Cette voiture a une histoire peu banale. (Index en page 1)

[jensen]

il y a 52 minutes, Straton a dit :

Selon moi, ce n'est pas des "faux airs" mais de "vrais airs" d'américaine puisque chacun sait que ces dernières versions de Vedette (Versailles, Régence, Trianon et Marly) ont été étudiées à Dearborn (USA) au centre style Ford pour sa filiale française Ford-Poissy et rachetée par Simca peu de temps après. 

 

 

Toutafé !  ========> Simca Vedette   

 

 

[daniel762]

Il y a 4 heures, biker521 a dit :

l'avantage du V8 de la Simca, c'est son origine et le nombre faramineux de pièces spéciales voire de moteurs complets pour améliorer les performances  

 

A voir aussi, la version brésilienne dont le moteur sortait jusqu'à 150 ch et qui avait des performances étonnantes.

[jensen]

 

 

Absent ces derniers jours pour cause de travaux à domicile vous devriez assister à "une reprise normale des émissions" à compter de la semaine prochaine, ces derniers étant en phase de finitions.  

 

 

Modifié 25 juin 2021 par jensen

[Le Cheetah]

Le 18/06/2021 à 12:23, daniel762 a dit :

A voir aussi, la version brésilienne dont le moteur sortait jusqu'à 150 ch et qui avait des performances étonnantes.

Pub brésilienne :

[jerry-lee]

Il y a 2 heures, jensen a dit :

 

 

Absent ces derniers jours pour cause de travaux à domicile vous devriez assister à "une reprise normale des émissions" à compter de la semaine prochaine, ces derniers étant en phase de finitions.  

 

 

Madame a des soucis ?

 

[jensen]

Nan la salle de bain à refaire de A à Z.  

 

Voila c'est terminé d'être fini depuis hier, sacrée galère… 

 

 

[jensen]

 

 

 

 

Renault Colorale : Trop en avance pour son époque ?   

 

 

 

 

 

 

Place aujourd'hui à une automobile "bien oubliée" de nos jours.  

 

A la fin des années 40 la Régie ne fabrique que la 4cv pour la clientèle privée, le reste de sa production étant composé d'utilitaires dont la célèbre Juvaquatre fourgonnette que les dirigeants de la firme estiment alors incapable commercialement de passer le cap de 1950, de plus il y a un véritable "gouffre" dans la gamme des utilitaires entre cette dernière et la camionnette "1 000 kg".

 

Issu de la berline Juvaquatre d'avant-guerre son dérivé utilitaire continuera pourtant à séduire les professionnels puisque sa production, avec un moteur de 4cv dès 1952 et même de Dauphine en 1956, ne s'arrêtera qu'en 1960 !   

 

 

La camionnette "1 000 kg" dans sa configuration d'origine.

Présenté en 1946 cet engin ne finira sa carrière qu'en 1965 ! 

Il aura connu de nombreux moteurs et un nombre considérable de patronymes suivant sa puissance ou la charge transportée :  "1 400 kg", "Galion", "Goélette" etc etc... 

 

 

Dès 1946 une étude pour la mise au point d'un utilitaire de 800 kilos de charge utile commence donc sous l'égide de Pierre Lefaucheux, nommé Directeur des usines Renault après leur nationalisation survenue le 16 janvier 1945.

 

Pourtant dans l'entreprise tous ne sont pas d'accord sur la pertinence de ce projet alors que la petite 4cv monopolise toutes les attentions et va s'avérer être un gigantesque succès commercial, on craint surtout à cette époque ne pas pouvoir en produire assez et de contraindre malgré tout cette dernière à partager les chaînes de montage avec la future nouveauté, d'où le risque d'un allongement considérable des délais de livraison.  

 

Pour régler ce problème Pierre Lefaucheux a une idée : Signer un contrat de sous-traitance pour la construction des caisses du futur utilitaire.  

 

Un accord est signé avec les établissements Chausson de Gennevilliers, ces derniers auront à leur charge l'emboutissage mais aussi une partie de l'assemblage du véhicule, seul le montage final ayant lieu chez Renault dans l'usine de Billancourt.

 

La mise au point de cette auto sera rondement menée avec des prototypes qui circulent dès 1947. 

 

Globalement c'est un véhicule "multi-tâches" qui va voir le jour, en effet le Directoire de la Régie souhaite ratisser large et songe non seulement aux artisans, mais aussi aux familles nombreuses, aux agriculteurs, aux Taxis et également aux habitants de ce que l'on nommait encore les Colonies d'outre-mer.

 

Nous aurons donc affaire à un véhicule pour le moins besogneux où toute idée de luxe et de raffinement mécanique n'aura pas sa place !  

