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70s (1971-…)

[Topic officiel] Renault IKA Torino : La multinationale d'Argentine


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RENAULT IKA TORINO : Américano-Franco-Italo-Argentine ! :D

 

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La vieille Europe n'a pas le privilège des fusions et autres rachats dans l'industrie automobile, le continent Américain a lui aussi connu ce genre d'aventure et celle dont je vais vous narrer l'histoire vaut son pesant de cacahuètes. :oui:

 

Tout commence à la fin de la seconde guerre mondiale aux USA où Henry Kaiser, constructeur naval, décide de s'associer à Joseph Frazer pour créer le Kaiser-Frazer Corp. en vue de produire des automobiles dès la fin du conflit.

 

Ce sera chose faite en 1946 mais très rapidement les fondateurs s'aperçoivent qu'ils ne sont pas de taille à résister aux trois Majors US et, malgré le rachat d'Overland Willys qui fabrique la Jeep en 1953 il est clair que l'aventure va tourner court... :sic:

 

Une décision originale va donc être prise en 1954 : Quitter les Etats-Unis avec armes et bagages et aller s'installer dans un pays où le marché est moins développé ! :o

 

Un accord est vite trouvé avec le gouvernement et des investisseurs Argentins qui autorisent l'installation de la firme à Santa-Isabel dans la province de Cordoba où un terrain de 200 hectares est donné pour la fabrication d'une usine qui, dès 1955, va accueillir les 9 000 tonnes du matériel de production ramenés des USA.

 

Il faudra donc désormais compter avec un nouveau constructeur : IKA (Industrias Kaiser Argentina).

 

 

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Les premières autos produites et vendues sur place ne sont que des Kaiser Manhattan 1953 à peine retouchées, mais très vite IKA va décider de commercialiser en 1958 une Carabela étroitement dérivée de la précédente : Moteur 6 cylindres en ligne 3,7 litres Continental de 116ch SAE, boite mécanique à trois rapports (avec première non synchronisée), roues avant indépendantes mais essieu arrière rigide suspendu par des ressorts à lames et quatre freins hydrauliques à tambours.

 

 

Une berline Kaiser Manhattan 1953.

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Et la version Carabela Argentine.

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Si la mécanique n'a rien d'affriolant on peut au moins affirmer que c'est du costaud fait pour durer, et ce d'autant que les routes Argentines sont à l'époque de vilaines pistes plus ou moins carrossables en fonction de la saison... :bah:

 

Hélas, malgré un bel équipement de série (elle possédait la radio d'origine) et sa capacité à accueillir jusqu'à sept personnes à bord les ventes déclinent très rapidement, et ce à cause du niveau de vie limité des habitants du pays qui s'orientent alors plutôt vers des petites cylindrées faute de moyens mais aussi au fait que les autos d'origine US se démodent très vite et la Carabela, dont les origines stylistiques remontent désormais à une dizaine d'années, est considérée comme dépassée.

Raison pour laquelle la commercialisation du modèle cesse en 1962 après la vente de 10 225 unités.

 

 

En 1959 la firme avait déjà signé un contrat avec Renault pour la production et la vente de la Dauphine en Argentine, une auto en fin de compte mieux adaptée à la clientèle locale mais aussi avec Alfa-Roméo pour la production locale de la "Kaiser Bergantin" sorte de patchwork international composé d'une carrosserie d'Alfa 1900 (les Argentins ont hérité des presses d'emboutissage d'un modèle qui n'était plus fabriqué en Italie) avec une mécanique US à quatre cylindres de Jeep ou le six cylindres Continental de la Carabela... :hihi:

 

 

L'IKA Kaiser Bergantin, une "Alfa" dotée d'une mécanique US et d'une suspension Italienne.

Ce ne sera pas une grande réussite... :non:

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Chère, avec un gros moteur trop lourd qui déséquilibrait la voiture et "des freins de Jeep" d'une totale inefficacité la production s'arrête dès 1962 après moins de 8 000 exemplaires vendus.

 

Grâce à un autre accord passé en 1961 avec AMC (American Motors Company) IKA peut commercialiser dans le pays les modèles Rambler issus de la gamme US du constructeur puis, à partir de 1964, produire en CKD sur place (Assemblage local à partir de pièces expédiées du pays d'origine ou d'Afrique du Sud).

 

 

AMC essaiera aussi d'implanter sa marque Rambler en France suite à un accord qui permettait à Renault d'avoir "enfin" une auto de gamme supérieure à proposer.

Fabriquées en Belgique ces voitures, inadaptées au marché Français, se vendront très mal et l'affaire se soldera par un échec total dans l’hexagone...

