Cette voiture a une histoire peu banale. (Index en page 1)

[tirage rapide 59]

Il y a 3 heures, daniel762 a dit :

 

En même temps, ce n'était qu'un gardien, pas forcément connaisseur de l'histoire de la marque ni capable d'en reconnaître un ancien modèle...

  il aurait été chez peugeot ou renault avec une ancêtre  du même acabit  ,on lui aurait dit la  même chose "vire ta chignole de l'entrée"

Modifié 30 juin 2022 par tirage rapide 59

[Le Cheetah]

Il y a 18 heures, daniel762 a dit :

En même temps, ce n'était qu'un gardien, pas forcément connaisseur de l'histoire de la marque ni capable d'en reconnaître un ancien modèle...

Le gardien n’obéissait qu’aux ordres, mais était certainement plus agressif devant une « vieillerie » que devant une CX flambant neuve.

Ce que je retiens surtout de cette anecdote ce n’est pas la réaction du gardien qui ne faisait que son métier, mais c’est la naïveté de Sabatès qui tenait à vouloir garer comme un trophée sa Rosalie juste devant l’entrée de l’usine Citroën en oubliant que le but de cette usine était de sortir le plus possible de voitures neuves et donc pour qui le passé n’avait aucun intérêt, voire était un handicap à l’image de modernité que voulait donner la firme.

Cependant la réaction d’un gardien de tout autre constructeur aurait très certainement été la même car dans ces années des “Trente glorieuses” toutes les “vieilles voitures“ (on ne pensait pas “collection”) étaient vouées à la casse sans distinction afin de faire place aux voitures neuves.

Autres temps, autres mœurs... Sabatès était juste en avance. 

                    

Entrée de l’usine à l’embauche – c’était peut-être lui ?

[CR 805]

Sûr. Au milieu des années 70......

Pour l'équivalent de 75 € tu avais une Traction et personne ne voulait d'une DS qui avait vécu....ça faisait gitan.

[Le Cheetah]

 

Le 30/06/2022 à 18:55, daniel762 a dit :

En même temps, ce n'était qu'un gardien, pas forcément connaisseur de l'histoire de la marque ni capable d'en reconnaître un ancien modèle...

Réputés pour leur intransigeance, les gardiens de l’usine Citroën, souvent d’anciens militaires, n’étaient pas particulièrement appréciés du personnel. Lors des grandes grèves de mai 1968 le "chef du service de gardiennage", un certain Marcel Vermot, y était pendu en effigie !

           

 

_______________________________

Modifié 3 juillet 2022 par Le Cheetah

[jensen]

 

 

 

Morris Marina : Anonymement votre.

 

 

 

 

 

Je vous l'ai déjà dit, il n'y a pas que des Ferrari sur la route mais aussi des millions d'autos dont le seul but est de servir fidèlement leurs propriétaires, et la Morris Marina est de celles-ci.

 

Morris est un constructeur Britannique fondée par William Morris qui produisit sa première automobile en 1913 du côté d'Oxford.

 

Fabricant de petites autos de qualité la marque s'arroge 51% du marché anglais en 1924.

 

 

Morris Cowley de 1926.

 

 

A la même époque un certain Cecil Kimber, propriétaire d'une concession Morris, décide de réaliser des dérivés sportifs sous l'enseigne MG (pour Morris Garage), c'est de nouveau un succès d'ailleurs sanctionné en 1938 par le rachat de l'officine par la maison-mère qui profite des bonnes ventes de sa petite Minor (présentée en 1928) pour acquérir également les marques Riley et Wolseley et rassembler le tout sous l'enseigne Nuffield Organisation.

 

La guerre arrive et Nuffield passe le conflit à fabriquer des moteurs d'avions et de chars.

 

L'après-guerre voit la présentation d'une nouvelle Minor qui aura en Grande-Bretagne la même destinée que la 4cv en France : Mettre le pays sur quatre roues grâce à une auto populaire, sans histoires et bon marché.

 

La Morris Minor conçue par Alec Issigonis, présentée en 1948 elle fera carrière jusqu'en 1970 ! 

 

 

 En 1952 l'enseigne fusionne avec Austin pour former le groupe BMC (British Motor Corporation).

 

En 1968 BMC fusionne de nouveau avec le groupe Leyland pour former la British Leyland, intégrant désormais les marques Austin, Austin-Healey, Morris, MG, Riley, Wolseley, Triumph, Jaguar, Rover, Daimler, Land-Rover, Leyland et Vanden Plas.

 

Et malgré ce conglomérat hallucinant on s'aperçoit à cette époque que le groupe n'a pas franchement dans sa gamme les produits capables de concurrencer les Ford Cortina ou Vauxhall Viva qui se vendent par dizaines de milliers sur l'île !  

 

Morris n'a que sa sempiternelle Minor à présenter à la clientèle et, compte-tenu de l'âge canonique de la bête, elle ne se vend plus qu'au compte-gouttes…  

 

Et oui, nous en étions là en 1968 chez Morris avec cette Minor à la face avant simplement retouchée !  

 

 

Les Maxi et Mini Clubman viennent d'être lancées sous l'enseigne Austin, il est alors clair pour les dirigeants que l'apparition d'une auto simple et robuste qui s'intégrerait entre les deux précédentes s'impose car la BMC 1100/1300 présentée en 1962 et vendue sous de nombreux labels (Austin, Morris, MG, Wolseley, Riley et même Vanden Plas) reste une auto considérée par beaucoup à juste titre comme "raffinée" avec sa traction avant et son moteur transversal mais assez coûteuse.

 

La BMC 1100/1300, ici en version Vanden Plas Princess, fut l'un des derniers succès de la British Leyland avant sa descente aux enfers.

 

 

Le projet ADO28 voit alors le jour et il est très simple : 

 

-Reprise de la plate-forme de la Minor

-Architecture mécanique classique avec moteur avant et propulsion

-Quatre portes avec coffre et possibilité d'en dériver une gamme break et fourgonnette.

-Motorisations 1100, 1300 et 1500 cm3

 

Clairement le groupe prend pour base de travail la Fiat 124 présentée deux ans plus tôt, pour les dirigeants c'est une sorte de Graal à atteindre.  

 

Avec une commercialisation prévue pour le Salon de Londres 1970 on ne va pas faire dans la dentelle, de toute façon ce projet n'est destiné qu'à devenir "une auto de transition" puisque son remplacement est déjà prévu pour 1976  !  

 

En juillet 1968 le styliste Roy Haines est mandaté pour dessiner au plus vite une carrosserie avec pour priorité de réutiliser un maximum de pièces déjà existantes dans la gamme British-Leyland, il faut donc faire au plus vite ! 