 

La caisse sera "tout acier", cela vaudra mieux pour les véhicules expédiés en Afrique car le bois s'y dégrade vite…  

 

La mécanique ? 

 

On va reprendre le quatre cylindres en ligne dit "85" (son alésage) à arbre à cames latéral de 2 383 cm3 non chemisé dont la présentation remonte aux gammes Vivaquatre et Primaquatre de l'automne 1935 !  

 

 

N'y cherchez pas de turbo, ni de culasse multisoupapes !

 

 

Pour être tout à fait honnête ses origines remontent même à 1919 avec une cylindrée de 2,1 litres…  

 

Ce vénérable tournebroche qui, sur le futur utilitaire, va développer la puissance de 48 ch à 2 800 tours a déjà été monté en de multiples versions sur des automobiles, des camionnettes, des tracteurs agricoles, des engins de manutention et a servi comme groupe électrogène et même comme motopompe !  

 

La suspension sera on ne peut plus conservatrice : Deux essieux rigides et quatre ressorts à lames !  

 

Cela en fera un tapecul de première catégorie mais au moins on ne craindra ni la surcharge ni la circulation sur de mauvaises pistes !  

 

La direction sera à vis et galet, la boite de vitesses mécanique à quatre rapports (avec première non synchronisée) et, afin de satisfaire tous les besoins, le véhicule disposera d'un châssis de "1 000 kg" raccourci.

 

Les freins sont hydrauliques à quatre tambours, bien entendu non assistés.

 

Bref du basique mais de l'éprouvé et, compte-tenu du champ d'utilisation dédié, c'est ce qu'il faut (du moins c'est ce que l'on pense à la Régie à l'époque).

 

La présentation officielle de la gamme COLORALE intervient lors du Salon de Paris d'octobre 1950. 

 

 

 

 

Mais Doukivien ce nom Tonton ?  

 

En fait il s'agit de la contraction de "Coloniale" et "Rurale" d'où "Colorale".  

 

Et c'est toute une gamme qui est alors présentée : 

 

-Prairie : Break quatre portes, double hayon arrière, six glaces pour une capacité de six personnes.

 

On notera l'ouverture antagoniste des portières. 

 

 

-Fourgonnette : Même carrosserie que la précédente mais uniquement avec deux portes et flancs tôlés.

 

 

 

 

-Pick-Up : Surtout destiné aux Colonies il est doté d'une suspension arrière à flexibilité variable due à l'ingénieur Grégoire.

 

 

 

 

-Taxi : Renault s'inspire clairement des véhicules en circulation à Londres avec cet exemplaire doté d'un toit ouvrant à l'arrière et de sept places assises grâce à trois strapontins escamotables.

 

Sur le papier il n'a que des atouts, mais sur le papier seulement…  

 

 

-Châssis-Cabine : Destiné à tous ceux qui souhaitent une exécution spécifique sur leur véhicule (caisse isotherme, bâchée, ridelles etc etc...) 

 

Châssis-cabine transformé en "Pick-Up de brousse".

 

 

-Savane : Uniquement destinée à l'outre-mer il s'agit d'une déclinaison à deux portes avec pare-brise ouvrant, toit peint en blanc, fenêtres arrière supprimées au profit de solides rideaux en toile, suspension renforcée avec flexibilité variable.

 

 

 

 

La longueur de la Colorale est de 4,38 m et sa largeur est identique à la hauteur : 1,82 m. 

 

Bien que la gamme soit complète, dès sa présentation l'accueil est pour le moins mitigé…  

 

Déjà toute notion de "performances" est à oublier définitivement !  

 

Le moteur est clairement sous-dimensionné (le Prairie pèse près de 1,7 tonne à vide !), de plus il est apathique et les clients s'aperçoivent vite que sa plage d'utilisation est tellement limitée qu'il tourne à régime constant quelque soit le rapport engagé.  

Il va en résulter une consommation pour le moins élevée : Jamais moins de 12 litres aux 100.

 

La vitesse maximale est donnée pour 100 km/h mais il est pratiquement impossible de l'accrocher sur route.  

 

La boite de vitesse est désagréable à manier avec un "flou artistique" entre chaque rapport, mais c'est toujours mieux que la direction qui est tellement lourde qu'il est presque impossible pour les plus fluets de faire tourner le volant à l'arrêt.

 

L'instrumentation est réduite à sa plus simple expression, quand au chauffage il est aux abonnés absents !  

 

Plus spartiate c'est compliqué !   