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C'est alors un peu l'âge d'or des voitures US en Amérique du sud, la gamme proposée allant de la Classic à la Custom en passant par la luxueuse Ambassador, tous ces modèles habitueront les Argentins aux vitres électriques, à la direction assistée et à la climatisation... :jap:

 

 

L'Ambassador, une belle voiture de luxe fabriquée en Argentine par IKA pour le marché local.

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Pourtant les dirigeants d'IKA ne sont toujours pas satisfaits et souhaiteraient une voiture encore mieux adaptée au marché national et ce d'autant que Ford avec sa Falcon et Chevrolet avec sa 400 semblent avoir plus les faveurs des clients...

Depuis quelques années la firme fabrique et vend aussi bien des voitures US qu'européennes et il germe dans l'esprit de ces derniers que la mise au point d'une auto originale qui ferait la synthèse entre la robustesse des produits Américains et le design des voitures du vieux continent pourrait bien être le ticket gagnant ! :oui:

 

Les techniciens Argentins vont partir de la plate-forme de la Rambler American, un modèle récent et réussi dont ils vont considérablement renforcer la caisse afin de mieux l'adapter aux conditions de circulation locales.

 

Afin de cacher les origines de la voiture le carrossier Italien Pininfarina est contacté et accepte de redessiner l'auto afin de lui donner des lignes plus "latines", quand à la mécanique on va emprunter un moteur 2,9 litres à six cylindres de la gamme... Jeep !

 

Ce groupe, revu et corrigé par les Argentins et baptisé "Tornado Special", est assez moderne puisque doté d'un arbre à cames en tête et développe 120ch à 4 200Trs grâce à un carburateur US Holley 2300C.

 

La boite est mécanique à quatre rapports au volant et sa suspension, si elle reste "américaine" à l'avant, bénéficie de celle de la Bergantin à l'arrière (autrement dit d'origine Alfa-Roméo... :ddr: ).

 

La présentation de la nouvelle Torino a lieu le 30 novembre 1966 sur l'autodrome de Buenos-Aires en compagnie de tout l’aréopage automobile local et la presse du pays.

Bien entendu les responsables d'IKA sont fiers de présenter une voiture "100% Argentine" en omettant que caisse et moteur sont américains et design italien. :hihi:

 

 

Le grand Fangio ne pouvait rater pareille occasion ! :ange:

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Considérée comme une auto de haut de gamme à tendance sportive, la Torino est présentée avec deux carrosseries : Berline quatre portes et coupé deux portes.

Cerise sur le gâteau le coupé est même disponible avec le moteur "Tornado Interceptor" de 3,8 litres pour 160ch et boite ZF Allemande à quatre rapports et levier au plancher.

 

Désormais considérée comme une auto 100% Argentine (ce qui était un peu vrai puisque très peu de pièces étaient importées) la gamme Torino reste hélas inaccessible au commun des mortels local et les ventes ne dépassent pas les 15 000 annuelles.

 

Très vite une version à hautes performances va voir le jour : La Torino 380W avec toujours le 3,8 litres mais gavé par trois carburateurs Weber 45 DCOE qui permettent au moteur de développer la puissance de 180ch et d'espérer atteindre les 195 km/h.

 

 

 

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Les berlines sont des concurrentes directes des Ford Falcon mais les coupés sont, pour une courte durée, quasiment les seuls sur le marché (si l'on excepte les Mercedes hors de prix vendues localement) et, malgré l'enthousiasme de la période de lancement, les ventes ont du mal à décoller... :sic:

 

En fait les Argentin à hauts revenus qui peuvent se payer une telle auto préfèrent en rester à des valeurs sures du marché et on va vite s'apercevoir que la Torino passe son temps à "courir après la Ford"... :bah:

 

 

 

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La marque décide alors de se tourner vers la compétition afin d'améliorer son image et inscrit trois voitures en 1969 pour les 84 heures du Nürburgring.

Contre toute attente l'une d'entre-elle va finir à la quatrième place ! :eek:

 

 

La victoire fut très proche pour l'équipe Argentine !

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Le pire étant qu'elle aurait même du gagner au terme de la distance parcourue mais elle fut rétrogradée à la suite d'une fumeuse histoire d'échappement réparé durant la course, les deux autres ayant abandonnées sur sortie de piste.

 

 

 

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La Torino se vengera en remportant à quatre reprises la Turismo Carretera (le championnat Argentin des Rallyes) en 1967, 1969, 1970 et 1971 avec une mécanique souvent portée à 4 litres et 248ch.