 

Dès le 5 août on présente deux dessins aux dirigeants, Roy ayant décidé de proposer deux carrosseries pour le lancement : Une berline et un Coupé destiné à une clientèle plus jeune tout en conservant un dessin des plus classiques.

 

Première maquette de Roy Haines, effectivement on a fait dans le "classique rapide" !  

 

 

 

 

 

Il faut attendre quelques jours pour qu'arrivent les propositions de Michelotti et Pininfarina eux aussi contactés. 

 

Finalement la proposition interne est retenue y compris le dérivé Coupé pourtant non prévu à l'origine mais à la condition expresse de serrer au maximum les coûts de développement car il est alors indiqué que la future auto devra être vendue sous la barre, alors fatidique, des 600 £ !  

 

Premier problème il n'est pas possible de reprendre la transmission de la Minor car la première n'est pas synchronisée !

 

On trouve une autre boite de vitesses d'origine Triumph, vaille que vaille elle fera bien l'affaire…   

 

Des dissonances se font déjà entendre du côté des cadres de l'ancien groupe BMC : Depuis dix ans on a tout misé sur la traction, proposer une auto badgée Morris avec une transmission classique pourrait faire croire que l'on abandonne ce concept novateur qui a fait le succès de la Mini aux constructeurs du continent.  

 

L'ambiance s'assombrie de plus en plus au siège…  

 

On sait que Ford va sortir une Cortina plus grande que la précédente, celle justement qui était dans le viseur de British-Leyland... 

 

Que faire alors ? Abandonner le projet ?  

 

Non ! On agrandi juste le compartiment moteur afin d'y mettre des motorisations plus puissantes que celles prévues à l'origine et le programme continue ! 

 

Oui, mais alors le prix de vente inférieur à 600 £ ne tient plus la route !  

 

Une nouvelle table ronde mettra tout le monde d'accord : On envisage de mettre le prix de lancement à 620 £, cela reste "raisonnable" (le bénéfice par auto vendue ne dépassera alors plus les 20 £...) mais on se rattrapera en faisant un gros forcing sur les flottes d'entreprises et les sociétés de location, histoire de grossir le volume des ventes.

 

Bref la voiture n'est pas encore présentée au public que beaucoup ont déjà des doutes sur son succès…  

 

Dès l'automne 1969 le style est figé. 

 

 

 

 

 

 

40 000 000 £ sont investis à la même époque dans la modernisation de l'usine de Cowley avec même la construction d'un pont pour en améliorer l'accès et accueillir une future auto dont le nom n'est même pas encore choisi, en fait on hésite encore entre Machete, Mamba, Maori, Major, Mirage et Marina !  

 

Il faudra attendre les derniers jours de 1969 pour que Marina soit définitivement sélectionné.

 

Dans les premières semaines de 1970 des prototypes circulent, et ce sont plus des "bricolages" qu'autre chose.

 

En clair on a pris un plancher allongé de Minor sur lequel on a installé une mécanique issue d'une Midget le tout "planqué" sous une carrosserie de Vauxhall Viva !  

 

Mais à priori cela fonctionne (certains essayeurs de la marque affirmeront même que ces mulets étaient de très loin les meilleurs produits du groupe à l'époque…  ) 

 

Mais malgré la célérité des équipes dévouées au projet la présentation de la Marina ne peut avoir lieu au Salon de Londres, on se contentera d'une présentation officielle dans les environs de Cannes le 27 avril 1971. 

 

 

 

 

 

 

Spot de lancement de la gamme :

 

 

 

Bon, on ne va pas se mentir !  

 

British-Leyland voulait sortir une "machine à rouler" et c'est fait. 

 

Nous sommes devant un véhicule de 4,22 m de long, 1,64 m de large et 1,42 m de haut pour un poids d'environ 830 kg.

 

Le moteur est, pour l'instant, un quatre cylindres de 1 275 cm3 développant 57 ch Din à 5 500 tours qui emmène la bête à 135 km/h.

 

Le Coupé ne dispose pas d'un hayon à l'arrière, c'est une deux portes et ces dernières sont les mêmes que sur la berline, l'accessibilité n'y gagnera pas !  

 

 

La direction est à crémaillère, la suspension à barres de torsion à l'avant avec amortisseurs à levier (comme sur la Minor) et l'essieu arrière rigide est doté d'amortisseurs télescopiques et d'une paire de bonnes lames de ressorts !  

 

Une suspension plus rustique que celle-ci ? Ca s'appelle une brouette !  

 

 

Les freins sont à disques à l'avant et à tambours à l'arrière, assistés uniquement sur les versions destinées à l'exportation.

 

L'intérieur est "classique" mais l'équipement est très convenable avec deux vitesses d'essuie-glace, deux feux de recul et même un allume-cigare.

 

 

 

 

Les premiers essais réalisés par la presse spécialisée vont montrer un manque de mise au point flagrant de l'auto ! 

En fait la suspension avant n'est pas du tout aboutie et occasionne un sous-virage effrayant que l'essieu arrière n'arrange pas, un journaliste de Car Magazine sortira même d'un large virage à droite pris à vitesse normale en mordant complètement sur l'accotement de gauche, un miracle que personne n'arrivait en face !  

 

Devant la bronca déclenchée par les essayeurs présents sur place qui menaçaient de dénoncer un comportement ouvertement dangereux de la Marina et donc de plomber sa carrière la firme décide de modifier la suspension illico tant sur les modèles d'essais que sur ceux déjà sortis d'usine en changeant le tourillon reliant le bras inférieur au pivot de direction, une manipulation simple mais qui montre combien la mise au point fut hâtive et mal organisée en interne… 

 

 

Par contre la Marina est parfaitement étanche, il faut dire que vu son pays de provenance il valait mieux être prudent sur ce point.  

 

 

En France la voiture est commercialisée au prix de 12 490 Frs le Coupé et 12 990 Frs la berline, c'est un tarif franchement intéressant au niveau d'une Peugeot 104 plus petite et bien moins équipée.

 

Les Marina destinées au marché Européen seront toutes assemblées dans l'usine Belge du groupe.

 

 

 

Dès le millésime 1973 une 1800 avec moteur de 1 798 cm3 pour 78 ch Din à 5 100 tours est présentée, disponible chez nous uniquement en quatre portes elle emmène ses occupants à plus de 150 km/h pour un prix juste sous la barre des 15 000 Frs.

 

 

 

 

On améliore encore le produit avec une 1800TC à double carburateur de 87 ch capable de plus de 160 km/h ! 

 

Hélas cette "presque sportive" vendue 16 690 Frs en quatre portes (un peu moins en Coupé) est vite réputée délicate sur mauvaises routes, visiblement les trains roulants n'acceptent que difficilement cette puissance et cela va vite se savoir dans le milieu : Les ventes, déjà peu brillantes chez nous avec les versions de base, seront anecdotiques avec ce moteur.