 

 

Et "cerise sur le gâteau" l'auto, quelque soit le modèle, est proposée à un prix pour le moins élevé (rançon de la sous-traitance et des parcours supplémentaires à effectuer entre les divers lieux de production).

 

Une Prairie au milieu de son élément en zone rurale. On a juste oublié chez Renault que, pour un agriculteur, "un sou c'est un sou"...   

 

 

Pour un commerçant aussi remarquez !  

 

 

Mais le pire est à venir…  

 

Comptant sur le vaste marché colonial demandeur d'un véhicule de ce type afin de remplacer les engins des surplus US qui commençaient à vieillir les commerciaux vont se prendre une véritable gifle ! 

 

La raison ?  

 

Elle est toute simple : Les colons dorment souvent à l'extérieur et préfèrent installer leur fameux "Lit Picot" dans le véhicule pour y passer la nuit (il y a des fauves en Afrique…  ) or, pour quelques centimètres, l'opération est impossible à réaliser dans la Savane !   

 

La fameux lit de camp pliable "Picot", accessoire indispensable à tout colon qui se respecte.

A la Régie on a juste oublié d'en prendre les mesures.  

 

 

Bref, même avec l'apparition d'une transmission 4x4 réalisée par le spécialiste Herwaythorn en octobre 1951 l'auto se dirige vers un échec commercial phénoménal. 

 

Herwaythorn réalisera à la demande de Renault une déclinaison 4x4 de la Colorale disponible dans toutes les versions (sauf le Taxi).

Avec sa boite de transfert l'engin était capable de grimper des pentes de 55% avec 500 kilos de charge utile et même de tracter une remorque d'une tonne (le constructeur ne précise ni à quelle vitesse ni avec quelle consommation…)  

 

 

Mêmes les taxis, pourtant séduits par le côté "Londonien" de l'auto ne s'engageront pas, la faute à une direction beaucoup trop dure et à une consommation rédhibitoire en ville.

Il est d'ailleurs à noter que cette version parviendra tout de même à se vendre mais à l'étranger : Athènes, Madrid et Lisbonne en accueilleront plusieurs dizaines d'exemplaires.

 

Ici un Taxi Portugais.

  

 

 

Afin de relancer des ventes pour le moins en berne de nombreux Raids seront réalisés, on peut parler ici du plus connu réalisé entre novembre 1951 et juin 1952 : L'expédition Marquette.

 

Il s'agissait de relier la Terre de feu (à la pointe Sud de l'Argentine) à l'Alaska ! 

 

 

 

 

Six scouts Français d'une vingtaine d'années vont s'élancer dans cette aventure de 42 000 kilomètres avec deux Colorale (une Savane et un Pick-Up deux roues motrices) et parviendront à leurs fins en passant près du lac Titicaca à 4 800 mètres d'altitude et en devenant les premières automobiles à franchir la frontière entre le Nicaragua et le Costa-Rica. 

 

Dès octobre 1952 la version Taxi n'est plus disponible que sur commande spéciale, mais le plus important concerne le changement du moteur au profit du groupe de la berline Frégate, toujours en quatre cylindres mais cette fois-ci de 1 997 cm3 culbuté pour 58 ch à 4 000 tours.

 

Cela n'en fera pas un foudre de guerre pour autant (le couple est inférieur) mais on dira que l'auto est déjà "moins placide" avec ses 110 km/h en pointe et surtout elle est un peu plus sobre à toutes les allures.

 

Pourtant l'échec commercial est déjà acté et la régie souhaiterait même en cesser la production dès 1953, mais l'accord signé avec Chausson prévoyait un nombre minimal d'autos à produire et la série Colorale restera donc au catalogue sans se vendre…   

 

Plusieurs carrossiers, dont Guilloré, tenteront d'améliorer le concept avec l'ajout d'une malle à l'arrière par exemple, mais ce sera peine perdue. 

 

 

 

 

La Police et l'Armée paieront même de leurs personnes en se fournissant auprès de la Régie afin de faire baisser des stocks considérables. 

 

 

 

En 1954 seulement 2 467 exemplaires sortiront de l'usine (dont 289 4x4).

 

La Savane est supprimée dans l'indifférence générale (à commencer par celle de ceux à qui elle était destinée !) en 1955 et la fabrication cesse "enfin" en février 1956, année où la production mensuelle était tombé à 25 exemplaires toutes versions confondues, ce qui en dit long sur le "succès" de la gamme…  

 

Il faudra presque deux ans aux concessionnaires pour déstocker leurs invendus !  

 

Production totale : 38 150 exemplaires dont 750 4x4. 

