 concessionnaires seront hélas vendues bien trop cher pour intéresser la majorité des clients potentiels. Le V6 de la Scorpio sous son capot. Très loin des chiffres de ventes espérés la société est mise en liquidation en 1990 après la fabrication de seulement 77 exemplaires de GTE et d'une seule GTC qui ne sera même pas terminée avant la fermeture des portes ! Les droits de production sont ensuite acquis par la société Graham Walker Ltd qui peut d'ailleurs, si vous le souhaitez et en avez les moyens, vous construire en 2023 une Scimitar sur simple demande de votre part ! La société Reliant continuera l'aventure automobile en changeant plusieurs fois de mains et en produisant toujours ses Robin à trois roues épaulées par une Kitten à quatre roues qui sera un grave échec commercial tout comme la SS1… A court de trésorerie les actionnaires annoncent la fin de la production automobile de Reliant en 2001, la firme n'étant plus désormais que l'importateur des véhicules Ligier puis Piaggio pour le Royaume-Uni. En six décennies cette marque a tout de même produit plus de deux millions de véhicules. De nos jours les Reliant sont des autos totalement oubliées sur le vieux continent, tout au plus le "calé en bagnoles" vous parlera t-il "des saloperies à trois roues qui se retournent dans Top Gear" en oubliant (ou ignorant) que le sujet était complètement bidonné par l'équipe de tournage, mais de Scimitar GTE point ! Pourtant elles méritent vraiment le détour et si les exemplaires à volant à gauche sont rarissimes (comme déjà dit une trentaine de SE5 et trois Middlebridge) la conversion RHD/LHD est possible (mais coûteuse) ! Mécaniquement sans histoires avec leurs moteurs Ford indestructibles on trouve des Coupés SE4 pour 15 000€ et des Scimitar GTE pour environ 10 000€ voire même moins pour un cabriolet GTC pourtant produit à une poignée d'exemplaires… Il faudra juste faire avec une finition artisanale, des pièces spécifiques disponibles uniquement chez "nos meilleurs ennemis historiques" et une électricité facétieuse du fait d'une carrosserie en plastique qui peut d'ailleurs finir par se fissurer au fil du temps, rien d'insurmontable quoi ! Description d'un exemplaire de 1974 (en Français) : Très bel exemplaire expatrié en Nouvelle-Zélande : Une rare Middlebridge de 1989 : Jensen. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
NyvetDuPiC 27 août 2023 Signaler Partager 27 août 2023 Reliant Scimitar GTE - Courseulles-sur-Mer - Mai 2015 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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