 

Pourtant la Marina est un bon succès sur ses terres et un break sera proposé en octobre 1972, de même que des dérivés utilitaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec une telle suspension arrière la fourgonnette n'avait pas de soucis à se faire : On pouvait charger !  

 

 

Existe aussi en Pick-Up, un peu plus sexy que notre Peugeot 404 contemporaine !  

 

 

On pourrait même en vendre beaucoup plus mais, dès juin 1971, les ouvriers de Cowley se sont mis en grève, c'est le début du très long processus de déliquescence de l'industrie automobile Britannique…   

 

La direction en est même réduite à demander aux concessionnaires locaux de ne plus accepter de nouvelles commandes, les délais de livraison sur l'île dépassants les cinq mois…

 

En 1972 dix semaines de grèves vont plomber les comptes de la firme de plus de 10 000 000 £. 

 

Cela ne s'arrangera pas et même si les cadences de production pouvaient monter à 5 000 exemplaires par semaine le record ne sera que de 4 250 en juillet 1974 avec toujours des conflits sociaux pour un oui ou un non, et tout le monde va s'y mettre : Les peintres, les soudeurs, les caristes, les administratifs… Et jamais en même temps !  

 

N'obtenant pas toujours satisfaction certains employés n'hésiteront pas à faire comme leurs homologues des pays de l'Est : Sabotage de l'outil de travail !

Poignées de sable dans les réservoirs, peinture très mal appliquée, tableaux de bords volontairement mal fixés etc etc...

 

L'usine Belge fait ce qu'elle peut avec les pièces défectueuses expédiées de Grande-Bretagne et la Marina s'avance vers l'échec commercial criant sur le vieux continent.  

 

En octobre 1975 une Marina 2 est présentée à la presse internationale.

 

La copie est revue de fond en comble avec l'ajout de barres antiroulis sur les deux essieux censés améliorer un comportement routier dépassé, on note aussi une modernisation de la carrosserie ainsi que de l'habitacle.

 

Les versions les plus luxueuses disposent désormais de longue-portées dans la calandre.

 

 

Et même d'un revêtement de toit en vinyle.

 

 

La planche de bord est désormais tellement bien "agencée" que seul le passager peut manipuler l'autoradio tourné vers lui, nous sommes à l'inverse de ce que BMW va sortir à la même époque sur sa Série 3 E21 !  

 

 

Pour la France seule la berline "Super" est désormais au programme d'importation avec un moteur 1300 de 60 ch et une boite automatique disponible sur demande.

 

Le prix de 18 990 Frs est une véritable affaire mais la réputation des autos Britanniques est désormais "bien établie" et plus personne ne songe à aller pousser la porte d'une concession BL pour acquérir une Marina mal finie, aux liaisons au sol dépassées et qui rouille comme une Italienne ! 

 

Les petits budgets hexagonaux se tournent alors vers les productions de l'Est et les Japonaises.

 

 

 

 

 

 

En 1979 le marché Britannique peut compter sur une nouvelle motorisation 1700 avec un groupe de 1 698 cm3 développant 79 ch à 5 150 tours et arbre à cames en tête emmenant l'ensemble à 158 km/h.

Les versions "continentales" en resteront au 1300.

 

Le tour du propriétaire :

 

 

 

En juillet 1980 un dernier "replâtrage" de la Marina apparait avec l'Ital.

 

 

 

 

Ce nom, qui a fait croire à beaucoup que le design de l'auto venait de Turin est en fait une sorte "d'escroquerie intellectuelle".  

 

Pour être clair le styliste qui a redessiné cette Morris n'est autre qu'Harris Mann, l'homme qui s'était déjà rendu "coupable" de la Princess et de la Triumph TR7… 

 

 

 

 

 

 

Le cabinet Ital Design de Giorgetto Giugiaro n'a eu qu'un rôle consultatif quand à l'industrialisation de la voiture, pourtant British Leyland a adroitement communiqué pour faire croire à la cantonade que l'officine était bien responsable du design de l'auto, mais sans le dire clairement (ce qui valait mieux)…  

 

Pour la petite histoire la manip' n'a pas été du tout appréciée de l'autre côté des Alpes.  

 

Spot publicitaire pour l'Ital, assez ambiguë à vrai dire :  

 

 

 

Dire que l'Ital est une nouvelle voiture est un bien grand mot.

 

Les optiques sont agrandies, les poignées de portes changées et l'intérieur est considérablement modifié avec une insonorisation désormais digne de ce nom.

 

Et on se débarrasse ENFIN des amortisseurs avant à levier issus de la Minor de 1948 au profit de modèles télescopiques, mieux vaut tard…   

 

 

On notera sur le volant la présence du nouveau logo Austin-Morris.

 

 

 

 

 

Sa commercialisation en France débute dès les premières semaines de 1981 au prix compétitif de 36 000 Frs et uniquement en berline HLS dotée du moteur 1 275 cm3 issu non plus de la Mini comme auparavant mais de l'Austin Allegro, il est plus moderne et plus souple mais ne développe guère plus de 62 ch Din.  

 

En Grande-Bretagne et sur certains marchés un 1700 de 79 ch sera aussi proposé, de même qu'un break et une fourgonnette.

 

 

 

 

 

Inutile de dire qu'il n'y aura qu'outre-Manche que les ventes seront conséquentes, sur le continent cette voiture totalement has been ne convainc plus personne (en France son importation cesse dès 1982 après la vente de quelques dizaines d'autos d'ailleurs concurrencées en interne par l'anglo-nipponne Triumph Acclaim) et le rideau tombe en 1984 lors de la présentation de l'Austin Montego qui en profite pour enterrer définitivement la marque Morris.

 

Les chaînes de production sont alors démontées et expédiées à Lahore au Pakistan pour un assemblage local, mais j'avoue ne pas avoir trouvé d'informations claires sur le nombre d'autos produites ni sur la durée.  

 

Production totale : 

1 163 116 Marina

175 276 Ital

 

Au moins 805 000 d'entre elles ont été vendues en Grande-Bretagne, ce qui en dit long sur le succès de la Marina à l'export…  

 

A l'étranger une tentative de commercialisation est effective aux USA dès 1972 sous le label Austin (Morris n'y étant que peu connu là-bas).

 

 

 

 

Devant la qualité de fabrication désastreuse de la voiture les ventes ne décolleront jamais (malgré une crise pétrolière pourtant favorable aux petites cylindrées) et la Marina sera retirée du marché US au début de 1975 après la distribution, très laborieuse, de quelques centaines d'exemplaires tous fabriqués à Cowley.

 

 

Seul le marché Canadien sera "sensible" à la marque Austin et 4 000 autos y seront vendues chaque année jusqu'en 1978, pas de quoi pavoiser non plus.  