 

 

 

 

Mécaniquement incassable la série des Colorale sera ensuite récupérée par des garagistes (qui ne savaient d'ailleurs plus comment s'en débarrasser) pour les transformer en dépanneuses, on en voyait encore en service au milieu des années 80.  

 

C'était en fin de compte la seule chose d'intéressant à en faire !  

 

 

Même de nos jours et malgré sa rareté l'auto est peu prisée des collectionneurs et sa cote s'en ressent : 4 000€ pour une Prairie, 6 000€ une Savane et guère plus de 9 500€ pour une rare 4x4…  

 

 

 

 

Alors, en conclusion ?  

 

Bide technique ? Erreur marketing ?  

 

On dira que le concept était en avance sur son temps mais qu'il était "mal branlé", une motorisation plus puissante et un prix plus contenu étaient indispensables pour faire de cette auto une sorte de "couteau Suisse" pour une clientèle rurale dont les besoins pour un tel équipage étaient bel et bien réels à cette époque.

 

Pour cela une étude un peu moins "à l'économie" aurait été souhaitable, mais n'oublions pas que nous étions dans l'immédiat après-guerre et que les finances du pays n'étaient guère reluisantes.

 

Elle ne risquait pas non plus de devenir populaire en faisant fonction de fourrière…   

 

 

C'est le plus gros flop commercial de Renault à ce jour.  

 

 

Présentation d'une Prairie de 1953 :

 

 

 

 

Deux 4x4 en action : 

 

 

 

 

Un tour à bord ?  

 

 

 

 

 

 

 

 

Jensen.

 

 

Modifié 7 février 2023 par jensen

[rapido38]

Le 27/06/2021 à 15:00, jensen a dit :

Nan la salle de bain à refaire de A à Z.  

 

Voila c'est terminé d'être fini depuis hier, sacrée galère… 

 

 

 

Prévu quand j'aurais fini le grenier et la terrasse. J'espère attaquer fin juillet-début août pour être tranquille à l'automne.

Modifié 29 juin 2021 par rapido38

[ATALANTE RACING]

Il y a 1 heure, jensen a dit :

 

 

 

 

Renault Colorale : Trop en avance pour son époque ?   

 

 

 

 

 

 

Place aujourd'hui à une automobile "bien oubliée" de nos jours.  

 

A la fin des années 40 la Régie ne fabrique que la 4cv pour la clientèle privée, le reste de sa production étant composé d'utilitaires dont la célèbre Juvaquatre fourgonnette que les dirigeants de la firme estiment alors incapable commercialement de passer le cap de 1950, de plus il y a un véritable "gouffre" dans la gamme des utilitaires entre cette dernière et la camionnette "1 000 kg".

 

Issu de la berline Juvaquatre d'avant-guerre son dérivé utilitaire continuera pourtant à séduire les professionnels puisque sa production, avec un moteur de 4cv dès 1952 et même de Dauphine en 1956, ne s'arrêtera qu'en 1960 !   

 

 

La camionnette "1 000 kg" dans sa configuration d'origine.

Présenté en 1946 cet engin ne finira sa carrière qu'en 1965 ! 

Il aura connu de nombreux moteurs et un nombre considérable de patronymes suivant sa puissance ou la charge transportée :  "1 400 kg", "Galion", "Goélette" etc etc... 

 

 

Dès 1946 une étude pour la mise au point d'un utilitaire de 800 kilos de charge utile commence donc sous l'égide de Pierre Lefaucheux, nommé Directeur des usines Renault après leur nationalisation survenue le 16 janvier 1945.

 

Pourtant dans l'entreprise tous ne sont pas d'accord sur la pertinence de ce projet alors que la petite 4cv monopolise toutes les attentions et va s'avérer être un gigantesque succès commercial, on craint surtout à cette époque ne pas pouvoir en produire assez et de contraindre malgré tout cette dernière à partager les chaînes de montage avec la future nouveauté, d'où le risque d'un allongement considérable des délais de livraison.  

 

Pour régler ce problème Pierre Lefaucheux a une idée : Signer un contrat de sous-traitance pour la construction des caisses du futur utilitaire.  

 

Un accord est signé avec les établissements Chausson de Gennevilliers, ces derniers auront à leur charge l'emboutissage mais aussi une partie de l'assemblage du véhicule, seul le montage final ayant lieu chez Renault dans l'usine de Billancourt.

 

La mise au point de cette auto sera rondement menée avec des prototypes qui circulent dès 1947. 

 

Globalement c'est un véhicule "multi-tâches" qui va voir le jour, en effet le Directoire de la Régie souhaite ratisser large et songe non seulement aux artisans, mais aussi aux familles nombreuses, aux agriculteurs, aux Taxis et également aux habitants de ce que l'on nommait encore les Colonies d'outre-mer.