 

Pourtant les choses évoluent en profondeur chez IKA à cette époque : Dès 1967 Renault devient l'actionnaire majoritaire de la firme qui devient "IKA-Renault" et cesse la commercialisation de la gamme Jeep tout en conservant pour encore cinq années celle de l'Ambassador.

 

Les choses sont claires désormais : Renault est en passe de devenir le maître à bord et va tout faire pour imposer ses produits. :bah:

 

Ce sera d'ailleurs le cas avec les R12 ou R6 qui seront très vite fabriquées et distribuées sur place, les jours de la Torino sont-ils désormais comptés ? :??:

 

Ce serait logique mais non ! :lol:

 

 

La Torino n'est pas encore bonne pour la retraite !

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En fait la Régie a bien compris l'importance que cette voiture a dans le cœur des Argentins, et même si les ventes restent somme toute modestes en arrêter la production serait presque une déclaration de guerre dans le pays...

 

La gamme Torino reste donc en perpétuelle évolution et les Argentins mettent un point d'honneur à présenter de nouveaux modèles à chaque millésime, "à l'américaine" en quelque sorte... :p

 

 

 

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Tous les détailler ici serait fastidieux mais on peut tout de même relever quelques évolutions comme la proposition en 1970 de Pininfarina de changer les feux arrières rectangulaires au profit de quatre petits feux ronds déjà proposés sur la Dino 246, le tout avec un nouveau tableau de bord et de nouvelles jantes.

La même année une berline S voit le jour avec un moteur dégonflé à 117ch, très largement suffisant compte-tenu des conditions de route du pays il avait aussi l'avantage d'être financièrement plus abordable.

 

 

 

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En 1972 le moteur "Tornado" bénéficie d'une nouvelle pompe à eau, d'un carter d'huile modifié et d'une révision de sa distribution.

 

Pour 1973 les choses sont beaucoup plus sérieuses puisque la mécanique va encore considérablement évoluer :

 

-Vilebrequin à sept paliers

-Poussoirs de soupapes hydrauliques

-Double arbre à cames en tête

-178ch à 4 300Trs

 

Les modifications sont telles qu'il perd son nom "Tornado" au profit de "Torino 233".

 

En 1975 les quelques actions conservées par les Américains sont cédées à Renault, la marque "IKA Renault" disparaît au profit de Renault Argentina.

 

 

 

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Le premier choc pétrolier a fait remarquer aux Argentins que la Torino n'était pas un exemple de sobriété, ne consommant jamais moins de 12 litres aux cent... :sic:

 

Les ventes s'en ressentent mais pourtant la Régie ne se décide pas à condamner un modèle inédit qui devient, au passage, la seule Renault à propulsion ! :ddr:

 

En 1979, et ce même si l'auto est frappée d'obsolescence, un ultime restyling est adopté sur la Torino qui profite de nouveaux sièges, de pare-chocs plus gros et... Du losange sur sa calandre au détriment du taureau qui était le symbole de l'auto depuis 1966.

 

 

Vous n'avez pas la berlue : C'est bien le losange sur la calandre ! :D

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Une des toutes dernières avec l'option roue de secours sur le coffre...

On notera les ultimes feux arrières présents depuis 1975.

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Plus personne n'est dupe et il est clair que la présence au catalogue de ce dinosaure est surtout la pour flatter l'égo des locaux et surtout pour laisser le temps d'adapter la Renault 18 au marché local car, cela peut paraître incroyable, c'est elle qui remplacera la Torino dans la gamme Argentine... :roll:

 

En 1981 la dernière Torino sort des chaînes de Santa-Isabel, une période de l'histoire automobile du pays se tourne. :cry:

 

99 792 exemplaires produits : 42 534 berlines et 57 258 Coupés.

 

 

 

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Conçue par des passionnés et vendue à un peuple du même acabit et de surcroît doté d'une belle fibre nationaliste la Torino est encore considérée en 2018 par les Argentins comme la seule voiture 100% Nationale jamais construite.

 

Elle bénéficie sur place d'une aura de légende, plus aucun exemplaire en bon état ne s'échangeant désormais à moins de 30 000€ et vous savez quoi ? Toutes les pièces sont encore disponibles ! :bien:

 

Pour la petite histoire, et bien que la Torino ne fut jamais importée chez nous un Coupé TS des années 70 de couleur Or métallisé existe en plaques Françaises, sans doute importé à titre individuel.

A ma connaissance c'est le seul exemplaire visible dans notre pays ! :oui:

 

 

Un p'tit tour sur la rocade ?

 

Publicité d'époque :

 

Une des toutes dernières de 1981 présentée par son propriétaire :

 

 

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:coucou:

 

NB : Cette histoire est issue du topic suivant : Cette voiture a une histoire peu banale. (Index en page 1)

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