 

 

Elle fut fabriquée dès 1972 sous enseigne Leyland en Australie et commercialisée avec des quatre cylindres 1500 et 1750, puis un six cylindres en ligne de 2,6 litres prend place sous le capot sous le vocable de Marina Red Six avec une boite manuelle Borg-Warner à trois rapports (la première avait été supprimée car jugée inutile compte-tenu du couple moteur important   ).

 

 

La gamme Australienne initiale, très voisine de la Britannique.

 

 

Ici la six cylindres avec sa calandre spécifique.

 

 

Toute la gamme subira un échec commercial patent et l'usine est fermée dès 1975, toutes les machines-outils sont alors envoyées à Blackheath en Afrique du Sud qui continuera la production pour son propre marché durant plusieurs années.

 

Au milieu des années 90 des utilitaires sur la base de la Marina furent proposés par le Chinois Chengdu pour son marché national, à priori en réutilisant les machines expédiées au Pakistan dix ans auparavant (les deux pays entretenant d'excellentes relations).

Ici aussi l'histoire fera long feu et Chengdu "baissera le rideau" vers 1998 après la fabrication de quelques centaines d'exemplaires… 

 

Mais vous allez voir que notre brave Marina est à l'origine du développement d'un constructeur aujourd'hui mondialement connu !  

 

Devant la déconfiture du groupe en 1974 George Turnbull, alors Directeur Général de British-Leyland, est sensible à l'offre d'emploi d'industriels Sud-Coréens qui depuis 1967 se contentent de la production sous licence de la Ford Cortina et qui souhaiteraient "passer à la vitesse supérieure".

 

Il débarque à Séoul avec deux Morris Marina : Une berline et un Coupé ainsi qu'une dizaine de collègues ingénieurs qu'il avait fini par convaincre que le salut n'était plus en Angleterre mais plutôt en Extrême-Orient.

 

Les autos sont alors renforcées, la licence de la mécanique achetée à Mitsubishi et la carrosserie revue par Ital Design (pour de vrai cette fois !  ) qui ajoutera un hayon aux deux carrosseries.

 

Vous avez reconnu ce constructeur ? 

 

C'est Hyundai !  

 

La Pony, cousine de la Marina et présentée en 1975, sera un énorme succès commercial et permettra à ce constructeur de "voir grand à long terme", on connait tous la suite…  

 

Hé oui les gens : La Pony était une cousine de la Marina ! 

 

 

Le début d'un vertigineux succès.

 

 

 

 

Par contre je ne parie pas sur la survivance de gènes de Marina dans le Kona d'aujourd'hui.  

 

 

De nos jours, même dans la perfide Albion, la Marina est devenue une rareté compte-tenu de sa réputation désastreuse et de son absence totale d'intérêt mécanique.

On ne pense pas que plus de 750 autos y soient encore en ordre de marche en 2022.

 

Je me souviens d'un voisin de mes parents qui avait acheté une Marina 1300 berline "bleue layette" en 1973, le pauvre homme passera plus de temps sous son capot que derrière le volant !  

 

Il confiera à mon père avoir fait le pire achat de toute son existence, et comme la décote était faramineuse et que personne n'en voulait d'occasion il la gardera encore quelques années "faute de mieux".

 

On le verra débarquer à l'automne 1979 au volant d'une Toyota Corolla flambant neuve le sourire aux lèvres !  

 

On n'a pas osé lui demander pourquoi…  

 

La cote de nos jours ?  

 

Ouh la !  

 

Allez je serais généreux !   

 

Un Coupé 1800TC peut vous faire dépenser 3 800€, pour le reste on plafonnera aux alentours des 1 500/1 800€ pour un exemplaire en très bon état. 

 

Vous ne serez pas ruiné au moins !  

 

 

Le Monsieur vous dit tout ! (Mais en Anglais)

 

 

 

 

 

 

 

Jensen.

 

 

Modifié 19 septembre 2023 par jensen

[marzal]

Super reportage, dommage, pas un petit mot pour l'adoration que Jérémy Clarkson voue à cette auto  

 

En tout cas je ne connaissais pas cette version 6 cylindres  

[daniel762]

 Tonton !

 

Je connaissais cette voiture, suite à un séjour linguistique en Angleterre en 1976 ou 77 où j'ai eu l'occasion de me faire promener dans la Marina Estate automatique de Mr... Ford (eh oui !) puis suite en 1990 à des vacances en Ecosse où j'ai croisé encore pas mal de Marina Van sur les routes, mais pas tous les détails de son histoire, et en particulier l'existence d'une 6 cylindres (je me demande quand même comment des trains roulants trop juste pour encaisser la puissance d'un 1 800 passaient celle du 2,6 l sur la route ???), ses avatars pakistanais et chinois ni qu'elle était à l'origine de Hyundai.

 

Par contre un truc m'étonne : tu nous donne un prix de lancement de 620 £, et dans la publicité pour la version Ital on la voit entre 4 400 et 5 000 £. Les prix avaient-ils tant monté que cela ???

 

Quand à Jeremy Clarkson, je trouve qu'il mériterait d'être pendu pour le massacre des survivantes. Parce qu'elle est quand même témoin d'une certaine époque de l'automobile britannique, et mérite d'être sauvegardée à ce titre.

Puis j'ai un goût pervers pour les vilains petits canards automobiles boiteux aussi, parfois...

 

Edit : petite question, que signifient les initiales HL et HLS qui nomment certaines versions ?

Modifié 8 juillet 2022 par daniel762

[jensen]

 

Alors…  

 

Pour Clarkson l'oubli est volontaire, à tort ou à raison JE NE SUPPORTE PAS l'esprit Top Gear : Parenthèse fermée…  

 

Pour la 6 cylindres : La Marina était considérablement modifiée avec un berceau moteur spécifique qui, si je me souviens bien, se superposait à celui existant (ou à tout le moins le renforçait considérablement).

 

Daniel : L'inflation était énorme durant les années 70, tu dois t'en souvenir.  

 

 

 

[jensen]

HL et HLS ? 

 

L'équivalent de GL et GLS chez nous  : High Luxus et High Luxus Superior nan ?  

 

 

[tirage rapide 59]

Il y a 3 heures, jensen a dit :

 

 

 

Morris Marina : Anonymement votre.

 

 

 

 

 

Je vous l'ai déjà dit, il n'y a pas que des Ferrari sur la route mais aussi des millions d'autos dont le seul but est de servir fidèlement leurs propriétaires, et la Morris Marina est de celles-ci.

 

Morris est un constructeur Britannique fondée par William Morris qui produisit sa première automobile en 1913 du côté d'Oxford.

 

Fabricant de petites autos de qualité la marque s'arroge 51% du marché anglais en 1924.