 

Nous aurons donc affaire à un véhicule pour le moins besogneux où toute idée de luxe et de raffinement mécanique n'aura pas sa place !  

 

La caisse sera "tout acier", cela vaudra mieux pour les véhicules expédiés en Afrique car le bois s'y dégrade vite…  

 

La mécanique ? 

 

On va reprendre le quatre cylindres en ligne dit "85" (son alésage) à arbre à cames latéral de 2 383 cm3 non chemisé dont la présentation remonte aux gammes Vivaquatre et Primaquatre de l'automne 1935 !  

 

 

N'y cherchez pas de turbo, ni de culasse multisoupapes !

 

 

Pour être tout à fait honnête ses origines remontent même à 1919 avec une cylindrée de 2,1 litres…  

 

Ce vénérable tournebroche qui, sur le futur utilitaire, va développer la puissance de 48 ch à 2 800 tours a déjà été monté en de multiples versions sur des automobiles, des camionnettes, des tracteurs agricoles, des engins de manutention et a servi comme groupe électrogène et même comme motopompe !  

 

La suspension sera on ne peut plus conservatrice : Deux essieux rigides et quatre ressorts à lames !  

 

Cela en fera un tapecul de première catégorie mais au moins on ne craindra ni la surcharge ni la circulation sur de mauvaises pistes !  

 

La direction sera à vis et galet, la boite de vitesses mécanique à quatre rapports (avec première non synchronisée) et, afin de satisfaire tous les besoins, le véhicule disposera d'un châssis de "1 000 kg" raccourci.

 

Les freins sont hydrauliques à quatre tambours, bien entendu non assistés.

 

Bref du basique mais de l'éprouvé et, compte-tenu du champ d'utilisation dédié, c'est ce qu'il faut (du moins c'est ce que l'on pense à la Régie à l'époque).

 

La présentation officielle de la gamme COLORALE intervient lors du Salon de Paris d'octobre 1950. 

 

 

 

 

Mais Doukivien ce nom Tonton ?  

 

En fait il s'agit de la contraction de "Coloniale" et "Rurale" d'où "Colorale".  

 

Et c'est toute une gamme qui est alors présentée : 

 

-Prairie : Break quatre portes, double hayon arrière, six glaces pour une capacité de six personnes.

 

On notera l'ouverture antagoniste des portières. 

 

 

-Fourgonnette : Même carrosserie que la précédente mais uniquement avec deux portes et flancs tôlés.

 

 

 

 

-Pick-Up : Surtout destiné aux Colonies il est doté d'une suspension arrière à flexibilité variable due à l'ingénieur Grégoire.

 

 

 

 

-Taxi : Renault s'inspire clairement des véhicules en circulation à Londres avec cet exemplaire doté d'un toit ouvrant à l'arrière et de sept places assises grâce à trois strapontins escamotables.

 

Sur le papier il n'a que des atouts, mais sur le papier seulement…  

 

 

-Châssis-Cabine : Destiné à tous ceux qui souhaitent une exécution spécifique sur leur véhicule (caisse isotherme, bâchée, ridelles etc etc...) 

 

Châssis-cabine transformé en "Pick-Up de brousse".

 

 

-Savane : Uniquement destinée à l'outre-mer il s'agit d'une déclinaison à deux portes avec pare-brise ouvrable, toit peint en blanc, fenêtres arrière supprimées au profit de solides rideaux en toile, suspension renforcée avec flexibilité variable.

 

 

 

 

La longueur de la Colorale est de 4,38 m et sa largeur est identique à la hauteur : 1,82 m. 

 

Bien que la gamme soit complète, dès sa présentation l'accueil est pour le moins mitigé…  

 

Déjà toute notion de "performances" est à oublier définitivement !  

 

Le moteur est clairement sous-dimensionné (le Prairie pèse près de 1,7 tonne à vide !), de plus il est apathique et les clients s'aperçoivent vite que sa plage d'utilisation est tellement limitée qu'il tourne à régime constant quelque soit le rapport engagé.  

Il va en résulter une consommation pour le moins élevée : Jamais moins de 12 litres aux 100.

 

La vitesse maximale est donnée pour 100 km/h mais il est pratiquement impossible de l'accrocher sur route.  

 

La boite de vitesse est désagréable à manier avec un "flou artistique" entre chaque rapport, mais c'est toujours mieux que la direction qui est tellement lourde qu'il est presque impossible pour les plus fluets de faire tourner le volant à l'arrêt.

 

L'instrumentation est réduite à sa plus simple expression, quand au chauffage il est aux abonnés absents !  