 

 

Morris Cowley de 1926.

 

 

A la même époque un certain Cecil Kimber, propriétaire d'une concession Morris, décide de réaliser des dérivés sportifs sous l'enseigne MG (pour Morris Garage), c'est de nouveau un succès d'ailleurs sanctionné en 1938 par le rachat de l'officine par la maison-mère qui profite du succès de sa petite Minor (présentée en 1928) pour acquérir également les marques Riley et Wolseley et rassembler le tout sous l'enseigne Nuffield Organisation.

 

La guerre arrive et Nuffield passe le conflit à fabriquer des moteurs d'avions et de chars.

 

L'après-guerre voit la présentation d'une nouvelle Minor qui aura en Grande-Bretagne la même destinée que la 4cv en France : Mettre le pays sur quatre roues grâce à une auto populaire, sans histoires et bon marché.

 

La Morris Minor conçue par Alec Issigonis, présentée en 1948 elle fera carrière jusqu'en 1970 ! 

 

 

 En 1952 l'enseigne fusionne avec Austin pour former le groupe BMC (British Motor Corporation).

 

En 1968 BMC fusionne de nouveau avec le groupe Leyland pour former la British Leyland, intégrant désormais les marques Austin, Austin-Healey, Morris, MG, Riley, Wolseley, Triumph, Jaguar, Rover, Daimler, Land-Rover, Leyland et Vanden Plas.

 

Et malgré ce conglomérat hallucinant on s'aperçoit à cette époque que le groupe n'a pas franchement dans sa gamme les produits capables de concurrencer les Ford Cortina ou Vauxhall Viva qui se vendent par dizaines de milliers sur l'île !  

 

Morris n'a que sa sempiternelle Minor à présenter à la clientèle et, compte-tenu de l'âge canonique de la bête, elle ne se vend plus qu'au compte-gouttes…  

 

Et oui, nous en étions là en 1968 chez Morris avec cette Minor à la face avant simplement retouchée !  

 

 

Les Maxi et Mini Clubman viennent d'être lancées sous l'enseigne Austin, il est alors clair pour les dirigeants que l'apparition d'une auto simple et robuste qui s'intégrerait entre les deux précédentes s'impose car la BMC 1100/1300 présentée en 1962 et vendue sous de nombreux labels (Austin, Morris, MG, Wolseley, Riley et même Vanden Plas) reste une auto considérée par beaucoup à juste titre comme "raffinée" avec sa traction avant et son moteur transversal mais assez coûteuse.

 

La BMC1100/1300, ici en version Vanden Plas Princess, fut l'un des derniers succès de la British Leyland avant sa descente aux enfers.

 

 

Le projet ADO28 voit alors le jour et il est très simple : 

 

-Reprise de la plate-forme de la Minor

-Architecture mécanique classique avec moteur avant et propulsion

-Quatre portes avec coffre et possibilité d'en dériver une gamme break et fourgonnette.

-Motorisations 1100, 1300 et 1500 cm3

 

Clairement le groupe prend pour base de travail la Fiat 124 présentée deux ans plus tôt, pour les dirigeants c'est une sorte de Graal à atteindre.  

 

Avec une commercialisation prévue pour le Salon de Londres 1970 on ne va pas faire dans la dentelle, de toute façon ce projet n'est destiné qu'à devenir "une auto de transition" puisque son remplacement est déjà prévu pour 1976  !  

 

En juillet 1968 le styliste Roy Haines est mandaté pour dessiner au plus vite une carrosserie avec pour priorité de réutiliser un maximum de pièces déjà existantes dans la gamme British-Leyland, il faut donc faire au plus vite ! 

 

Dès le 5 août on présente deux dessins aux dirigeants, Roy ayant décidé de proposer deux carrosseries pour le lancement : Une berline et un Coupé destiné à une clientèle plus jeune tout en conservant un dessin des plus classiques.

 

Première maquette de Roy Haines, effectivement on a fait dans le "classique rapide" !  

 

 

 

 

 

Il faut attendre quelques jours pour qu'arrivent les propositions de Michelotti et Pininfarina eux aussi contactés. 

 

Finalement la proposition interne est retenue y compris le dérivé Coupé pourtant non prévu à l'origine mais à la condition expresse de serrer au maximum les coûts de développement car il est alors indiqué que la future auto devra être vendue sous la barre, alors fatidique, des 600 £ !  

 

Premier problème il n'est pas possible de reprendre la transmission de la Minor car la première n'est pas synchronisée !

 

On trouve une autre boite de vitesses d'origine Triumph, vaille que vaille elle fera bien l'affaire…   

 

Des dissonances se font déjà entendre du côté des cadres de l'ancien groupe BMC : Depuis dix ans on a tout misé sur la traction, proposer une auto badgée Morris avec une transmission classique pourrait faire croire que l'on abandonne ce concept novateur qui a fait le succès de la Mini aux constructeurs du continent.  

 

L'ambiance s'assombrie de plus en plus au siège…  

 

On sait que Ford va sortir une Cortina plus grande que la précédente, celle justement qui était dans le viseur de British-Leyland... 

 

Que faire alors ? Abandonner le projet ?  

 

Non ! On agrandi juste le compartiment moteur afin d'y mettre des motorisations plus puissantes que celles prévues à l'origine et le programme continue ! 

 

Oui, mais alors le prix de vente inférieur à 600 £ ne tient plus la route !  

 

Une nouvelle table ronde mettra tout le monde d'accord : On envisage de mettre le prix de lancement à 620 £, cela reste "raisonnable" (le bénéfice par auto vendue ne dépassera alors plus les 20 £...) mais on se rattrapera en faisant un gros forcing sur les flottes d'entreprises et les sociétés de location, histoire de grossir le volume des ventes.

 

Bref la voiture n'est pas encore présentée au public que beaucoup ont déjà des doutes sur son succès…  

 

Dès l'automne 1969 le style est figé. 

 

 

 

 

 

 

40 000 000 £ sont investis à la même époque dans la modernisation de l'usine de Cowley avec même la construction d'un pont pour en améliorer l'accès et accueillir une future auto dont le nom n'est même pas encore choisi, en fait on hésite encore entre Machete, Mamba, Maori, Major, Mirage et Marina !  

 

Il faudra attendre les derniers jours de 1969 pour que Marina soit définitivement sélectionné.

 

Dans les premières semaines de 1970 des prototypes circulent, et ce sont plus des "bricolages" qu'autre chose.

 

En clair on a pris un plancher allongé de Minor sur lequel on a installé une mécanique issue d'une Midget le tout "planqué" sous une carrosserie de Vauxhall Viva !  

 

Mais à priori cela fonctionne (certains essayeurs de la marque affirmeront même que ces mulets étaient de très loin les meilleurs produits du groupe à l'époque…  ) 

 

Mais malgré la célérité des équipes dévouées au projet la présentation de la Marina ne peut avoir lieu au Salon de Londres, on se contentera d'une présentation officielle dans les environs de Cannes le 27 avril 1971. 

 

 

 

 

 

 

Spot de lancement de la gamme :

 

 

 

Bon, on ne va pas se mentir !  

 

British-Leyland voulait sortir une "machine à rouler" et c'est fait. 

 

Nous sommes devant un véhicule de 4,22 m de long, 1,64 m de large et 1,42 m de haut pour un poids d'environ 830 kg.

 

Le moteur est, pour l'instant, un quatre cylindres de 1 275 cm3 développant 57 ch Din à 5 500 tours qui emmène la bête à 135 km/h.

 

Le Coupé ne dispose pas d'un hayon à l'arrière, c'est une deux portes et ces dernières sont les mêmes que sur la berline, l'accessibilité n'y gagnera pas !  

 

 

La direction est à crémaillère, la suspension à barres de torsion à l'avant avec amortisseurs à levier (comme sur la Minor) et l'essieu arrière rigide est doté d'amortisseurs télescopiques et d'une paire de bonnes lames de ressorts !  

 

Une suspension plus rustique que celle-ci ? Ca s'appelle une brouette !  

 

 

Les freins sont à disques à l'avant et à tambours à l'arrière, assistés uniquement sur les versions destinées à l'exportation.

 

L'intérieur est "classique" mais l'équipement est très convenable avec deux vitesses d'essuie-glace, deux feux de recul et même un allume-cigare.

 

 

 

 

Les premiers essais réalisés par la presse spécialisée vont montrer un manque de mise au point flagrant de l'auto ! 

En fait la suspension avant n'est pas du tout aboutie et occasionne un sous-virage effrayant que l'essieu arrière n'arrange pas, un journaliste du magazine Car sortira même d'un large virage à droite pris à vitesse normale en mordant complètement sur l'accotement de gauche, un miracle que personne n'arrivait en face !  

 

Devant la bronca déclenchée par les essayeurs présents sur place qui menaçaient de dénoncer un comportement ouvertement dangereux de la Marina et donc de plomber sa carrière la firme décide de modifier la suspension illico tant sur les modèles d'essais que sur ceux déjà sortis d'usine en changeant le tourillon reliant le bras inférieur au pivot de direction, une manipulation simple mais qui montre combien la mise au point fut hâtive et mal organisée en interne… 

 

 

Par contre la Marina est parfaitement étanche, il faut dire que vu son pays de provenance il valait mieux être prudent sur ce point.  

 

 

En France la voiture est commercialisée au prix de 12 490 Frs le Coupé et 12 990 Frs la berline, c'est un tarif franchement intéressant au niveau d'une Peugeot 104 plus petite et bien moins équipée.

 

Les Marina destinées au marché Européen seront toutes assemblées dans l'usine Belge du groupe.

 

 

 

Dès le millésime 1973 une 1800 avec moteur de 1 798 cm3 pour 78 ch Din à 5 100 tours est présentée, disponible chez nous uniquement en quatre portes elle emmène ses occupants à plus de 150 km/h pour un prix juste sous la barre des 15 000 Frs.

 

 

 

 

On améliore encore le produit avec une 1800TC à double carburateur de 87 ch capable de plus de 160 km/h ! 

 

Hélas cette "presque sportive" vendue 16 690 Frs en quatre portes (un peu moins en Coupé) est vite réputée délicate sur mauvaises routes, visiblement les trains roulants n'acceptent que difficilement cette puissance et cela va vite se savoir dans le milieu : Les ventes, déjà peu brillantes chez nous avec les versions de base, seront anecdotiques avec ce moteur.

 

Pourtant la Marina est un bon succès sur ses terres et un break sera proposé en octobre 1972, de même que des dérivés utilitaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec une telle suspension arrière la fourgonnette n'avait pas de soucis à se faire : On pouvait charger !  

 

 

Existe aussi en Pick-Up, un peu plus sexy que notre Peugeot 404 contemporaine !  

 

 

On pourrait même en vendre beaucoup plus mais, dès juin 1971, les ouvriers de Cowley se sont mis en grève, c'est le début du très long processus de déliquescence de l'industrie automobile Britannique…   

 

La direction en est même réduite à demander aux concessionnaires locaux de ne plus accepter de nouvelles commandes, les délais de livraison sur l'île dépassants les cinq mois…

 

En 1972 dix semaines de grèves vont plomber les comptes de la firme de plus de 10 000 000 £. 

 

Cela ne s'arrangera pas et même si les cadences de production pouvaient monter à 5 000 exemplaires par semaine le record ne sera que de 4 250 en juillet 1974 avec toujours des conflits sociaux pour un oui ou un non, et tout le monde va s'y mettre : Les peintres, les soudeurs, les caristes, les administratifs… Et jamais en même temps !  

 

N'obtenant pas toujours satisfaction certains employés n'hésiteront pas à faire comme leurs homologues des pays de l'Est : Sabotage de l'outil de travail !

Poignées de sable dans les réservoirs, peinture très mal appliquée, tableaux de bords volontairement mal fixés etc etc...

 

L'usine Belge fait ce qu'elle peut avec les pièces défectueuses expédiées de Grande-Bretagne et la Marina s'avance vers l'échec commercial criant sur le vieux continent.  

 

En octobre 1975 une Marina 2 est présentée à la presse internationale.

 

La copie est revue de fond en comble avec l'ajout de barres antiroulis sur les deux essieux censés améliorer un comportement routier dépassé, on note aussi une modernisation de la carrosserie ainsi que de l'habitacle.

 

Les versions les plus luxueuses disposent désormais de longue-portées dans la calandre.

 

 

Et même d'un revêtement de toit en vinyle.

 

 

La planche de bord est désormais tellement bien "agencée" que seul le passager peut manipuler l'autoradio tourné vers lui, nous sommes à l'inverse de ce que BMW va sortir à la même époque sur sa Série 3 E21 !  

 

 

Pour la France seule la berline "Super" est désormais au programme d'importation avec un moteur 1300 de 60 ch et une boite automatique disponible sur demande.

 

Le prix de 18 990 Frs est une véritable affaire mais la réputation des autos Britanniques est désormais "bien établie" et plus personne ne songe aller pousser la porte d'une concession BL pour acquérir une Marina mal finie, aux liaisons au sol dépassées et qui plus est rouille comme une Italienne ! 

 

Les petits budgets hexagonaux se tournent alors vers les productions de l'Est et les Japonaises.

 

 

 

 

 

 

En 1979 le marché Britannique peut compter sur une nouvelle motorisation 1700 avec un groupe de 1 698 cm3 développant 79 ch à 5 150 tours et arbre à cames en tête emmenant l'ensemble à 158 km/h.