 

Plus spartiate c'est compliqué !   

 

 

Et "cerise sur le gâteau" l'auto, quelque soit le modèle, est proposée à un prix pour le moins élevé (rançon de la sous-traitance et des parcours supplémentaires à effectuer entre les divers lieux de production).

 

Une Prairie au milieu de son élément en zone rurale, on a juste oublié chez Renault que pour un agriculteur "un sou c'est un sou"...   

 

 

Pour un commerçant aussi remarquez !  

 

 

Mais le pire est à venir…  

 

Comptant sur le vaste marché colonial demandeur d'un véhicule de ce type afin de remplacer les engins des surplus US qui commençaient à vieillir les commerciaux vont se prendre une véritable gifle ! 

 

La raison ?  

 

Elle est toute simple : Les colons dorment souvent à l'extérieur et préfèrent installer leur fameux "Lit Picot" dans le véhicule pour y passer la nuit (il y a des fauves en Afrique…  ) or, pour quelques centimètres, l'opération est impossible à réaliser dans la Savane !   

 

La fameux lit de camp pliable "Picot", accessoire indispensable à tout colon qui se respecte.

A la Régie on a juste oublié d'en prendre les mesures.  

 

 

Bref, même avec l'apparition d'une transmission 4x4 réalisée par le spécialiste Herwaythorn en octobre 1951 l'auto se dirige vers un échec commercial phénoménal. 

 

Herwaythorn réalisera à la demande de Renault une déclinaison 4x4 de la Colorale disponible dans toutes les versions (sauf le Taxi).

Avec sa boite de transfert l'engin était capable de grimper des pentes de 55% avec 500 kilos de charge utile et même de tracter une remorque d'une tonne (le constructeur ne précise ni à quelle vitesse ni avec quelle consommation…)  

 

 

Mêmes les taxis, pourtant séduits par le côté "Londonien" de l'auto ne s'engageront pas, la faute à une direction beaucoup trop dure et à une consommation rédhibitoire en ville.

Il est d'ailleurs à noter que cette version parviendra tout de même à se vendre mais à l'étranger : Athènes, Madrid et Lisbonne en accueilleront plusieurs dizaines d'exemplaires.

 

Ici un Taxi Portugais.

  

 

Afin de relancer des ventes pour le moins en berne de nombreux Raids seront réalisés, on peut parler ici du plus connu réalisé entre novembre 1951 et juin 1952 : L'expédition Marquette.

 

Il s'agissait de relier la Terre de feu (à la pointe Sud de l'Argentine) à l'Alaska ! 

 

 

 

 

Six scouts Français d'une vingtaine d'années vont s'élancer dans cette aventure de 42 000 kilomètres avec deux Colorale (une Savane et un Pick-Up deux roues motrices) et parviendront à leurs fins en passant près du lac Titicaca à 4 800 mètres d'altitude et en devenant les premières automobiles à franchir la frontière entre le Nicaragua et le Costa-Rica. 

 

Dès octobre 1952 la version Taxi n'est plus disponible que sur commande spéciale, mais le plus important concerne le changement du moteur au profit du groupe de la berline Frégate, toujours en quatre cylindres mais cette fois-ci de 1 997 cm3 culbuté pour 58 ch à 4 000 tours.

 

Cela n'en fera pas un foudre de guerre pour autant (le couple est inférieur) mais on dira que l'auto est déjà "moins placide" avec ses 110 km/h en pointe et surtout elle est un peu plus sobre à toutes les allures.

 

Pourtant l'échec commercial est déjà acté et la régie souhaiterait même en cesser la production dès 1953, mais l'accord signé avec Chausson prévoyait un nombre minimal d'autos à produire et la série Colorale restera donc au catalogue sans se vendre…   

 

Plusieurs carrossiers, dont Guilloré, tenteront d'améliorer le concept avec l'ajout d'une malle à l'arrière par exemple, mais ce sera peine perdue. 

 

 

 

 

La Police et l'Armée paieront même de leurs personnes en se fournissant auprès de la Régie afin de faire baisser des stocks considérables. 

 

 

 

En 1954 seulement 2 467 exemplaires sortiront de l'usine (dont 289 4x4).

 

La Savane est supprimée dans l'indifférence générale (à commencer par celle de ceux à qui elle était destinée !) en 1955 et la production cesse "enfin" en février 1956, année où la production mensuelle était tombé à 25 exemplaires toutes versions confondues, ce qui en dit long sur le "succès" de la gamme…  

 

Il faudra presque deux ans aux concessionnaires pour déstocker leurs invendus !  

 

Production totale : 38 150 exemplaires dont 750 4x4. 