Les versions "continentales" en resteront au 1300.

 

Le tour du propriétaire :

 

 

 

En juillet 1980 un dernier "replâtrage" de la Marina apparait avec l'Ital.

 

 

 

 

Ce nom, qui a fait croire à beaucoup que le design de l'auto venait de Turin est en fait une sorte "d'escroquerie intellectuelle".  

 

Pour être clair le styliste qui a redessiné cette Morris n'est autre qu'Harris Mann, l'homme qui s'était déjà rendu "coupable" de la Princess et de la Triumph TR7… 

 

 

 

 

 

 

Le cabinet Ital Design de Giorgetto Giugiaro n'a eu qu'un rôle consultatif quand à l'industrialisation de la voiture, pourtant British Leyland a adroitement communiqué pour faire croire à la cantonade que l'officine était bien responsable du design de l'auto, mais sans le dire clairement (ce qui valait mieux)…  

 

Pour la petite histoire la manip' n'a pas été du tout appréciée de l'autre côté des Alpes.  

 

Spot publicitaire pour l'Ital, assez ambiguë à vrai dire :  

 

 

 

Dire que l'Ital est une nouvelle voiture est un bien grand mot.

 

Les optiques sont agrandies, les poignées de portes changées et l'intérieur est considérablement modifié avec une insonorisation désormais digne de ce nom.

 

Et on se débarrasse ENFIN des amortisseurs avant à levier issus de la Minor de 1948 au profit de modèles télescopiques, mieux vaut tard…   

 

 

On notera sur le volant la présence du nouveau logo Austin-Morris.

 

 

 

 

 

Sa commercialisation en France débute dès les premières semaines de 1981 au prix compétitif de 36 000 Frs et uniquement en berline HLS dotée du moteur 1 275 cm3 issu non plus de la Mini comme auparavant mais de l'Austin Allegro, il est plus moderne et plus souple mais ne développe guère plus de 62 ch Din.  

 

En Grande-Bretagne et sur certains marchés un 1700 de 79 ch sera aussi proposé, de même qu'un break et une fourgonnette.

 

 

 

 

 

Inutile de dire qu'il n'y aura qu'outre-Manche que les ventes seront conséquentes, sur le continent cette voiture totalement has been ne convainc plus personne (en France son importation cesse dès 1982 après la vente de quelques dizaines d'autos d'ailleurs concurrencées en interne par l'anglo-nipponne Triumph Acclaim) et le rideau tombe en 1984 lors de la présentation de l'Austin Montego qui en profite pour enterrer définitivement la marque Morris.

 

Les chaînes de production sont alors démontées et expédiées à Lahore au Pakistan pour un assemblage local, mais j'avoue ne pas avoir trouvé d'informations claires sur le nombre d'autos produites ni sur la durée.  

 

Production totale : 

1 163 116 Marina

175 276 Ital

 

Au moins 805 000 d'entre elles ont été vendues en Grande-Bretagne, ce qui en dit long sur le succès de la Marina à l'export…  

 

A l'étranger une tentative de commercialisation est effective aux USA dès 1972 sous le label Austin (Morris n'y étant que peu connu là-bas).

 

 

 

 

Devant la qualité de fabrication désastreuse de la voiture les ventes ne décolleront jamais (malgré une crise pétrolière pourtant favorable aux petites cylindrées) et la Marina sera retirée du marché US au début de 1975 après la distribution, très laborieuse, de quelques centaines d'exemplaires tous fabriqués à Cowley.

 

 

Seul le marché Canadien sera "sensible" au label Austin et 4 000 autos y seront vendues chaque année jusqu'en 1978, pas de quoi pavoiser non plus.  

 

 

Elle fut fabriquée dès 1972 sous le label Leyland en Australie et commercialisée avec des quatre cylindres 1500 et 1750, puis un six cylindres en ligne de 2,6 litres prend place sous le capot sous le vocable de Marina Red Six avec une boite manuelle Borg-Warner à trois rapports (la première avait été supprimée car jugée inutile compte-tenu du couple moteur important   ).

 

 

La gamme Australienne initiale, très voisine de la Britannique.

 

 

Ici la six cylindres avec sa calandre spécifique.

 

 

Toute la gamme subira un échec commercial patent et l'usine est fermée dès 1975, toutes les machines-outils sont alors envoyées à Blackheath en Afrique du Sud qui continuera la production pour son propre marché durant plusieurs années.

 

Au milieu des années 90 des utilitaires sur la base de la Marina furent proposés par le Chinois Chengdu pour son marché national, à priori en réutilisant les machines expédiées au Pakistan dix ans auparavant (les deux pays entretenant d'excellentes relations).

Ici aussi l'histoire fera long feu et Chengdu "baissera le rideau" vers 1998 après la fabrication de quelques centaines d'exemplaires… 

 

Mais vous allez voir que notre brave Marina est à l'origine du développement d'un constructeur aujourd'hui mondialement connu !  

 

Devant la déconfiture du groupe en 1974 George Turnbull, alors Directeur Général de British-Leyland, est sensible à l'offre d'emploi d'industriels Sud-Coréens qui depuis 1967 se contentent de la production sous licence de la Ford Cortina et qui souhaiteraient "passer à la vitesse supérieure".

 

Il débarque à Séoul avec deux Morris Marina : Une berline et un Coupé ainsi qu'une dizaine de collègues ingénieurs qu'il avait fini par convaincre que le salut n'était plus en Angleterre mais plutôt en Extrême-Orient.

 

Les autos sont alors renforcées, la licence de la mécanique achetée à Mitsubishi et la carrosserie revue par Ital Design (pour de vrai cette fois !  ) qui ajoutera un hayon aux deux carrosseries.

 

Vous avez reconnu ce constructeur ? 

 

C'est Hyundai !  

 

La Pony, cousine de la Marina et présentée en 1975, sera un énorme succès commercial et permettra à ce constructeur de "voir grand à long terme", on connait tous la suite…  

 

Et oui les gens : La Pony était une cousine de la Marina ! 

 

 

Le début d'un vertigineux succès.

 

 

 

 

Par contre je ne parierais pas sur la survivance de gènes de Marina dans le Kona d'aujourd'hui.  

 

 

De nos jours, même dans la perfide Albion, la Marina est devenue une rareté compte-tenu de sa réputation désastreuse et de son absence totale d'intérêt mécanique.

On ne pense pas que plus de 750 autos y soient encore en ordre de marche en 2022.

 

Je me souviens d'un voisin de mes parents qui avait acheté une Marina 1300 berline "bleue layette" en 1973, le pauvre homme passera plus de temps sous son capot que derrière le volant !  

 

Il confiera à mon père avoir fait le pire achat de toute son existence, et comme la décote était faramineuse et que personne n'en voulait d'occasion il la gardera encore quelques années "faute de mieux".

 

On le verra débarquer à l'automne 1979 au volant d'une Toyota Corolla flambant neuve le sourire aux lèvres !  

 

On n'a pas osé lui demander pourquoi…  

 

La cote de nos jours ?  

 

Ouh la !  

 

Allez je serais généreux !   

 

Un Coupé 1800TC peut vous faire dépenser 3 800€, pour le reste on plafonnera aux alentours des 1 500/1 800€ pour un exemplaire en très bon état. 

 

Vous ne serez pas ruiné au moins !  

 

 

Le Monsieur vous dit tout ! (Mais en Anglais)

 

 

 

 

 

 

 

Jensen.

 

 

  superbe comme d'hab , les seuls marina que j'ai connu etait une pick up blanche d'un casseur comme voiture à tout faire et un break vert d'un fermier pour le transport de ces chiens et les chemin entre les champs

 

perso je prèfere une pony que le kona

Modifié 8 juillet 2022 par tirage rapide 59

[SolarWinds]

Merci beaucoup pour ce nouvel article. Caradisiac mériteraient de les publier sur leur site, avec ton autorisation et un dédommagement bien entendu.

[daniel762]

Il y a 21 heures, jensen a dit :

HL et HLS ? 

 

L'équivalent de GL et GLS chez nous  : High Luxus et High Luxus Superior nan ?  

 

 

 

Indeed, it may well be something like that... Et merci pour la réponse !

 

Sinon pour l'inflation je m'en souviens, mais je n'imaginais pas que c'était à ce point.

 

 

[jensen]

 

Tiens regarde, j'ai retrouvé une publicité de 1972 ou 73 : 944 £ "seulement".  

 

 

 

 

[marco823]

Je ne savais pas qu'il y avait une version six cylindres ! 

Merci pour cet article toujours bien écrit !

J'ai éclaté de rire tout seul en voyant la position du poste de radio et ton commentaire à ce sujet.

[jensen]

 

Et le pire étant que sur les autos avec le volant à gauche la radio était décalée à droite…  

 

Copilote obligatoire !  

 

 

Modifié 12 juillet 2022 par jensen

[daniel762]

L'humour anglais a toujours été impénétrable aux non-britanniques...

[hansi68730]

Le 09/07/2022 à 17:32, jensen a dit :

 

Tiens regarde, j'ai retrouvé une publicité de 1972 ou 73 : 944 £ "seulement".  

 

 

 

 

Une cousine avec le même air de famille: Ford-Escort-II-Tournier

[snoopy1974]

Le 08/07/2022 à 19:39, jensen a dit :

à tort ou à raison JE NE SUPPORTE PAS l'esprit Top Gear : Parenthèse fermée… 

 

La version originale ne me déplaît pas personnellement, par contre moi, c'est la version française que je ne supporte pas !...

[tirage rapide 59]

il y a 39 minutes, snoopy1974 a dit :

 

La version originale ne me déplaît pas personnellement, par contre moi, c'est la version française que je ne supporte pas !...

pareil

[jensen]

Il y a 16 heures, hansi68730 a dit :

Une cousine avec le même air de famille: Ford-Escort-II-Tournier

 

 

Ce n'était pas la voiture que voulait concurrencer Morris mais plutôt la Consul qui sera mieux connue sous le nom de Taunus chez nous, or Ford en présente un nouvel opus plus gros juste avant la sortie de la Marina qui se retrouve plus bas en gamme (et un peu plus haut que l'Escort).

 

Bref la Morris ne concurrençait personne à la fin.  

 

 

Modifié 13 juillet 2022 par jensen

[tirage rapide 59]

quelle voiture serait notre "morris marina" française ?

[marzal]

La R14 ?  

[tirage rapide 59]

il y a 45 minutes, marzal a dit :

La R14 ?  

[jensen]

 

Non, "trop moderne" par rapport à la Marina… 

 

En fait ce serait un mix de Renault 10 et d'Ami 8 Super pour le côté "réchauffé" et de Simca 1307/1308 pour la tendance à la corrosion.  

 

 

[Invité §oul767Da]

Il y a 14 heures, snoopy1974 a dit :

 

La version originale ne me déplaît pas personnellement, par contre moi, c'est la version française que je ne supporte pas !...

Moi c'est les deux! Prendre plaisir à pulvériser des caisses parfois couteuse, je ne vois pas quel plaisir on peut en tirer et l'aspect comique de l'affaire? mais je ne suis pas "British"!

[jensen]

 

Copain !  

 

 

[Syl2090]

Il y a 2 heures, jensen a dit :

En fait la suspension avant n'est pas du tout aboutie et occasionne un sous-virage effrayant que l'essieu arrière n'arrange pas, un journaliste de Car Magazine sortira même d'un large virage à droite pris à vitesse normale en mordant complètement sur l'accotement de gauche, un miracle que personne n'arrivait en face !  

 

Tu es sûr de ce que tu racontes? : un virage à droite en mordant l'accotement gauche ne te fais pas traverser la route en Grande Bretagne

[daniel762]

il y a 56 minutes, Syl2090 a dit :

Tu es sûr de ce que tu racontes? : un virage à droite en mordant l'accotement gauche ne te fais pas traverser la route en Grande Bretagne

 

La voiture ayant été présentée à Cannes, j'en conclus que c'est là que cet incident s'est produit.

[daniel762]

Il y a 3 heures, oulianov a dit :

Moi c'est les deux! Prendre plaisir à pulvériser des caisses parfois couteuse, je ne vois pas quel plaisir on peut en tirer et l'aspect comique de l'affaire? mais je ne suis pas "British"!

 

A la limité, je préfère les voir pulvériser une Ferrari neuve qu'une Morris Marina ou une Reliant Robin, qui semble être une autre de leurs bêtes noires.

[marzal]

Tellement épique l'épisode sur la Robin  

[jensen]

il y a 50 minutes, daniel762 a dit :

 

La voiture ayant été présentée à Cannes, j'en conclus que c'est là que cet incident s'est produit.

 

Il y en a au moins un qui a compris…  

 

 

 

 

[jensen]

il y a 18 minutes, marzal a dit :

Tellement épique l'épisode sur la Robin  

 

Et complètement bidouillé...  

 

 

[jerry-lee]

Chacun son humour ...

 

[Invité §oul767Da]

Le 13/07/2022 à 16:37, jerry-lee a dit :

Chacun son humour ...

 

Je n'ai pas  la même notion de l'humour! 😁

[jerry-lee]

il y a 5 minutes, oulianov a dit :

Je n'ai pas  la même notion de l'humour! 😁

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