 

 

 

 

Mécaniquement incassable la série des Colorale sera ensuite récupérée par des garagistes (qui ne savaient d'ailleurs plus comment s'en débarrasser) pour les transformer en dépanneuses, on en voyait encore en service au milieu des années 80.  

 

C'était en fin de compte la seule chose d'intéressant à en faire !  

 

 

Même de nos jours et malgré sa rareté l'auto est peu prisée des collectionneurs et sa cote s'en ressent : 4 000€ pour une Prairie, 6 000€ une Savane et guère plus de 9 500€ pour une rare 4x4…  

 

 

 

 

Alors, en conclusion ?  

 

Bide technique ? Erreur marketing ?  

 

On dira que le concept était en avance sur son temps mais qu'il était "mal branlé", une motorisation plus puissante et un prix plus contenu étaient indispensables pour faire de cette auto une sorte de "couteau Suisse" pour la clientèle rurale dont les besoins d'un tel équipage étaient bel et bien réels à cette époque.

 

Pour cela une étude un peu moins "à l'économie" aurait été souhaitable, mais n'oublions pas que nous étions dans l'immédiat après-guerre et que les finances du pays n'étaient guère reluisantes.

 

Elle ne risquait pas non plus de devenir populaire en faisant fonction de fourrière…   

 

 

C'est le plus gros flop commercial de Renault à ce jour.  

 

 

Présentation d'une Prairie de 1953 :

 

 

 

 

Deux 4x4 en action : 

 

 

 

 

Un tour à bord ?  

 

 

 

 

 

 

 

 

Jensen.

 

 

[ATALANTE RACING]

il y a une heure, rapido38 a dit :

J'espère attaquer fin août-début juillet pour être tranquille à l'automne.

[biker521]

il y a 23 minutes, ATALANTE RACING a dit :

 

c'est dans une chanson de Jauhny  

[rapido38]

il y a 36 minutes, ATALANTE RACING a dit :

Pétard, j'ai édité..!

[ATALANTE RACING]

il y a 12 minutes, rapido38 a dit :

Pétard, j'ai édité..!

[ATALANTE RACING]

il y a 25 minutes, biker521 a dit :

une chanson de Jauhny

A l'idée ?

[biker521]

il y a 9 minutes, ATALANTE RACING a dit :

A l'idée ?

 

six fêtes !  

[ze_cat]

voiture totalement inconnue pour ma part.....  🤣

 

pourtant, je suis un Fan de la marque au losange 

[volvo f 88]

merci , bien comme d'ab 👍👍👍

[daniel762]

Comme d'habitude, un excellent article !!!

 

Il faut dire qu'à cette époque, entre la Colorale et la Frégate, Renault avait du mal à proposer des produits aboutis...

[Le Cheetah]

Il y a 17 heures, jensen a dit :

Production totale : 38 150 exemplaires dont 750 4x4.

C'est le plus gros flop commercial de Renault à ce jour.

 

Moi je crois plutôt que le plus gros flop commercial de Renault à ce jour est l'Avantime avec, selon les chiffres officiels, seulement 8 512 exemplaires (mais très prisée des collectionneurs aujourd'hui).

(Talonnée par la Wind avec seulement 12 822 exemplaires).

 

[Terisonen]

Super intéressant, je ne connaissais pas ce véhicule. Un concept de ce genre peu être un succès, comme la Simca Rancho...

[Terisonen]

Super intéressant, je ne connaissais pas ce véhicule. Un concept de ce genre peu être un succès, comme la Simca Rancho...

[jensen]

Il y a 2 heures, Le Cheetah a dit :

Moi je crois plutôt que le plus gros flop commercial de Renault à ce jour est l'Avantime avec, selon les chiffres officiels, seulement 8 512 exemplaires (mais très prisée des collectionneurs aujourd'hui).

(Talonnée par la Wind avec seulement 12 822 exemplaires).

 

 

M'oui et non…  

 

L'Avantime et la Wind étaient des véhicules de niche basés sur des plateformes déjà existantes (Espace 3 et Twingo 2), ils furent certes des échecs commerciaux mais sur une estimation de production sans aucune commune mesure avec la Colorale qui aurait du être vendue à des centaines de milliers d'exemplaires en motorisant une zone rurale alors encore très hippomobile et nos dépendances d'outre-mer qui avaient effectivement bien besoin d'un tel véhicule, à la seule condition d'être adapté à l'usage en question bien entendu…  

 

Mais Renault a aussi connu l'échec avec la Frégate, les 20/30 et la Vel-Satis.  

 

Je n'y inclus pas la R14 qui fut vendue à 999 900 exemplaires je crois me souvenir, ce fut une "déception commerciale" mais pas un échec.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[jensen]

Il y a 1 heure, Terisonen a dit :

Super intéressant, je ne connaissais pas ce véhicule. Un concept de ce genre peu être un succès, comme la Simca Rancho...

 

La Colorale n'était pas un véhicule de loisir mais un engin de labeur, parfois ça tombe à plat parfois c'est le jackpot (voir le C15).  

 

 

[jensen]

Il y a 18 heures, biker521 a dit :

 

c'est dans une chanson de Jauhny  

 

Les Chiens de paille non ?  

 

 

[biker521]

il y a 23 minutes, jensen a dit :

 

Les Chiens de paille non ?  

 

 

 

à peu près ...  

 

(je m'en souviens pas, en fait  )

[jensen]

 

Alzheimer sors de ce corps !  

 

Je confirme, c'est bien Les chiens de paille   

 

 

[ze_cat]

la renault 20 un echec ??? 

 

la R30 oui, la r20  je pense pas 

[marzal]

Le 29/06/2021 à 23:06, ze_cat a dit :

voiture totalement inconnue pour ma part.....  🤣

 

pourtant, je suis un Fan de la marque au losange 

Tout l'inverse pour moi, et je ne connaissais pas non plus, merci Jensen  

[Invité §oul767Da]

Le 18/06/2021 à 12:23, daniel762 a dit :

 

A voir aussi, la version brésilienne dont le moteur sortait jusqu'à 150 ch et qui avait des performances étonnantes.

+1. Et avec un overdrive ce qui lui faisait 6 vitesses.

[Gilles B.]

Il y a 12 heures, ze_cat a dit :

la renault 20 un echec ??? 

 

la R30 oui, la r20  je pense pas 

Oui, je suis assez d'accord, à deux, R20/R30 ont été produites dans les 740000 exemplaires.

La R25 dans les 780000. je ne pense pas que ce soit un échec...  

[jensen]

Il y a 16 heures, ze_cat a dit :

la renault 20 un echec ??? 

 

la R30 oui, la r20  je pense pas 

 

Ben oui !

 

Elle s'est tellement bien vendue que la Régie a décidé autoritairement l'arrêt de fabrication de la R16 le 21 décembre 1979 : Cette dernière trouvait encore des clients qui ne voulaient pas de la 20...  

 

Ne jamais se baser sur le nombre d'autos que l'on voit dans les rues, mais sur les objectifs de ventes initiaux et SURTOUT les résultats à l'export.  

 

Et dans ce cas ils étaient loin d'être reluisants…  

 

 

 

[Roger]

il y a 46 minutes, jensen a dit :

 

Ben oui !

 

Elle s'est tellement bien vendue que la Régie a décidé autoritairement l'arrêt de fabrication de la R16 le 21 décembre 1979 : Cette dernière trouvait encore des clients qui ne voulaient pas de la 20...  

 

Ne jamais se baser sur le nombre d'autos que l'on voit dans les rues, mais sur les objectifs de ventes initiaux et SURTOUT les résultats à l'export.  

 

Et dans ce cas ils étaient loin d'être reluisants…  

 

 

 

 

La R16 répondait plus au besoin de hayon que la R12 (puis R18) ne proposait qu'en break

 

La R20 se situait + haut en gamme avec ses 2L et 2L2

 

Mais effectivement les R20/R30 puis R25 se sont quasi exclusivement vendues en France  

[daniel762]

Il y a 20 heures, Roger a dit :

 

La R16 répondait plus au besoin de hayon que la R12 (puis R18) ne proposait qu'en break

 

La R20 se situait + haut en gamme avec ses 2L et 2L2

 

Mais effectivement les R20/R30 puis R25 se sont quasi exclusivement vendues en France  

 

La première R20 avait le 1 647 cc de la R16 TX, qui était un peu à la peine dans une voiture sensiblement plus lourde. D'où une comparaison peu flatteuse entre l'ancienne et la nouvelle qui n'a pas aidé au décollage des ventes.

[jensen]

Toutafé !  

 

 

[Phil defer]

Beau reportage sur la Prairie, la seule que j'ai connu était comme beaucoup, transformée en dépanneuse, endormie depuis 10 ans, nous l'avions "décollée" avec mon patron agent Citroën aidé par la CX GTI qu'il avait en 1984, elle avait rejoint l'atelier pour une restauration, qui n'aura pas dépassé la remise en route du moteur (après déculassage) et la peinture intégrale, du capot... pour au final rejoindre (par ses propres moyens avec les plaques WW) le casseur local...